Historique
de la Congrégation, Histoire de la Congrégation des Soeurs de la Doctrine
Chrétienne, Nancy, France ( surlesroutesdeladoc.fr )
En Lorraine .
Nous sommes à
la fin du dix-septième siècle, en Lorraine.
Ce duché, que
Louis XIV lui même n’a pas pu annexer à la France, a vécu des années très
difficiles : guerres, dont celle de Trente Ans, occupations, brigandages,
incendies, famines et épidémies de peste.
De façon
prémonitoire, le graveur Jacques Callot a illustré ces “Misères et malheurs de
la guerre”.
La nature s’en est mêlée avec des hivers
très rudes, voire terribles.
Les puits
gelaient, la nourriture placée près du feu et le pain devaient être débités à
la hache.
Dans la forêt, les
chênes se fendaient de bas en haut sous l’attaque du gel, tandis que les loups
s’approchaient des villages...
Quand on put
recenser la population, à la fin du siècle, elle était réduite de moitié par
rapport à celle de 1630.
Fondateur ou non ? Jean
Baptiste Vatelot (1688-1748)
Une fois le calme revenu, les écoles de
villages, pour les garçons, fonctionnent régulièrement.
Depuis le
Concile de Trente, l’instruction est l’une des principales préoccupations de
l’Eglise.
Ils sont plusieurs
prêtres à s’en soucier dans les villages des environs de Toul.
Le “bon père Varnerot”,
curé de Lucey, ne se résoud pas à voir les jeunes épouses signer leur nom d’une
croix au bas du registre des mariages, car elles
n’ont pas “l’usage d’écrire”.
Avec ses nièces, il crée la première école
pour les filles en 1686.
Or, celui qui est considéré comme le fondateur
de l’Institut, Jean Baptiste Vatelot est né en 1688, à Bruley.
Devenu prêtre,
sans doute en 1710, il est nommé sacristain de la Cathédrale de Toul où siège
l’Evêque.
Plus tard, il
sera chanoine.
Il se lance à son tour dans l’aventure
scolaire avec ses collègues et sa nomination officielle d’administrateur des
Ecoles par Mgr Bégon, en 1721, ne fait que rendre légale la fonction qu’il
remplissait déjà.
Il place les
maîtresses d’école en demandant aux
Assemblées de villages de leur fournir le nécessaire : logement, céréales, bois
de chauffage, salaire...
S’il n’obtient
pas cette “modeste aisance” , il n’y place personne.
Ces jeunes femmes
qui soignent aussi les malades et qui accueillent les mamans dans des ouvroirs
sont considérées par lui comme des “diaconesses” des temps anciens.
En dépit des tribulations provoquées par
des soucis d’ordre financier, il achète, à Toul, une maison qui servira à la
fois d’école, de noviciat, d’hospice et de lieu de retraite spirituelle, une
fois l’an, ainsi que de lieu de formation.
On lui doit aussi des ouvrages pédagogiques
et religieux.
A sa mort en 1748,
l’Institut compte deux cents personnes.
A travers le feu.
Du vivant du Père Vatelot, les maîtresse d’école sont passées de l’état laïc à l’état
religieux en prononçant le voeu de chasteté à titre privé.
L’institut est reconnu par les lettres
patentes du duc - le roi Stanislas, puis de Louis XV.
Quand la Révolution française éclate en
1789, la supérieure générale demande aux soeurs de rentrer dans leurs familles
respectives.
Elle mérite
une mention spéciale pour son courage : Jeanne Pierson tient tête aux citoyens
de la municipalité de Toul pour récupérer ses rentes et ses livres...
Elle sauve sa
classe en leur rappelant qu’elle est communale, donc d’utilité publique.
Mais elle ne verra pas le renouveau.
Elle décède en 1800.
Les soeurs se
regroupent dans l’ancien couvent des capucins, rue saint Dizier, à Nancy.
La plupart sont présentes.
Très vite, elles
ouvrent une école, et prennent l’habit religieux en 1804.
