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sâmbătă, 4 octombrie 2014

Chrétiens en pays musulman au jour de l’Aïd el-Kébir. Comment les chrétiens peuvent-ils s’associer à cette fête ? Eglise Catholique Algérie

Chrétiens en pays musulman au jour de l’Aïd el-Kébir                
Comment les chrétiens peuvent-ils s’associer à cette fête ?


La plus grande des fêtes musulmanes
Le 10ème du 12ème mois du calendrier musulman, le mois de Dhou l-Hijja, le mois du Pèlerinage à La Mecque, les pèlerins sacrifient un mouton, en mémoire du geste d’Abraham[1] (Coran 37,101-106). Beau geste disant la volonté de préférer Dieu à tout attachement terrestre, y compris les liens du sang. En communion avec les pèlerins, il est traditionnel dans beaucoup de pays musulmans de sacrifier le même jour un animal. C’est la Grande Fête musulmane (El-Aïd el-Kébir), la Fête du Sacrifice (Aïd el-Adha). Il y a grande prière et sermon le matin à la mosquée, comme lors de l’autre Fête, la Petite Fête (El-Aïd el-seghir), Fête de la rupture du Jeûne (Aïd el-Fitr) qui clôt le mois de Ramadan.

Comment les chrétiens vivant dans un environnement musulman peuvent-ils partager ce moment de fête avec leurs amis musulmans ?

Par l’amitié

De même que beaucoup de musulmans nous témoignent leur amitié en  offrant une part de la viande du mouton de l’Aïd (et parfois en offrant quelque chose à l’occasion de la fête chrétienne de Noël), il est bon que nous nous manifestions à l’occasion de cette fête par un « Bonne Fête ! », une brève visite, un coup de fil, un SMS, un petit cadeau aux enfants, voire en participant à l’achat du mouton comme le font certains chrétiens membres d’une famille musulmane.
                                                                                                                                  
Nous aussi sommes sensibles au geste et à la foi d’Abraham

Le lectionnaire pour la célébration des saints du calendrier liturgique d’Afrique du Nord propose une messe votive de saint Abraham que beaucoup de communautés ont l’habitude de célébrer le Jour de l’Aïd el-Kébir. On y trouve les lectures suivantes : Genèse 22 (la ligature d’Isaac), Galates 3 (Abraham père des croyants), le Psaume 24 ou le Psaume 104,1-9 et Jean 8,51-58 (l’espérance d’Abraham se réalise en Jésus).
Le texte de Gn 22 est lu également dans la liturgie lors de la veillée pascale, mais aussi le 2ème dimanche de Carême de l’année B et le jeudi de la 13ème semaine du temps ordinaire des années impaires. On pourra se reporter aux introductions ou aux commentaires de ce texte rédigés pour ces jours-là dans les missels.

La riche symbolique du bélier ou du bouc, du mouton et de l’agneau nous marque aussi profondément[2] :

Agneau de la libération : Chaque année pour la Pâque juive, Pessah, se souvenant comment Dieu avait libéré son peuple opprimé en Egypte, chaque famille égorgeait un agneau mangé selon des rites précis. C’est le texte d’Exode 12,3-12.
[ [1] A noter que le Coran ne fait jamais mention d’un mouton.
2 Nous développons ici la question du point de vue biblique, mais on pourrait en trouver de multiples illustrations dans la littérature contemporaine, par exemple chez ces merveilleux auteurs d’Afrique du nord que sont le Libyen Ibrahim el-Kouni ou l’Algérien Yasmina Khadra (Les Agneaux du Seigneur, 1988), comme dans des œuvres plus lointaines, la fable d’Esope reprise par La Fontaine (Le loup et l’agneau), etc. ]

Nous pouvons prier Dieu de libérer ceux qui nous entourent et nous-mêmes de ce qui nous opprime, prier pour ceux qui souffrent de toutes formes d’oppression autour de nous.

Bouc émissaire : La Bible fait mention d’un rite effectué le jour du Grand Pardon, visant à opérer un transfert rituel du péché du peuple sur un bouc qui sera ensuite chassé au désert, déplaçant ainsi la violence interne d’une société à l’extérieur d’elle-même pour ramener la paix. C’est le texte de Lévitique 16,21-22. René Girard a bien montré comment ce rite entendait répondre à un fonctionnement inscrit de manière archaïque dans nombre de groupes ou de sociétés, qui choisissent plus ou moins consciemment une personne ou un groupe minoritaire qui est accusé des malheurs ou des fautes de tous.

Nous pouvons en ce jour prier pour tous ceux qui servent de « bouc émissaire », dans nos propres autojustifications comme dans notre société.
                                                                                                                                     
Serviteur souffrant : L’agneau figure aussi le Serviteur maltraité. Le texte d’Isaïe 53 parle de cet homme humilié, méprisé, qui en fait portait nos souffrances, était broyé à cause de nos propres perversités, mais n’ouvrait pas la bouche, comme un agneau qu’on mène à l’abattoir.

Nous pouvons prier pour tous ceux qui offrent leur vie en sacrifice par leur droiture professionnelle ou politique, par leur lutte pour la justice, par le don d’eux-mêmes à leur famille, au soin d’ascendants âgés ou de malades, ou de tout autre manière.

Agneau de Dieu (en latin Agnus Dei) : Dans l’évangile de Jean, le Baptiste désigne ainsi Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,19). Le même Jean reprendra cette figure de l’Agneau tout au long du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Certes, l’Agneau n’est pas ici victime passive et contrainte (« Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » Cantique C3 Dorlay), mais envoyé par le Père ; il s’offre, prend sur lui le péché du monde, et le sauve.

« Agneau de l’Alliance fidèle, Agneau de Dieu victorieux du péché, prend ce monde en pitié et donne-lui la paix ! » (Cantique Rimaud-Berthier A 240-1). « Agneau glorieux, Agneau que nous avions immolé, Agneau devenu notre berger, prends pitié de nous, conduis-nous vers le Père ; prends pitié de nous, guide-nous dans la paix ! » (Cantique Rimaud-Berthier D 360-1).
Il arrive que la liturgie nous invite à prier explicitement pour les musulmans (par exemple lors des Vêpres du jeudi IV). N’hésitons pas à le faire aussi en ce jour d’Aïd !

            P. Michel Guillaud, Vicaire Général
Constantine (Algérie)
 

www.eglise-catholique-algerie.org
Actualité de l’Eglise d’Algérie : Vendredi, le 3 octobre 2014
Réflexion chrétienne autour de la fête du sacrifice ( aïd al-adha ) : par le P.Michel Guillaud ( vicaire général de Constantine ).






[1] A noter que le Coran ne fait jamais mention d’un mouton.
[2] Nous développons ici la question du point de vue biblique, mais on pourrait en trouver de multiples illustrations dans la littérature contemporaine, par exemple chez ces merveilleux auteurs d’Afrique du nord que sont le Libyen Ibrahim el-Kouni ou l’Algérien Yasmina Khadra (Les Agneaux du Seigneur, 1988), comme dans des œuvres plus lointaines, la fable d’Esope reprise par La Fontaine (Le loup et l’agneau), etc.

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