Puisses-tu, Maman Marie et
Mère de L’Enfant-Jésus..nous donner *La Foi D’Angèle* (Histoire vraie)
« Mlle Gertrude a dû être mise dans un asile. »
L’histoire
véridique d’Angèle et de son institutrice est,comme les autres qui composent
l’ouvrage, absolument authentique et dûment vérifiée.
Photo Jules Sylvestre. Pensionnat de Chamagnieu, Isère.
1930
Le Père
Norbert, qui fût témoin de l’insurrection en Hongrie en 1956, a raconté à Maria
Winowska ( femme de
lettres et journaliste catholique polonaise) un événement extraordinaire dont
il a été le témoin, alors que les attaques anti-religieuses se multipliaient
dans ce pays.
Laissons-lui la parole :
–
« Cela s’est passé dans une petite bourgade de quelque 1.500 âmes.
L’institutrice de l’école communale était une
athée militante… Toute
occasion lui était bonne pour dénigrer, ridiculiser, ou conspuer notre
religion. Son programme scolaire était simple : former des petits sans-Dieu.
Intimidés, les enfants n’osaient se défendre…
Dans la
quatrième classe A, il y avait une petite fille de dix ans, nommée Angèle. Très
intelligente, très douée, elle était toujours la première. Ses compagnes ne la
jalousaient pas, car elle avait un cœur d’or et s’ingéniait à leur rendre
service à la moindre occasion.
Un beau
jour, elle vint me demander la permission de la communion quotidienne. « Sais-tu à
quoi tu t’exposes ? »lui
demandai-je. Elle rit comme une gamine prête à jouer un tour : « Monsieur
le curé, « elle » aura du mal à me
prendre en faute, je vous l’assure ! Je travaillerai encore mieux… Ne me le
refusez pas ! Les jours où je communie, je me sens plus forte. Or, vous me
dites que je dois donner un bon exemple. Pour le faire, il me faut beaucoup de
force ! »
Je dis
oui, mais non point sans inquiétude.
A partir de ce moment, la
quatrième A devint un petit enfer. Angèle avait beau savoir à merveille toutes ses leçons,
l’institutrice la prit en grippe et l’accablait de brimades. L’enfant tenait
bon, mais pâlissait à vue d’œil.
« Voyons, Angèle, n’est-ce pas trop dur ? – Oh
! non, Monsieur le curé ! Jésus a souffert bien
plus encore lorsqu’on crachait sur lui. Cela ne m’est pas encore arrivé, à moi.
»
Devant
cette claire vaillance, je demeurais émerveillé…
A partir
de novembre, les leçons de la quatrième A se transformèrent en de véritables
duels entre l’institutrice et cette enfant de dix ans. Apparemment, la première
triomphait et avait toujours le dernier mot. Pourquoi, alors, tant de féroce
insistance ? Le silence d’Angèle semblait la mettre hors de ses gonds.
Terrifiées, ses compagnes m’appelèrent au secours. Que pouvais-je faire, sinon
envenimer la situation ? Grâce à
Dieu, Angèle tenait bon. Il ne restait qu’à prier, à prier de toutes nos
forces…
Peu de
jours avant Noël, le 17
décembre exactement, Mlle
Gertrude inventa un jeu cruel qui devait, à son sens, porter un coup de grâce
aux superstitions ancestrales qui infestaient l’école. La scène mérite d’être
rapportée dans toute son ampleur !
Naturellement,
Angèle est mise sur la sellette. D’une voix douce, l’institutrice l’interroge :
– Voyons,
mon enfant, lorsque tes parents t’appellent, que fais-tu ?
– Je
viens, répond l’enfant d’une petite voix timide.
–
Parfaitement ! Tu les entends appeler et tu viens aussitôt, comme une petite
fille bien sage. Et que se passe-t-il lorsque tes parents appellent le ramoneur
?
– Il
vient, dit Angèle.
Son pauvre
petit cœur bat fort, elle devine un piège, mais ne le perçoit pas.
En attendant, Mlle Gertrude poursuit son interrogatoire. (« Ses yeux brillaient comme ceux d’un chat qui
s’amuse avec une souris, me dit plus tard un des petits témoins. Elle avait
l’air méchant, méchant ! »)
– Très bien, mon enfant !
Le ramoneur vient parce qu’il existe.
Un instant de silence :
– Tu viens, parce que tu
existes. Mais supposons que tes parents appellent ta grand-mère qui est morte.
Viendra-t-elle ?