Une
novice qui fera parler d’elle.
En 1807, venant de Saint Mihiel (Meuse ) Françoise de
Faillonnet arrive au noviciat. C’est une âme
bien trempée.
Elle a vingt
neuf ans.
Chez elle, elle a vu ses parents cacher des
prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé qui aurait fait d’eux
des fonctionnaires, coupés de Rome
(1790).
Elle devient supérieure générale de la
Congrégation en 1821 et le restera jusqu’en 1855.
Un record !
Il est
difficile de résumer une oeuvre aussi imposante.
Bâtisseuse,
elle fait ériger la chapelle et le bâtiment du noviciat.
Elle rédige des ouvrages et des lettres sur la
spiritualité de la religeuse enseignante, aidée, en partie, par le père
Mougenot, supérieur ecclésiastique de l’Institut.
Elle réforme le noviciat.
Elle facilite l’expansion de la Congrégation
vers la Belgique, le Luxembourg et même l’Algérie : Constantine, en 1841.
Décédée en 1856, mère Pauline de Faillonnet est légitimement considérée comme la
deuxième fondatrice de la Doctrine Chrétienne.
Menaces sur la foi.
Après la vague romantique, où les sentiments
tiennent la première place, le scientisme et le rationalisme progressent.
Tout peut
s’expliquer, se démontrer.
L’anticléricalisme
- souvent très dur- gagne du terrain.
Malgré cela, la Congrégation s’affirme.
A la suite de
Mère Pauline, les supérieures successives n’hésitent pas à envoyer les soeurs
au-delà des frontières et des mers.
Ecoles professionnelles, orphelinats, services
intérieurs, accueils pour les indigents, soins aux malades et, en milieu rural,
collaboration à l’oeuvre des prêtres, la mission devient multiforme.
De Virton
(Belgique) à San Remo (Italie), de Constantine (Algérie) à Eich (Luxembourg),
de Oujda (Maroc) à l’île de Malte, les soeurs sont à l’oeuvre.
C’est à Mère
Lucie Bastien qu’il reviendra de faire face
aux “Lois célérates” (1905) et d’obtenir notre reconnaissance par Rome , avec
l’approbation de nos “Constitutions”, rénovées (1912).
L’aujourd’hui de Dieu.
“Pour qu’en tous grandisse l’homme, jusqu’à
sa pleine dimension de fils de Dieu”
(Constitutions 1982)
La guerre de 1870 et les deux guerres
mondiales ont laissé des traces profondes dans l’évolution de la Congrégation,
comme dans la vie personnelle des soeurs.
Elles ont connu, elles aussi, les départs
précipités et l’évacuation, le refuge incertain des caves, sous les
bombardements, le manque de nourriture - et la perte obscure d’êtres chers.
Cependant, quand les choses se stabilisent,
elles partent au Congo
(1948).
En 1966, celles
qui seront pionnières en Corée du Sud étudient la langue pour pouvoir s’y
implanter.
L’année suivante,
ce sera le Chili et la Côte d’Ivoire.
Puis, beaucoup plus près de nous, la
Roumanie, en 1993, le Cambodge en 2O10.
Période d’expansion intense, on le voit, qui gagne tous les continents sauf l’Océanie.
Aujourd’hui, trois noviciats existent : en
Corée, en Afrique noire et au Chili.
Le Concile Vatican II (1962-1965) a demandé
aux religieux d’accomplir un renouveau - ou aggiormamento - dont les conséquences trouvent leurs prolongement
aujourd’hui encore.
Que disait donc Jean Baptiste Vatelot dans son testament (1746) ?
“Je n’ay accepté la charge de promoteur que
malgré moy et les larmes aux yeux, par obéissance...”
En novembre 1964, sept soeurs de la
Doctrine Chrétienne furent massacrées au Congo en rébellion.
Ici et maintenant, nous ne savons pas de
quoi demain sera fait.
Sœur Thérèe OLRY
Costume
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu