Ces
étudiants qui font leur cursus de médecine à l’étranger, la_croix.com, le 4
août 2016
http://www.la-croix.com/Famille/Education/Ces-etudiants-qui-font-leur-cursus-de-medecine-a-l-etranger-2016-08-04-1200780051?...
Quentin
Fruchard, le 04/08/2016 à 8h28
L’expatriation des étudiants en médecine croît
d’année en année. Une façon de contourner le numerus clausus des cursus
médicaux qui inquiète les professionnels de santé.
(photo)
Plus d’un millier d’étudiants français ont suivi les
cours de l’université de médecine de Cluj-Napoca ,
en Roumanie. / Daniel Mihailescu/AFP
« Une
première en France
pour une médecine internationale » : la brochure de la prépa Moz annonçait la couleur. Moz,
pour « Médecine Orléans
Zagreb », devait permettre à 50 étudiants de suivre une
préparation à la première année de médecine pour un coût de 5 000 €.
Les quinze premiers pouvaient obtenir automatiquement une place à la faculté de
médecine de Zagreb ,
capitale de la Croatie, pour l’année 2017-2018. Faute de recevoir l’agrément du
rectorat, l’ouverture de la « prépa » a finalement été reportée à
l’année prochaine.
C’est
la première fois qu’une formation française invite directement des étudiants à
faire leur cursus de médecine à l’étranger. De quoi relancer le débat sur une
émigration qui croit d’année en année. Une façon, pour ceux qui aspirent à des
études de médecine, de contourner la sélection draconienne du système national.
En effet, à l’issue de leur première année,
les candidats français sont soumis à un concours qui ne peut être passé que
deux fois et n’admet que 10 % d’entre eux. Seuls ceux qui parviennent à
franchir ce cap fatidique pourront, cinq ans plus tard, présenter les épreuves
classantes nationales (ECN) qui leur permettront d’effectuer leur troisième cycle
d’études en internat.
Un contournement du numerus clausus
Certains étudiants choisissent donc
d’emprunter un chemin de traverse en optant pour une formation à l’étranger, le
plus souvent en Europe , en Roumanie, Croatie
ou encore Hongrie. Cette dernière n’a commencé que récemment à devenir une
possibilité pour les jeunes Français, après l’adhésion du pays à l’Union
européenne en 2013.
La
sélection s’y fait sur dossier et entretien de motivation, avec un niveau
correct d’anglais exigé. À l’issue des six ans de formation, les étudiants
peuvent revenir en France
pour passer les ECN et accéder au troisième cycle.
Il ne
s’agit pas d’un concours : comme leur nom le laisse deviner, les épreuves
classantes nationales consistent simplement à établir un classement de tous les
étudiants pour les répartir dans les différents établissements de santé
français, où ils effectueront leurs stages en internat. Il n’y a donc aucune
élimination : un
candidat qui se retrouve dernier du classement pourra tout de même obtenir une
place en internat, où il se formera à une spécialité.
Des internes formés à
l’étranger jugés « incompétents » en France
Ce
contournement du numerus clausus, qui aboutit à réadmettre des étudiants sans
contrôle de niveau, ne laisse pas d’inquiéter. D’autant qu’il ne cesse d’augmenter : selon le docteur Jean-Paul
Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français,
458 étudiants français sont revenus en France en 2016 pour leur troisième
cycle, alors qu’ils n’étaient que 178 il y a quatre ans. « On pourrait envisager d’établir un contrôle au
moment de la pré-rentrée dans le système français, suggère ce professionnel, ou
une note minimale de 10 aux ECN. »
De quoi éviter des problèmes ultérieurs : en 2014, huit internes en médecine générale formés à
l’étranger ont été exclus de leur service hospitalier d’Île-de-France pour
incompétence. Parmi eux, trois Roumains et
trois Français ayant fait leurs études en Roumanie. « Ils ont servi d’exemple. Par ailleurs, il y a eu
59 étudiants à qui on a refusé de valider leur semestre, précise le professeur
Philippe Jaury, coordinateur du diplôme d’études spécialisées de médecine
générale en Île-de-France. Ceux-là sont incapables d’être en autonomie et
mettent en danger la population française. »
Faut-il restreindre l’accès au troisième
cycle ?
En
2011, le ministère de la santé s’était emparé du problème et avait opté pour
une solution radicale : un décret stipulant que nul étudiant n’est autorisé
à « se présenter aux épreuves
donnant accès au troisième cycle des études médicales s’il a épuisé les
possibilités d’être admis à suivre des études médicales en France ».
Mais cette interdiction a été levée au bout de
deux ans, après un recours déposé devant le Conseil d’État par l’association
des étudiants francophones de l’université de médecine de
Cluj – Napoca, en Roumanie. Le problème
reste donc, pour l’heure, entier. « Restreindre à nouveau l’accès au
troisième cycle est toujours en projet, mais cela reste compliqué »,
déplore le professeur Jaury. Un vrai paradoxe,
alors qu’en Roumanie l’accès à l’internat est lui aussi soumis à un concours
difficile.
Quentin Fruchard »
Source :
http://www.la-croix.com/Famille/Education/Ces-etudiants-qui-font-leur-cursus-de-medecine-a-l-etranger-2016-08-04-1200780051?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20160810&utm_campaign=newsletter__crx_parents&utm_term=281144&PMID=4bede775d5652d1ad02c3439b8b3b995
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