La Vie et l’œuvre
de sainte Élisabeth de Russie, par Anne Khoudokormoff-Kotschoubey
http://www.pagesorthodoxes.net/saints/elisabeth-de-russie/elisabeth-de-russie-vie-et-oeuvre.htm
Née le 1er novembre 1864, Élisabeth est la fille du
grand-duc Louis IV de Hesse-Darmstadt et de la princesse Alice, une des filles
de la reine Victoria d’Angleterre. Elle
reçoit ce prénom en souvenir de sainte Élisabeth de Thuringe et de Hongrie, une
ancętre de la famille, canonisée au XIIIe sičcle en raison de son
dévouement aux pauvres et aux nécessiteux. Surnommée Ella, elle est le deuxičme
enfant d’une famille qui en comptera sept. Elle grandit dans un environnement
oů domine l’attention aux autres. En 1869, sa mčre crée une association de
femmes pour former des infirmičres. Ensuite, avec une partie de son héritage,
elle fait construire un hôpital qu’elle visite volontiers en compagnie de ses
enfants.
|
La jeune Élisabeth reçoit une éducation qui sied ŕ une
princesse. Elle est instruite par des
précepteurs dans des domaines variés, y compris artistiques. Elle apprend le
français et l’anglais. Elle fait des voyages ŕ l’étranger. Par ses séjours
prolongés et fréquents ŕ la cour d’Angleterre oů elle retrouve sa grand-mčre,
la reine Victoria ,
elle est initiée aux us et coutumes de la cour.
Ŕ
l’occasion d’une réunion familiale ŕ Darmstadt ,
Élisabeth rencontre son futur mari, le grand-duc Serge Alexandrovitch, fils
cadet du tsar Alexandre II, et frčre du futur Alexandre III. La mčre du
grand-duc Serge est également issue de la maison de Hesse. Le mariage a lieu en
1884. Élisabeth, qui a vingt ans, s’appelle désormais Élisabeth Feodorovna.
Lors de la cérémonie, sa sœur Alix, sa cadette de sept ans, fait la
connaissance du neveu de Serge, le tsarévitch Nicolas, et ils se marieront dix
ans plus tard. Alix deviendra tsarine sous le nom d’Alexandra en 1896 quand Nicolas II
sera couronné empereur.
Au début de leur mariage, Serge et Élisabeth résident au
palais de Peterhof, non loin de Saint-Pétersbourg, au bord du golfe de
Finlande. Serge comble sa femme de
cadeaux : Élisabeth ne compte plus les parures ni les bijoux. Le couple
n’aura pas d’enfants mais lorsque, en 1891, le frčre de Serge, le grand-duc
Paul, perd sa femme, Élisabeth et Serge deviennent les tuteurs de leurs
enfants, Marie et Dimitri.
En
1888, le tsar Alexandre III charge son frčre, le grand-duc Serge, de le
représenter ŕ Jérusalem, pour la consécration de l’église
Sainte-Marie-Madeleine, dédiée ŕ la mémoire de leur mčre, la tsarine Marie. La
grande-duchesse Élisabeth accompagne son époux. Cette visite la marque d’une maničre indélébile. Éblouie
par la splendeur de l’église construite sur la colline du mont des Oliviers, elle s’exclame :
Ť Comme j’aimerais ętre enterrée ici ! ť
En
avril 1891, lors de la vigile du dimanche des Rameaux, Élisabeth, restée
luthérienne jusque-lŕ, se convertit ŕ l’orthodoxie.
C’est le fruit de lectures de livres religieux, de conversations avec son mari
et surtout de pričres ferventes pendant les offices religieux oů elle
accompagne son époux. Lors de sa conversion – que son pčre désapprouve –, elle
reçoit le prénom d’Élisabeth, mais cette fois en l’honneur de la mčre de saint
Jean Baptiste. […]
|
La męme année, le grand-duc Serge est nommé gouverneur
général de Moscou. Le couple passe de
longues périodes ŕ Ilynskoďe, dans une propriété familiale, non loin de la
ville. La grande-duchesse déploie tous ses dons naturels d’attention et de générosité
pour les personnes qu’elle côtoie. Dans les obligations de la vie mondaine
comme dans les contacts personnels, elle se montre toujours attentive et
efficace lorsqu’il s’agit d’aider les autres. Elle s’efforce d’améliorer le
sort des habitants des campagnes, en organisant des écoles et des soins
gratuits, notamment durant la grande famine de 1891-1892. Ŕ Moscou, elle visite
réguličrement des hôpitaux, des orphelinats, distribue de la nourriture, des
vętements, de l’argent. En tout cela, elle suit l’exemple de sa mčre, la
princesse Alice .
[…]
Durant
cette période de bonheur tranquille, Élisabeth s’adonne ŕ l’étude de la langue
russe, s’imprčgne des traditions et de la culture de son pays d’adoption. Elle
devient plus russe que les Russes. Elle approfondit surtout sa foi, notamment
avec l’aide de l’archiprętre Jean, futur saint Jean de Cronstadt (1829-1908),
qu’elle rencontre souvent. Elle dira maintes fois plus tard que le pčre Jean
l’avait toujours mise en garde de ne pas tirer gloire des œuvres de bienfaisance
qu’elle accomplissait.
Cependant,
la société russe subit des transformations profondes. Les vingt derničres
années du XIXe sičcle voient l’industrialisation rapide du pays, avec son
cortčge de bouleversements sociaux et de tensions accumulées. Le développement
du capitalisme entraîne ŕ la fois celui de la bourgeoisie et du prolétariat. Le
début du XXe sičcle trouve la Russie en pleine ébullition, aussi bien
artistique et littéraire que politique. Des partis politiques présentent des
revendications, réclament une assemblée représentative et les libertés civiles
pour tous.
Fin
janvier 1904, éclate la guerre russo-japonaise. Aussitôt, Élisabeth fait preuve
de dons d’organisation et d’attention aux autres. Elle met en place des unités
de soins qui seront envoyées au front et des trains hôpitaux pour rapatrier les
malades et les blessés. Elle met sur pied des comités destinés ŕ aider les
veuves et les orphelins. Au Kremlin, elle établit, avec des femmes de la haute
société, un centre de distribution de médicaments et du matériel de soins.
C’est de lŕ que sont expédiés au front des colis contenant des vętements, des
vivres et des médicaments. La grande-duchesse ajoute évangiles, icônes et
livres de pričre. Son action la rend populaire. Cependant, son mari ŕ son poste
de gouverneur de Moscou doit faire preuve d’intransigeance, ce qui suscite
l’hostilité ŕ son égard de la part des milieux révolutionnaires.
La
guerre avec le Japon tourne ŕ la catastrophe pour l’armée et la flotte russes.
Ŕ l’intérieur du pays la situation se dégrade. Des grčves éclatent dans le pays
et des actions terroristes organisées surtout par le parti des socialistes
révolutionnaires se produisent un peu partout. De nombreuses personnalités
politiques sont assassinées. Pour des raisons de sécurité le grand-duc Serge et
Élisabeth s’installent dans un des palais du Kremlin de Moscou.
Le 22 janvier 1905 a reçu le nom, dans l’histoire russe,
de “dimanche rouge”. Ce jour-là, la police de Saint-Pétersbourg ouvre le feu
sur une manifestation ouvričre, menée par un prętre, Georges Lapone, qui se
dirige vers le Palais d’Hiver pour remettre une pétition au tsar, ignorant que
Nicolas II ne s’y trouvait pas. Il s’est
avéré par la suite que Georges Gapone était un agent provocateur, mais cet
épisode provoqua un sursaut d’indignation dans tout le pays et stimula encore
le mouvement révolutionnaire.
Un
mois plus tard, le 17 février, ŕ Moscou le grand-duc Serge est assassiné ŕ son
tour par l’explosion d’une bombe au moment oů sa voiture tirée par deux chevaux
quitte le Kremlin. De son palais, Élisabeth entend l’explosion. Elle se
précipite dehors et trouve le corps de son époux déchiqueté. Avec courage, elle
ramasse un ŕ un les restes de son mari disséminés sur le sol enneigé. Elle les
dépose sur une civičre, et les fait porter dans le monastčre du Miracle tout
proche. C’est lŕ que la premičre pannychide est célébrée. Élisabeth reste
agenouillée devant les restes de son mari pendant toute la durée du service.
Apprenant que le cocher du grand-duc Serge, gravement blessé par l’explosion,
vit encore, elle quitte un moment ses vętements de deuil et se rend ŕ son
chevet. Elle lui dit que c’est son époux qui l’a envoyée le voir, comme s’il
était encore vivant. Rassuré, le cocher s’endort et meurt paisiblement.