– Non, je
ne le crois pas !
– Bravo !
Et s’ils appellent Barbe-Bleue ? Ou le Chaperon rouge ? Ou Peau-d’âne ? Tu
aimes bien les contes ? Voyons, que se passera-t-il ?
– Personne
ne viendra, car ce sont des contes.
Angèle
lève son regard limpide et le baisse aussitôt. « Ses yeux
me faisaient mal ! » me dira-t-elle
ingénument. Le dialogue continue.
– Parfait, parfait,
triomphe l’institutrice, on dirait qu’aujourd’hui ton intelligence se délie.
Vous voyez donc, mes enfants, que les vivants, ceux qui existent, répondent à
l’appel. Par contre, ceux qui ne répondent pas, ne vivent pas ou ont cessé
d’exister. C’est clair, n’est-ce pas ?
– Oui,
répond la classe en chœur.
– Nous
ferons tout de suite une petite expérience.
Puis, se tournant vers Angèle :
– Sors, mon enfant !
La
fillette hésite, puis quitte le banc. La porte se referme lourdement sur sa
chétive silhouette.
– Et maintenant, mes enfants, appelez-la !
– Angèle
! Angèle ! crient à tue-tête trente petits gosiers.
On finit
vraiment par croire que ce n’est qu’un jeu. Angèle rentre, de plus en plus
interdite. L’institutrice gradue, et savoure ses effets.
– Nous sommes donc bien
d’accord ? dit-elle.
Lorsque vous appelez quelqu’un qui existe, il vient. Lorsque vous appelez
quelqu’un qui n’existe pas, il ne vient pas et ne peut venir. Angèle est en
chair et en os, elle vit, elle entend, lorsque vous l’appelez, elle vient. Supposons maintenant que vous
appeliez l’Enfant-Jésus. Y en a-t-il parmi vous qui croient encore à
l’Enfant-Jésus ?
Un instant
de silence. Puis, quelques voix timides répondent :
– Oui,
oui…
– Et toi,
mon enfant, crois-tu encore que l’Enfant-Jésus entend lorsque tu l’appelles ?
Angèle se sent brusquement soulagée. Voici donc le piège, dont elle n’arrivait pas à saisir ni
le sens ni les dimensions. Elle répond avec une soudaine ferveur :
– Oui,
je crois qu’il m’entend !
– Très
bien ! Nous en ferons l’expérience. Vous avez vu tout à l’heure Angèle qui
entrait, lorsque vous l’avez appelée ? Si l’Enfant-Jésus existe, il entendra
votre appel. Criez donc toutes ensemble, bien fort : « Viens, Enfant-Jésus ! » Un, deux, trois, toutes ensemble !
Les
fillettes baissent la tête. Dans le silence, lourd d’angoisse, éclate un rire
sardonique :
– Voilà où je voulais vous en faire venir ! Voilà ma
preuve ! Vous n’osez pas l’appeler, car
vous savez bien qu’il ne viendra pas, votre Enfant-Jésus ! Et s’il ne vous
entend pas, c’est qu’il n’existe pas plus que Peau-d’âne ou Barbe-Bleue, c’est
qu’il n’est qu’un mythe… une histoire pour bonnes femmes ronronnantes au
coin du feu, que personne ne prend au sérieux, parce que ce n’est pas vrai !
Interdites, les petites filles continuent à
se taire. L’argument grossier et massif les touche en plein cœur.
Il ne faut
rien connaître à la psychologie enfantine pour ne pas jauger à leur juste
valeur les arguties se réclamant d’une expérience concrète ! L’une ou l’autre —
elles me l’ont avoué plus tard — commençaient à douter.
Eh, oui, s’il existe,
pourquoi donc ne le voit-on pas ?
Angèle demeurait debout, pâle comme une morte. « J’avais peur qu’elle ne tombe », m’a dit une de ses
compagnes.
L’institutrice savourait visiblement le désarroi des enfants. Elle triomphait
enfin.
« Écrasé, l’infâme ! »
Tout d’un coup, il se
produisit un incident absolument imprévu. D’un bond,
Angèle s’élança au milieu de la classe. Les yeux pleins d’éclairs, elle s’écria
:
– Eh bien, nous l’appellerons. Vous m’entendez ?
Toutes ensemble : Viens,
Enfant-Jésus !
En un clin
d’œil, toutes les petites filles furent debout. Les mains jointes, le regard
ardent, le cœur gonflé d’un immense espoir, elles s’écrièrent :
– Viens, Enfant-Jésus !
