Mère
Yvonne-Aimée de Jésus de Malestroit, Morbihan, France
( http://www.augustines-malestroit.com/portrait.php )
( http://www.augustines-malestroit.com/portrait.php )
Portrait de Mère
Yvonne-Aimée par l'Abbé Paul Labutte
La Maison des
Grands-parents paternels à Cossé
Il y a donc 80 ans ce matin, dans le
silence de cette église de Cossé en Champagne, Monsieur le Curé Guesdre a
célébré la Sainte Messe et lu le même Evangile que nous venons d’entendre.
Ce 16 juillet 1901, la saison était magnifique, le soleil brillait, une
grande paix baignait le bourg et les campagnes.
Et, le soir,
tandis que l’Angélus tintait au clocher roman et que
les clochers d’alentour lui répondaient, une petite Yvonne
venait de naître dans une vieille maison de Cossé, à deux pas de l’église, chez Monsieur et Madame Alfred Beauvais. Cette enfant qui deviendra Mère Yvonne Aimée, considèrera
toujours comme une grâce d’être née en la fête
de Notre Dame du Mont Carmel ,
sous le signe de la Vierge, Mère des Contemplatifs.
Le 18 juillet suivant, Yvonne est baptisée dans cette église par Monsieur le curé. Plus tard, chaque
année, au 18 juillet, Mère Yvonne Aimée ne cachera pas son bonheur : « c’est,
disait-elle, l’anniversaire du jour où je suis devenue fille du Bon Dieu. »
En 1942, elle était de passage ici, à
Cossé, où j’étais moi-même invité.
Elle me
conduisait sur la tombe de Monsieur Alfred Beauvais, son Père, trop tôt
disparu, « Monsieur Alfred » comme l’appelaient les paysans qui l’adoraient
tant il était simple, droit, gai, spontané, généreux, large, accueillant.
De lui, elle
tenait beaucoup.
De Madame
Beauvais, elle avait l’activité intense et ordonnée ; et de ses ancêtres du
Maine elle avait une foi catholique et un bel équilibre humain.
J’entends
encore Mère Yvonne Aimée évoquer sur place, ici, ses souvenirs d’enfance : les
jeux dans la maison, les veillées devant la cheminée où flambaient des bûches, la petite grotte de Notre Dame de Lourdes dans le jardin où son jeune père
l’emmenait prier.
Elle m’a
demandé de venir avec elle près des fonts baptismaux, ces fonts baptismaux où
elle avait reçu la grâce de la seconde naissance.
C’était vraiment
un pèlerinage aux sources.
En effet, à
travers la brève existence que fut la sienne, un fleuve de grâce a jailli ici
même, pour votre Fédération et pour L’Eglise.
Mais qui était Mère Yvonne Aimée ?
Pour répondre à cette question, il me
semble que le mieux, c’est de vous citer des jugements autorisés qui ont été
portés sur sa vie, sur son œuvre, sur son expérience chrétienne.
L’Historien Daniel Rops ne l’a pas connue
mais, dit-il, il admire la beauté des textes rares que l’on connaît d’elle où
précise-t-il, on croit entendre l’écho de sainte
Catherine de Sienne ou de la Bienheureuse Marie de l’Incarnation.
Par contre, le Général Audibert, chef de la
Résistance de l’Ouest, a été le témoin et l’un des bénéficiaires de
l’hospitalité qu’elle offrit aux blessés paras ou maquisards pendant
l’occupation.
Frappé de son courage et de sa présence d’esprit dans le danger et les risques
énormes qu’elle prenait au nom de cette hospitalité chrétienne, il la saluait en souriant par ces deux mots : « Mon
Général. »
Et, à la
nouvelle de sa mort, il écrivit douloureusement : « Quand disparaît un être de
cette clarté, de cette puissance, de cette grandeur, il semble que le ciel
s’obscurcisse pour nous. »
Voici, maintenant,
quelques jugements émanant d’autorités religieuses
- Pour Dom
Sortais, Abbé général de la Trappe, Mère Yvonne Aimée fut une grande Supérieure
qui a bâti toute son œuvre sur le roc de
la foi. Personnellement,
Dom Sortais avait remarqué le don qu’elle
possédait de pacifier et d’épanouir les âmes.