Trois
jours aprčs la tragédie, elle rend visite en prison – geste qui ne fut pas
compris par tous – ŕ l’auteur de l’attentat, Kaliaďev, un membre du parti
socialiste-révolutionnaire. La grande-duchesse lui demande :
Ť Pourquoi avez-vous fait cela ? ť Il répond que depuis quelque
temps déjŕ il voulait commettre cet attentat, mais que la présence de la
grande-duchesse aux côtés de son mari l’en avait empęché car il ne voulait pas
l’atteindre, sachant tout le bien qu’elle faisait autour d’elle. Ŕ quoi elle
dit encore : Ť N’avez-vous pas compris qu’en tuant mon mari, vous me
faisiez mourir aussi ? ť Elle tente alors d’obtenir son repentir mais
elle ne reçoit aucun écho. Au moment de quitter la cellule, elle lui laisse un
évangile, et une petite icône. Elle demande aussi au tsar la grâce pour le
détenu mais celle-ci lui sera refusée.
Sur
la croix, dessinée par le grand peintre Vasnetsov, érigée ŕ l’endroit de
l’attentat qui a coűté la vie au grand-duc Serge, Élisabeth fait inscrire la
phrase suivante : Ť Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils
font. ť Les quarante jours de deuil s’écoulent. Chaque jour, elle prie
longuement dans la crypte du monastčre du Miracle oů repose son mari ainsi que
les reliques de saint Alexis, métropolite de Moscou.
La
disparition de son époux marque un tournant décisif dans la vie de la
grande-duchesse. Le changement est radical : elle se retire du monde, se
débarrasse de tous ses effets personnels. De sa chambre au Kremlin, elle fait
une cellule monastique : icônes sur les murs, livres religieux sur les
étagčres. C’est alors qu’elle nourrit le projet de fonder une communauté
d’entraide d’une forme totalement inconnue en Russie ŕ cette époque. Elle ne
veut pas d’une simple association de bienfaisance. Elle ne veut pas non plus
d’un couvent de contemplatives comme il en existe beaucoup ŕ cette époque en
Russie. Elle souhaite une communauté de femmes unies par leur foi et la pričre
et qui se mettent au service des pauvres et des souffrants. Inspirée par le
passage de l’évangile qui retrace la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie
(Lc 10, 38-42), elle choisit le nom de sa future fondation : la Demeure de
miséricorde Marthe-et-Marie.
Élisabeth
mettra quatre ans pour réaliser son projet. Pour cela, elle étudie longuement
les rčgles des anciens monastčres russes. Elle s’entoure de l’avis de startsi
(les pčres spirituels). Avec une précision rare et une persévérance ŕ toute
épreuve, elle conçoit tous les détails de sa fondation qui feront l’objet d’un
examen minutieux du Saint-Synode de l’Église. Malgré tous les obstacles,
l’incompréhension qu’elle rencontre et les tentatives de dissuasion, elle
poursuit son idée. Elle vend tous ses biens et achčte une propriété comportant
plusieurs bâtiments pour y fonder sa Demeure.
Elle
y fait installer en premier lieu un réfectoire et une cuisine, un hôpital, une
pharmacie, une bibliothčque, et plus tard un orphelinat. Une petite église est
dédiée aux saintes femmes myrophores Marthe et Marie. Une autre, sera bientôt
édifiée en l’honneur de la Protection de la Mčre de Dieu. Pour bâtir et décorer
ce nouveau lieu de culte, Élisabeth entend réunir tout ce qu’il y a de plus
beau, pour la gloire de Dieu. Męlant le style médiéval de Pskov
et de Novgorod
avec celui de l’Art nouveau, le bâtiment est réalisé par les meilleurs artistes
du temps, qu’Élisabeth connaît personnellement. […]
En
1909, Élisabeth quitte définitivement le Kremlin et ses habits de deuil pour
s’installer avec quelques compagnes dans la Demeure de miséricorde
Marthe-et-Marie. Elle choisit de porter en semaine un habit et un voile gris
pâle, et une tenue blanche d’une trčs grande sobriété pour les jours de fęte.
Dans cette demeure elle ne se réserve que trois petites pičces : son
bureau, son salon pour recevoir les visiteurs, et sa chambre avec son coin de
pričre.