L’institutrice
ne s’y attendait pas. Instinctivement, elle recula, les yeux fixés sur Angèle.
Un instant de silence lourd comme une agonie, puis, de nouveau, cette petite
voix de cristal :
– Encore !
Ce fut un cri « à renverser les murs », m’a dit une des
fillettes. Peur, impatience, doute momentanément jugulé, mais tout prêt à
renaître, sens de solidarité brusquement en éveil sous l’impulsion de l’une
d’elles, qui se révélait chef, tout y était, sauf l’attente d’un « miracle».
« Je criais, mais je ne m’attendais à rien
d’extraordinaire », m’avoua
Gisèle.
C’est
alors que cela éclata.
Permettez-moi de passer la parole aux enfants, que j’interrogeais une à une.
Leurs expressions maladroites me semblent plus justes que nos interprétations
d’adultes. Certaines phrases se sont gravées dans ma mémoire, d’une façon
indélébile. Que voulez-vous ! Le pauvre aumônier que j’étais alors avait, lui
aussi, bien besoin d’un signe, on est si souvent à bout de force là-bas !
Elles ne regardaient pas la porte, elles regardaient le mur
en face et sur ce fond blanc, la figure d’Angèle. C’est la porte, cependant, qui s’ouvrit sans
bruit. Elles
s’en aperçurent, car « toute la
lumière du jour s’enfuit soudain vers la porte ».
Cette lumière « grandissait, grandissait, puis devint un globe de
feu ».
Alors, « elles
eurent peur », mais
cela dura si peu « qu’elles n’eurent même pas le temps de crier ».
Le globe
s’entrouvrit et, dans ce globe, parut un enfant « ravissant comme jamais encore elles n’en avaient vu
».
Cet enfant
leur souriait sans proférer une parole. Sa présence « était d’une immense douceur ». Elles n’avaient plus peur, « il n’y avait que de la joie ».
Cela dura…
un instant ? un quart d’heure ? une heure ? Sur ce point, curieusement, les
témoignages différaient. Le fait est que l’événement ne déborda pas la durée de
la leçon. L’enfant « était vêtu de blanc et
ressemblait à un petit soleil ». C’est lui qui « produisait de la lumière ». L’éclat du jour «
semblait noir à côté ».
Certaines
fillettes en étaient éblouies et en avaient « mal aux yeux », d’autres contemplaient le petit
Enfant sans peine. Il ne dit
rien, il ne faisait que sourire, puis, il disparut dans le globe de lumière qui
« se fondit » peu à peu.
La porte se referma doucement, « toute seule ». Ravies, le cœur « inondé de joie », les fillettes ne pouvaient proférer
un mot.
Soudain,
un cri strident déchira ce silence. Hagarde, « les yeux sortant des orbites »
l’institutrice hurlait : « Il est venu ! il est venu
! » Puis, « elle s’enfuit » en
claquant la porte.
Angèle « semblait sortir d’un rêve ».
Elle dit simplement :
– Vous voyez ? Il existe. Et, maintenant, disons
merci.
Sagement, toutes s’agenouillèrent et
dirent un « Pater », un «Ave » et
un « Gloria ». Puis, elles quittèrent la classe, car on venait de
sonner et c’était l’heure de la récréation.
L’affaire
s’ébruita, naturellement. Les parents vinrent me voir, j’interrogeai les fillettes
une à une. Eh bien, je peux déclarer sous la foi du serment que, dans leurs
récits, je n’ai pu surprendre la moindre contradiction. Ce qui m’a frappé
surtout, c’est que, après coup, l’événement ne leur paraissait nullement
extraordinaire. « Puisqu’on était en panne, m’a dit une fillette, il
fallait bien que l’Enfant-Jésus vint nous dépanner. »
Mlle Gertrude a dû être mise dans un asile.
Le corps
enseignant étouffa l’affaire.
Il parait qu’elle ne cessait de hurler : « Il est venu, il est venu ! »… -«
Puisse
notre foi s’affirmer comme celle de ces enfants, alimentée à la Source de
l’Eucharistie, et qu’alors que nous sommes dans la joie de la naissance de
l’Enfant Jésus, nous ne doutions jamais plus ni de sa Présence, ni de son
inlassable attention à nos pauvres prières!
Sursa :
https://myriamir.wordpress.com/2015/12/30/puisses-tu-maman-marie-et-mere-de-lenfant-jesus-nous-donner-la-foi-dangele-histoire-vraie/