- Dom Cozien, Abbé de Solesmes, relevait en
Mère Yvonne Aimée, je le cite : « le sens de la
prière, de la beauté de la liturgie, de la louange de Dieu, à l’école de
L’Eglise. » il ajoutait ces mots qui vont
loin : « Toute la vie de Mère Yvonne Aimée a été sous l’emprise de Dieu. »
- Monseigneur Picaud, Evêque de Bayeux et
Lisieux. Les Carmélites de Lisieux admirent la manière dont Monseigneur Picaud
a compris sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et Mère Yvonne Aimée. De Mère Yvonne
Aimée, il a dit en pesant ses mots : « Elle a
été un grand témoin du monde surnaturel. »
- Le Cardinal Larraona qui fut le
Secrétaire de la Sacrée Congrégation des Religieux, a déclaré : « Je me
souviens très bien de Mère Yvonne Aimée. En prenant l’initiative de rassembler
en Fédération les Monastères de son Ordre, elle a fait une œuvre exemplaire
dont nous pouvons ici, à Rome ,
nous inspirer. »
Il m’est impossible ce matin d’analyser
tous les traits d’Yvonne Aimée.
Sa
personnalité a suivi une progression constante et atteint vers l’age de 40 ans une plénitude humaine et chrétienne.
Je soulignerai
seulement deux points :
- sa conformité à
la volonté de Dieu,
- sa foi et son amour envers l’Eucharistie.
Une parole de Jésus qu’elle conservait dans
son cœur, la bouleversait et éveillait en elle un écho sans fin. C’est celle-ci, en saint
Marc : « Qui est ma mère, qui sont mes frères ?
Promenant un regard sur ceux qui étaient assis autour de Lui, Jésus ajouta :
Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est
mon frère, ma sœur, ma mère. »
De même, Mère
Yvonne Aimée pouvait rester très très longtemps à méditer cette autre parole de
Jésus qu’elle trouvait inépuisable : « Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, qui
entreront dans le Royaume des Cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père.
» A ses novices elle disait, dans la ligne
des paroles précédentes : « Mes petites sœurs, l’amour est d’abord dans la
volonté. »
Cette mystique de la volonté situait Mère
Yvonne Aimée dans le grand courant spirituel qui part de sainte Thérèse de
Lisieux, de saint François de Sales, de saint Ignace de Loyola, de saint
Bernard, de saint Augustin, de tant d’autres saints, de la Vierge Marie,
Servante du Seigneur et de Jésus Lui-même, dont la nourriture était de faire la
volonté de son Père.
Pour Mère
Yvonne Aimée, comme pour ces Maîtres spirituels, la volonté divine n’a rien d’un commandement abstrait et
impérieux.
Cette volonté
divine est sagesse, vérité, miséricorde.
Elle est appel à
la liberté et appel à l’amour comme le serviteur du Psaume
122 qui a les yeux fixés sur les mains de son Maître, comme l’épouse tendre,
calme et spontanée qui tressaille au moindre vouloir du Bien Aimé.
Yvonne Aimée
écoutait sa voix, sa parole dans L’Eglise.
Elle s’est tenue
attentive toujours à ses moindres signes.
Elle va tout droit
au service de Jésus Roi d’Amour.
Un jour elle
m’a dit : « ma voie est celle des Anges qui ne
font jamais attendre Dieu. »
Déjà, petite première Communiante de 10
ans, elle avait écrit de son sang : « Je veux
n’être qu’à Toi, mais je veux surtout ta volonté. »
On comprend,
estime un théologien, la montée en flèche d’une âme ainsi livrée à Dieu,
jusqu’à l’abandon total.
A l’amour qui
t’emporte, ne demande pas où il va.
Yvonne Aimée et l’Eucharistie
Pendant la
célébration elle se tenait très droite et très recueillie dans sa stalle.
Au moment de
l’élévation, avant de se prosterner, elle fixait l’Hostie et le Calice un
regard intense, un regard brillant et souvent le soir et
parfois la nuit, elle venait près de la grille du chœur prier longuement, à
genoux devant le Saint Sacrement.
Vous avez en main des textes où elle laisse
jaillir sa foi envers l’Eucharistie.
Vous savez
quel événement intérieur, décisif, a été sa première Communion, oui, un grand
événement spirituel.
Et vous savez
aussi à quel point elle prié pour les prêtres.
C’est à l’âge
de 22 ans que, pour la première fois, non sans une
intuition prophétique, elle commença de rechercher les hosties profanées.