Elle
avait déjŕ consacré beaucoup de temps ŕ la recherche d’un modčle de communauté
qui correspondrait ŕ ce qu’elle voulait. En Russie quelques initiatives
existaient déjŕ, et męme au sein de la famille impériale. […] Toutefois, la
grande-duchesse Élisabeth demandait conseil auprčs de maîtres spirituels et
visitait des monastčres, non seulement en Russie, mais aussi en Occident, et
étudiait leurs rčgles. Elle avait accordé une attention particuličre ŕ deux
institutions créées par des pasteurs luthériens allemands. La premičre, fondée
en 1833, dont les membres s’appellent diacres, s’occupait de former des jeunes
travailleurs sociaux pour les quartiers pauvres. La seconde, née trois ans plus
tard, se nommait Ť les diaconesses de Kaiserwerth ť. Ces derničres
s’occupaient des problčmes de santé : formation d’infirmičres, cours de
soins pour jeunes comme pour vieux et pour infirmes.
Finalement,
elle décide de reprendre le modčle de la diaconie primitive qui coďncide avec
son désir de se consacrer au soin des malades et des pauvres. Malgré le plein
appui du métropolite Vladimir de Moscou et celui des évęques Triphon et
Anastase, Élisabeth doit soumettre par deux fois son projet au Saint-Synode, la
plus haute instance de l’Église orthodoxe, pour qu’il soit accepté. La décision
du Synode laissait ouverte la question de la reconnaissance du titre des
diaconesses. La Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie est formellement établie
par décret impérial en mars 1910.
Le 9
avril 1910, Élisabeth franchit un nouveau pas : elle prononce
solennellement ses vux avec les sœurs de la jeune communauté. Le lendemain
elle est ordonnée abbesse et s’appellera désormais mčre Élisabeth. Le jour oů
elle prononce ses vœux, elle dit ŕ ses sœurs : Ť Je laisse un monde
brillant oů j’avais une place brillante et avec vous toutes je monte dans un
monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. ť […]
Les
services de la communauté sont appréciés par la population. Les religieuses qui
reçoivent aussi une formation d’infirmičre vont dans les quartiers pauvres de
Moscou. L’hôpital offre des soins de qualité. Lorsque se déclenche la Premičre
Guerre mondiale, Élisabeth consacre tout son temps et toutes ses forces aux
soldats blessés. En plein conflit militaire éclate la révolution de février
1917. Le tsar est obligé d’abdiquer. Dčs les premiers jours de la révolution
des manifestants armés se présentent devant la Demeure et veulent arręter mčre
Élisabeth, en affirmant qu’elle est une espionne allemande et qu’elle cache des
armes. Élisabeth les laisse perquisitionner. Comme ils ne trouvent rien, ils
épargnent la Demeure. Des représentants du gouvernement provisoire présentent
leurs excuses ŕ l’abbesse et lui conseillent de retourner au Kremlin pour ętre
davantage en sécurité. Elle décide de rester avec ses sœurs. Dans le męme
temps, elle refuse les offres des émissaires de l’empereur d’Allemagne qui lui
proposent de la ramener dans son ancienne patrie. Elle entend lier son sort ŕ
celui de la Russie. En agissant de la sorte, elle sait qu’elle risque sa vie.
En
octobre 1917, débute la seconde vague révolutionnaire : les bolcheviks,
par un coup d’état, s’emparent du pouvoir. La guerre civile éclate avec toutes
ses atrocités. La communauté est inquiétée plusieurs fois. Finalement, en mai
1918, le troisičme jour de Pâques, on vient arręter mčre Élisabeth. Sommée de
quitter la Demeure dans la demi-heure, elle a juste le temps de réunir toutes
les sœurs, de les bénir, de les remercier pour leur fidélité et de les
embrasser.
C’est
le début d’un long calvaire. Deux sœurs l’accompagnent. Elles sont envoyées par
train en exil, ŕ Perm ,
dans l’Oural. Lŕ, une certaine liberté leur donne la possibilité d’assister aux
offices dans un couvent. Élisabeth a le temps d’écrire ŕ la communauté restée ŕ
Moscou une lettre, émaillée d’encouragements et de citations bibliques. Bientôt
Élisabeth est transférée encore plus loin dans l’Oural. Une seule sœur
désormais pourra la suivre, sœur Barbara. Elles sont amenées ŕ Alapaďevsk, une
bourgade des environs d’Iekaterinbourg, et emprisonnées dans une école
désaffectée oů Élisabeth retrouve six membres de la famille Romanov, arrętés
comme elle.