On a vu Yvonne
Aimée jeune fille, revenir blessée et couverte de sang après avoir reçu des
coups alors qu’elle cherchait à arracher des hosties emportées par des gens
sacrilèges et impies.
Dans ce
charisme qui frappe beaucoup l’écrivain Julien Green – il en parle dans son
journal et il appelle Mère Yvonne Aimée « une femme admirable » – dans ce charisme de recherche, Monseigneur Picaud voyait
une récompense de la foi intrépide d’Yvonne Aimée.
Avec le recul
du temps, on pourrait aussi y découvrir un rappel de
la tradition constante de L’Eglise affirmant à l’encontre
des Novateurs, que la présence réelle du Corps et
du Sang du Seigneur subsiste en dehors de la célébration liturgique. Peut-être aussi,
pourrait-on lire un rappel de ce respect extraordinaire dont les chrétiens,
fût-ce au péril de leur vie, se doivent d’entourer le pain rompu pour un monde
nouveau, l’admirable sacrement où se révèle le plus, disait-elle, la
Miséricorde de Jésus, sacrement qui construit
l’unité fraternelle des communautés chrétiennes.
Plusieurs années avant le Concile, Mère Yvonne Aimée souhaitait des messes du soir. On songe à la joie qu’elle aurait éprouvée à communier
sous les deux Espèces et avec quelle ferveur elle aurait suivi ce Congrès
Eucharistique international qui s’ouvre ce soir à Lourdes .
Mes sœurs, vous avez le droit d’être
heureuses de compter dans votre Ordre une Yvonne Aimée, ce guide sûr, cette
lumière éblouissante, ce feu brûlant et vous avez raison de commémorer ici sa
naissance et son baptême.
Oui, le bourg
de Cossé n’aura jamais vu tant de blanches Augustines.
Elle doit en
être ravie, comme elle l’est, certainement, de votre volonté d’approfondir sans
cesse votre vocation canoniale qu’elle trouvait si grande et qu’elle a
travaillé, 30 ans avant le Concile, à bien adapter aux temps nouveaux dans une fidélité
créatrice.
Pour sa part,
au-delà des charismes qui la mettaient au service de l’Eglise, sa vie a été
toute simple parce que basée sur la charité qui est la loi essentielle de vos Communautés.
Elle était grande
dans sa manière d’aimer.
Il y avait en
elle quelque chose d’eschatologique.
Il y avait en
elle parfois, comme une anticipation prophétique du monde
futur.
Et pourtant,
pourtant, elle était incroyablement humaine, tout entière au moment présent et
bien de son temps.
Elle a
beaucoup réalisé : jeune fille au service des pauvres dans les bidonvilles de
Paris, Prieure de Malestroit, fondatrice et première Supérieure Générale de
votre Fédération.
Il se trouvait
des personnes qui disaient que tout lui réussissait.
Elle était la
première à rire de cette réflexion naïve, à ne pas se croire infaillible, à
encaisser des échecs, des déceptions, des contradictions.
Certes, elle a
marqué des points et accompli une œuvre considérable et durable ; mais il
aurait manqué quelque chose à la beauté de sa vie si tout lui avait réussi
humainement.
Et, pour que sa
configuration au Christ fut plus étroite, elle a reçu, vers l’âge de 20 ans,
une grande grâce de compassion.
Elle a enduré
dans son corps, dans son cœur et dans son âme, des souffrances inouies, un martyre à certaines heures, mais sans jamais le faire peser sur son
entourage.
Plus elle avançait dans la vie, plus elle
s’enveloppait de silence.
Au sein de
l’action qui mobilisait ses qualités de femme, on la devinait très petite
devant Dieu et comme revêtue de douceur et de force, comme immergée dans la
paix et la joie qui sont les fruits de l’Esprit Saint.
Elle n’avait
qu’à exister, sa vie était un appel, sa vie est un appel.
Frères et Sœurs, en terminant, je dirai
simplement ceci : il n’y aura jamais qu’un moyen
de connaître en profondeur Mère Yvonne Aimée, c’est de l’invoquer. L’expérience
le montre : sitôt qu’on s’adresse à elle, elle se dévoile en répondant.
Abbé Paul Labutte
Homélie à
Cossé en Champagne
Le 16 juillet
1981
Mère Yvonne-Aimée de Jésus (YVONNE BEAUVAIS )
Augustine(s)
Hospitalière(s) de la Miséricorde de Jésus
Première
Supérieure Générale de la Fédération - 1901 - 1951
1. (1901-1922)
Yvonne Beauvais
naquit le 16 juillet 1901, à Cossé-en-Champagne, petit bourg
de la Mayenne, d’une famille très honorable.