Ŕ
l’aube du 17 juillet 1918, Nicolas II et toute sa famille sont assassinés ŕ
Iekaterinbourg dans la cave de la maison oů ils étaient détenus. Le soir du
męme jour, Élisabeth et tous ceux qui se trouvent avec elle subissent le męme
sort. Aprčs avoir été amenés au bord d’un puits de mine de fer désaffecté, ils
y sont précipités vivants. Des pierres et des grenades sont ensuite jetées dans
le puits.
Quelques
temps plus tard, l’Armée blanche, ŕ la poursuite des rouges, arrive sur les
lieux de l’exécution. Ils découvrent les cadavres. Une enquęte approfondie est
réalisée sur les circonstances de leur assassinat. Élisabeth n’était pas tombée
tout au fond du puits mais sur une saillie de la paroi. Ŕ côté d’elle le jeune
grand-duc Jean avait la tęte bandée. C’est Élisabeth qui, dans sa bonté
coutumičre, aurait pansé sa plaie. Un paysan qui passait par lŕ peu aprčs
l’assassinat, témoigna avoir entendu chanter des hymnes venant du fond du
puits. Élisabeth est donc décédée de ses blessures aprčs une longue agonie le
18 juillet, fęte de saint Serge qui était le saint patron de son mari. C’est
pourquoi, selon le calendrier orthodoxe, c’est ce jour-lŕ que la sainte
nouvelle martyre Élisabeth Feodorovna est fętée. Les funérailles des victimes
sont célébrées dans la cathédrale d’Alapaďevsk en présence d’une foule
nombreuse. Aprčs la cérémonie, les huit cercueils sont déposés dans la crypte.
Cependant,
les blancs ne peuvent se maintenir dans cette région que jusqu’ŕ l’été suivant
(juillet 1919). Comme les gardes rouges approchent de nouveau, les cercueils
sont déplacés vers des lieux plus sűrs. Cachés dans des trains de marchandises,
les huit cercueils traversent la Sibérie, par étapes successives. C’est un
moine, l’higoumčne Séraphim, qui avait connu la grande-duchesse et lui avait
proposé, ŕ un moment donné, de se réfugier dans son monastčre, qui se charge de
ce transport. Jour et nuit, il veille sur les cercueils. Avant que la Sibérie
tout entičre ne tombe aux mains des rouges, les cercueils sont transférés en
Chine, et arrivent ŕ Pékin en avril 1920. Apprenant la mort de leur sœur et
l’endroit oů était sa dépouille, Victoria
et son frčre Ernst, font tout pour que son cercueil ainsi que celui de sœur
Barbara soient transportés ŕ leurs frais ŕ Jérusalem. En janvier 1921, ils sont
déposés dans la crypte de l’église Sainte-Marie-Madeleine ŕ la consécration de
laquelle Élisabeth, alors grande-duchesse, avait assisté, plus de trente ans
auparavant. […]
Durant
le régime communiste, la mémoire d’Élisabeth est tout ŕ fait occultée en
Russie. L’Église orthodoxe est contrôlée par l’État dont l’idéologie est athée.
Les chrétiens sont persécutés. Néanmoins, Élisabeth n’est pas complčtement
oubliée. En 1990, le systčme soviétique s’écroule. La Russie redevient russe.
C’est un réveil brusque. L’Église retrouve sa liberté. Les chrétiens peuvent
s’exprimer. En témoigne le spectaculaire développement de l’édition de livres ŕ
thčmes religieux. Notamment paraissent de nombreuses biographies des saints
Ť nouveaux martyrs ť. Elles font revivre des ętres exceptionnels qui
ont marqué de leurs sceaux le passé récent de la Russie. Mčre Élisabeth fait
partie de ces ętres-lŕ.