Orpheline de
père à l’âge de trois ans, elle épanouit son âme à la lecture de la vie des
Saints que lui fait sa grand-mère maternelle à qui on l’a confiée.
Elle manifeste une
très tendre dévotion envers la Sainte Vierge et envers son ange gardien, un
grand désir, déjà, de l’Eucharistie, et une recherche passionnée
de "son Jésus" dans les pauvres.
Elle vit,
avant la formule, et dès son jeune âge, la "petite voie d’enfance
spirituelle” de Thérèse de Lisieux, pour qui
elle se prend d’une grande affection.
A l’âge de six ans, elle rejoint sa mère et
la suit, à Argentan et à Toul, dans les divers pensionnats dont celle-ci prend la direction, pour parer au départ
des religieuses enseignantes.
Mais c’est à Paris qu’elle ira faire sa
première communion, à l’âge de neuf ans. Deux
jours après, le 1er janvier 1911, elle écrit de son sang un“Pacte
d’amour” avec le “Petit Jésus”, en
des termes surprenants pour une enfant de cet âge, et qui sera, sans qu’elle
s’en doute alors, le programme de toute sa vie : "Je veux sauver beaucoup d’âmes, et T’aimer plus que
tout le monde. Je te supplie de me faire devenir Sainte, une très grande Sainte
- une martyre. Mais je veux surtout Ta Volonté! TA PETITE YVONNE".
Ce pacte, elle le résuma allègrement plus
tard dans la devise qu’elle se choisit : Tout
droit au service du Roi Jésus.
Mais déjà
auparavant, et surtout dès cette date, elle sera attentive à réprimer les
saillies de son caractère primesautier, à apprendre à beaucoup souffrir en
silence. Car la souffrance allait être la
compagne inséparable de la "mission" que Dieu lui préparait.
A quatorze ans, en Angleterre où elle
continue ses études, elle prend l'habitude de
réciter chaque jour le “Petit Office de la Sainte Vierge”.
A vingt ans, elle s’inscrit à Paris dans l’Association des Jeunes Filles de Marie Immaculée, et met désormais, toujours dans la plus grande
discrétion, au service des pauvres, par des industries variées que son zèle
inventif imagine, toutes les ressources de sa riche nature, de ses talents et
de son amour pour le “Seigneur Jésus".
Ce n’est que
bien plus tard, à son entrée au couvent, que l’on aura connaissance de sa
nombreuse famille de pauvres, quand aussi l’obéissance l’obligera à raconter
ses expériences charitables dans la zone parisienne ou au Mans, et les
circonstances exceptionnelles, pour ne pas dire miraculeuses, qui
accompagnèrent son apostolat.
Comment pendant toutes ces années a-t-elle
réussi à cacher ses initiatives et surtout ses souffrances ?
En 1921, Yvonne a vingt ans : c’est une jeune fille rayonnante, enjouée, très
artiste, toujours prête a rendre service, à la maison ou au dehors, à l’affût
constant des âmes.
Elle met de la
joie partout, dans les salons où on l’invite et dans la mansarde de ses amis
les pauvres.
Pour elle, “être
joyeuse, c’est être charitable”.
Elle note sa
dévotion : “Je mettrai un sourire sur mes lèvres, et saurai l'y fixer en
pensant à Vous, mon Jésus. Je vous prendrai
des âmes tout en dégustant... une tasse de thé". Seul, le Seigneur
sait à quel prix !
2. (1922-1927)
Cependant, la
nature a des limites.
Yvonne tombe
malade et, pour achever sa convalescence, elle arrive, le 18 mars 1922, par une circonstance providentielle, dans une petite
clinique que les Chanoinesses Augustines
Hospitalières tiennent à Malestroit, petite ville dans
un coin ignoré du Morbihan.
Le monastère
lui-même est, certes, à cette époque, l’un des plus humbles de l’Ordre. Mais c’est que, le 5
juillet suivant, se produit pour la jeune fille la « révélation » qui
fixe son avenir et sa « mission ».
A partir de ce jour, en effet, et jusqu’à
sa mort, Yvonne, devenue, même avant son entrée dans ce couvent comme
religieuse, Yvonne-Aimée de Jésus, sera l’objet de grâces sensibles extraordinaires et de
non moins extraordinaires persécutions du démon.
Une vie de
réparation pour les pécheurs, pour les âmes du purgatoire, et pour les
sacrilèges commis envers l’Eucharistie, ira se précisant de plus en plus, à tel
point qu’elle ne passera plus, dès lors, une
seule de ses journées ni très souvent de ses nuits, sans être l’objet des
exigences de l’Amour Rédempteur.
Elle n’est
toujours aux yeux du monde que la jeune fille délicieuse, souriante, dévouée,
mais sa prière intime est maintenant : “Ô Jésus, je
me livre pleinement à vos mystérieuses opérations dans mon âme ».
Elle inaugure, pour toute sa vie, une Heure
Sainte douloureuse, chaque jeudi de 23 heures à minuit.
Elle est
obligée d’avouer : “Je dis toujours oui aux Bon
Jésus“.
Cet
acquiescement total exige d’elle un héroïsme quotidien dans la souffrance du
corps et de l’âme.
Rien de ce qui
lui est demandé ne la rebute : “Si Dieu commande, que puis-je faire
qu’obéir ? S’il me dit d’aller déraciner la
montagne, je me lèverai dès le matin, j’irai assiéger le pied du géant, et si
le pic et la bêche me manquent, armée de mes seules mains, j’irai encore
!.. »
Mais déjà, peu après ce 5 juillet, elle se
rend compte qu’elle n’a pas le droit de porter seule son secret ; elle s’en
remet alors, toute simple, à ses directeurs, et aux exigences parfois très
pénibles de ceux qui sont officiellement chargés de contrôler son étonnante
vocation.
Elle sera
ainsi, jusqu’à la fin, toujours soumise aux décisions des autorités
ecclésiastiques.
C’est de cette époque que date son oraison
jaculatoire “Ô Jésus, Roi d’Amour, j’ai
confiance en Votre Miséricordieuse Bonté“.
Cette prière
devint la source de nombreuses grâces spirituelles et temporelles pour les
personnes qui l’adoptèrent.
Par la suite,
elle fut enrichie d’indulgences par les Souverains Pontifes Pie XI, Pie XII et
Jean XXIII, pour tout l’Ordre et les hospitalisés, et par des Evêques, pour
leur diocèse respectif.
En septembre
1922, sa convalescence achevée, Yvonne devra
quitter, pour y revenir de temps en temps, son « cher couvent
», comme elle l’appelle déjà, et retourner à Paris ou au Mans, au gré des
volontés de sa mère qui ignore encore tout de ce qui s’est passé.
Le Seigneur se
fera enfin entendre très nettement : Yvonne-Aimée sera
religieuse Augustine à Malestroit.
L’heure n’a
pas encore sonné pour elle et, jusqu’en 1927, elle mènera, on devine avec
quelles difficultés sa vie vouée aux ordres parfois déconcertants de son Roi
d’Amour, et sa vie de jeune fille dans le monde.
A part quelques
amies que le Seigneur choisit, surtout pour la préserver des indiscrétions, nul
ne se doute qu’Yvonne Beauvais est une privilégiée.
3. (1927-1951)
Enfin les
oppositions à son entrée en communauté sont providentiellement levées : Yvonne se présente au postulat de Malestroit, le 18 mars 1927.
Le 10 septembre, dans la cérémonie de
vêture, le prédicateur (R.P. Crété S.].) était autorisé à jeter une lumière sur
le mystère de la nouvelle novice : « Epreuves et joies, souffrances
et tentations, les anges, les hommes et les démons, tout a été mis en oeuvre
pour porter les coups et donner les caresses qui devaient rendre la petite
fiancée moins indigne du Seigneur Jésus.
Mais, fin
novembre, elle tombe si gravement malade
qu’on juge nécessaire de lui donner l’extrême-onction et de lui faire prononcer
ses voeux in articulo mortis. Toute la communauté, l’aumônier, son
directeur, le supérieur ecclésiastique entourent son lit d’agonie et seront les
témoins d’un miracle.
La mourante
devant eux reprend soudain vie et, dans un soupir, on peut saisir ses paroles “Ton Amour sera mon ciel sur la terre”.
Et elle
regagnait, une demi-heure après, sa place au chœur ! On va voir celle
que le Seigneur lui réservait dans sa communauté et dans l’Ordre des
Chanoinesses.