Sainte
Élisabeth nouvelle martyre est un exemple de vie de tous les jours. D’une part,
elle est restée digne devant toute forme de souffrance. Chez elle, aucune place
pour la révolte. Sans tręve, elle a cherché ŕ transformer toute laideur en
lumičre. Son but était la transfiguration de l’ętre humain. D’autre part, elle
s’est hissée au pardon total. Elle l’a prouvé de maničre éminente en accordant
le pardon ŕ l’assassin de son mari. […]
Dans l’Évangile, il est écrit : « Là où est ton
trésor, là est ton cœur » (Lc 12, 34). On peut appliquer cette
phrase à la vie de la grande-duchesse. Son trésor se trouve dans la Bolchaďa
Ordynka, une ancienne rue de Moscou, au-delà de la rivière Moskova, où est
établie la Demeure de miséricorde
Marthe-et-Marie. C’est là que renaît son œuvre aprčs les longues
souffrances de la Russie du siècle passé.
Extrait du livre d’Anne
Khoudokormoff-Kotschoubey
et sur Élisabeth (eds), Élisabeth de Russie, moniale,
martyre et sainte, Éditions Lessius, Bruxelles, 2010.
Reproduit avec l'autorisation de l'éditeur.
et sur Élisabeth (eds), Élisabeth de Russie, moniale,
martyre et sainte, Éditions Lessius, Bruxelles, 2010.
Reproduit avec l'autorisation de l'éditeur.
UNE BEAUTÉ SI PURE
Je
vous regarde et je l’apprécie toujours
Vous ętes si belle, les mots ne peuvent le dire !
Oh ! Je suis sűr qu’une telle beauté abrite
Une âme qui est merveilleuse aussi.
La profondeur de la modestie et d’une paisible tristesse
Est dans vos yeux d’une beauté si pure,
Vous ętes aussi calme et tranquille qu’un ange ;
Et comme dame, douce et sage.
Parmi les nombreux péchés terrestres et les maux
Ne laissez rien troubler votre âme pure,
Et chantons tous des louanges au Créateur
Qui a donné une telle beauté ŕ une âme divine !
Vous ętes si belle, les mots ne peuvent le dire !
Oh ! Je suis sűr qu’une telle beauté abrite
Une âme qui est merveilleuse aussi.
La profondeur de la modestie et d’une paisible tristesse
Est dans vos yeux d’une beauté si pure,
Vous ętes aussi calme et tranquille qu’un ange ;
Et comme dame, douce et sage.
Parmi les nombreux péchés terrestres et les maux
Ne laissez rien troubler votre âme pure,
Et chantons tous des louanges au Créateur
Qui a donné une telle beauté ŕ une âme divine !
Počme du grand-duc Constantin Constantinovitch Romanov
inspiré par la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna (1884).
inspiré par la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna (1884).
BIBLIOGRAPHIE (LIVRES)
Anne
Khoudokormoff-Kotschoubey et sur Élisabeth (eds), Élisabeth de Russie,
moniale, martyre et sainte, Éditions Lessius, Bruxelles, 2010. Documents et témoignages sur la vie, la pensée et le
martyre de la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna, traduits du russe et de
langlais original. Recommandé : disponible en ligne chez Amazon.fr, La Procureetc... et chez
votre librairie religieuse.
Jean-Paul Besse, Élisabeth
Féodorovna, princesse martyre, Versailles :
Via romana, 2008. 230 p. Biographie utile qui comprend néanmoins des lacunes.
Albert
Camus, Les Justes (1949), Gallimard, 1950, 212 p. Pièce devenue
classique, basée sur l’assassinat en 1905 du grand-duc Serge, mari d’Élisabeth.
Élisabeth figure ŕ la scčne IV, lorsqu’elle visite l’assassin Kaliayev en
prison.
En ligne : http://classiques.uqac.ca/.
En ligne : http://classiques.uqac.ca/.
Lioubov Miller, Sainte
Élisabeth : princesse allemande, martyre russe, Temps & périodes,
2009. 309 p. Excellente biographie traduite du russe, quoique parfois dun
style Ť hagiographique ť, utilisant les archives russes.
Maurice Paléologue, Aux
portes du jugement dernier, Élisabeth Féodorowna, Grande-duchesse de
Russie (Paris: Libraire Plon, 1940). Souvenirs de lambassadeur français
en Russie pendant la Premičre Guerre mondiale.
Christopher Warwick, Ella:
princess, saint and martyr (Chichester; Hoboken , NJ :
Wiley, 2006). Biographie objective et bien documenté, qui sintéresse
surtout ŕ Élisabeth en tant que princesse et membre de la famille impériale.
Source:
http://www.pagesorthodoxes.net/saints/elisabeth-de-russie/elisabeth-de-russie-vie-et-oeuvre.htm
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