Le 21 décembre de la même année, l’Evêque
de Vannes, dont dépend le monastère, autorise les supérieures à confier à la
novice, un mois après son acquiescement à la
Volonté divine, la construction à Malestroit d’une grande clinique moderne pour laquelle un bienfaiteur inespéré assurait la
première mise de fonds.
Elle y prendra ensuite la direction pénible
de la cuisine, tout en travaillant, comme secrétaire, à la préparation du
second Chapitre général de l’Ordre, en vue de la révision des Constitutions que
sa supérieure ira avec elle, au nom de tous les monastères, faire approuver à
Rome.
Entre-temps, le petit couvent de Malestroit
devenait un monastère florissant : les sujets y affluent, et sœur Yvonne-Aimée
de Jésus se voit confier leur formation pour leur inculquer, dans l’esprit de
l’Ordre, son propre esprit d’abandon joyeux, simple,
confiant et total à la volonté du « Seigneur Jésus ». Qui pourrait résister à l’attirance de la jeune
Maîtresse des novices, qui, au surplus, a le don de lire dans les cœurs !
A 34 ans, après 7 ans de vœux, elle est
élue Supérieure de la Communauté, puis en 1939, Présidente, et, après la
guerre, Supérieure Générale de la Fédération de tous les monastères de l’Ordre,
dont elle avait rédigé et présenté à l’approbation de Rome, les statuts.
Malestroit, ce Nazareth de l’Ordre, en
devient désormais le centre rayonnant ; Mère Yvonne-Aimée s’y montre « une
maîtresse-femme, à la ressemblance des grandes fondatrices, supérieurement
douée par sa mission ».
On a peine à
la suivre dans son activité débordante où
rayonnent la force et la bonté ; mais celle-ci n’est que
l’aspect visible de sa vocation, ou plutôt l’un et l’autre s’entremêlent, l’aspect mystérieux n’ayant plus comme témoin qu’un cercle restreint de son
entourage et le contrôle de ses directeurs.
C’est toujours
la même voie douloureuse pour le rachat des âmes, parmi les éclairs des
prédilections divines.
La guerre de 1940 lui est une occasion de
mettre en oeuvre tous ses dons.
La
reconnaissance officielle des hommes ne lui manqua pas ; mais la religieuse
n’avait voulu que mettre au service de l’universelle charité son courage et sa confiance en Dieu.
L’heure de la seule véritable récompense
allait bientôt sonner pour celle
qui n’avait consenti, en décembre 1927, à en voir retarder l’échéance.
Malgré son pauvre corps douloureux,
sillonné de cicatrices et brûlé de fièvres constantes, elle formait le projet,
au début de 1951, d’aller visiter ses filles au Natal ; mais, le 3 février, à la veille de son départ, elle rendait sa
belle âme à Dieu, à l’âge de 49 ans.
Depuis, ceux
et celles qui l’ont approchée continuent à sentir sa présence ; et les
personnes qui 1’invoquent sont unanimes à reconnaître l’efficacité de son
Intervention auprès de « son Roi d’Amour » dont
elle avait, sur terre, accompli, avec une fidélité inébranlable, les moindres
ordres de la Volonté rédemptrice, et accepté d’être la collaboratrice et la messagère de la Miséricordieuse
Bonté.
PRIÈRE
Ô JÉSUS, Roi
d’Amour, qui avez inspiré à Votre Servante Yvonne-Aimée une participation
généreuse à Votre Tendresse infinie pour les âmes, une ardente dévotion envers
la Sainte Eucharistie, une fidélité inébranlable à Votre Service, daignez, nous
Vous en supplions, glorifier en elle tous Vos dons, en nous accordant par son
intercession la grâce que nous implorons avec confiance de Votre Divine et Miséricordieuse
Bonté.
Ô VOUS qui
vivez et régnez avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprit dans les siècles
des siècles. Ainsi soit-il.
Ô Jésus, Roi d’Amour, j’ai confiance en Votre
Miséricordieuse Bonté.
IMPRIMATUR
Monseigneur LE
BELLEC Eugène Joseph Marie
Evêque de Vannes
2 août 1954
Les personnes qui recevraient des grâces
attribuées à Mère Yvonne-Aimée de Jésus sont invitées à les faire connaître à
la Communauté des Augustines - 56140 Malestroit – France
ici Priez par son
intercession !
Source :
http://www.augustines-malestroit.com/portrait.php
Portrait de
Mère Yvonne-Aimée par l'Abbé Paul Labutte
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