Saint Catherine of Sienne and
God The Father, Le Dialogue de Sainte Catherine de Sienne ( 2 )
Dans ce traité, on voit Dieu le Père conversant
avec la Vierge Catherine, en forme de dialogue, c'est-à-dire à la façon de deux
personnes qui parlent ensemble.
On y trouve contenu des secrets divins très
profonds et très suaves.
CHAPITRE IV
(5)
Combien est agréable à Dieu le désir de vouloir
souffrir pour lui.
Il m'est bien
agréable, fille très chère, le désir de vouloir endurer toutes peines et
fatigues jusqu'à la mort pour le salut des âmes.
Plus on souffre,
plus on prouve que l'on m'aime; en m'aimant, l'on connaît davantage ma Vérité,
et plus on la connaît, plus l'on éprouve de tristesse et d'intolérable douleur
de m'avoir offensé.
Tu me demandais à souffrir et à punir
sur toi les fautes des autres, sans remarquer que c'est
l'amour, la lumière, la connaissance de la vérité que tu me demandais ainsi.
Je te l'ai dit, plus est
grand l'amour, plus est profonde la douleur et plus cuisante la peine: la
douleur s'accroît en proportion de l'amour.
Je vous dis donc: Demandez et il vous sera donné, car je
ne refuserai jamais à qui me demandera en vérité.
Ne l'oublie pas, l'amour de la divine charité est tellement uni dans l'âme
à la patience parfaite, que l'une ne peut
disparaître sans que l'autre s'évanouisse.
Aussi l'âme
qui veut m'aimer doit-elle vouloir du même coup endurer pour moi toutes les peines
qu'il me plaira de lui envoyer, quelle qu'en [18] soit la nature, ou la
gravité.
La patience ne
se trouve que dans les peines, et la patience, comme il a été dit, est
inséparable de la charité.
Comportez-vous donc virilement.
Il n'est point
d'autre moyen pour vous d'être et de prouver que vous êtes les époux de ma
Vérité et mes enfants fidèles, comme aussi que vous avez le goût de ma gloire
et du salut des âmes [19].
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CHAPITRE V
(6)
Comment toute vertu et tout défaut s'exercent à
l'égard du prochain.
Je veux que tu
saches qu'il n'est point de vertu et
pareillement point de défaut qui ne s'exercent par le moyen du prochain.
Qui demeure
dans l'inimitié vis-à-vis de moi, cause un dommage au prochain et à lui-même
qui est son principal prochain.
Et il lui fait
tort soit en général, soit en particulier.
En général, parce
que vous êtes tenus d'aimer votre prochain comme vous-mêmes, et c'est [ cet ] amour
vous fait un devoir de l'assister par la prière, par la parole, par le conseil
et de lui procurer tous les secours spirituels ou temporels suivant la mesure
de ses besoins.
Et si vous ne
le pouvez faire réellement, parce que vous n'en avez pas le moyen, tout au
moins, devez-vous en avoir le désir.
Mais si l'on ne M'aime
pas, l'on n'aime pas non plus le prochain.
Ne l'aimant pas,
on ne le secourt pas et du même coup l'on se fait tort à soi-même. On se prive
de ma grâce, en même temps que l'on frustre le prochain, en ne lui donnant pas
les prières et les pieux désirs que l'on doit m'offrir pour lui.
Toute
assistance prêtée au prochain doit [20] procéder de la dilection que l'on a
pour lui pour l'amour de Moi.
Pareillement
peut-on dire qu'il n'est point de vice qui n'atteigne le prochain; car si l'on ne M'aime pas, l'on ne saurait être dans la
charité qu'on lui doit.
Tous les maux
proviennent de ce que l'âme est privée de la charité envers moi et envers le
prochain.
Ne pouvant
plus faire le bien, il s'ensuit que l'on fait le mal.
Et contre qui
fait-on ainsi le mal ?
Contre
soi-même d'abord et puis contre le prochain.
Ce n'est pas à moi que l'on fait du tort, car le mal ne
saurait M'atteindre, sinon en tant que je considère comme fait à Moi-même ce
qui est fait au prochain.
L'on se fait
du tort à soi-même, par la faute qui fait perdre la grâce, et il n'est pas de
mal plus grand que celui-là.
On fait du tort au
prochain en ne lui donnant point ce qu'on lui doit de dilection et d'amour,
comme aussi de l'assistance qu'il a droit en vertu de cet amour même, par la
prière et le saint désir, qu'on M'offre pour lui.
C'est là le service général auquel on est
tenu envers toute créature douée de raison. Mais il est un secours particulier que vous devez à ceux qui sont plus près
de vous et qui vivent sous vos yeux.
Dans ces
conditions, vous êtes tenus de vous entr'aider les uns les
autres, par la parole, par la doctrine, par l'exemple des bonnes oeuvres, dans
toutes les circonstances où vous voyez le prochain en détresse, conseillant
avec désintéressement, comme s'il s'agissait de vous-même, et sans [21] aucune passion d'amour-propre.
Celui qui n'a
pas l'amour du prochain n'en usera pas ainsi envers lui, mais en s'abstenant,
il lui porte préjudice d'autant.
Non seulement il lèse le prochain en le frustrant du bien qu'il pourrait lui faire, il
lui cause encore un dommage et un mal continuels.
Voici comment.
Le péché est ou
intérieur, ou extérieur, en pensée ou en action.
Le péché de
pensée est commis, dès que l'homme a conçu de la
complaisance pour la faute et de l'aversion pour la vertu, dès qu'il s'est abandonné à l'amour-propre sensuel qui
lui fait perdre l'amour de charité qu'il doit avoir pour moi et pour son
prochain, comme il a été dit.
Cette conception
criminelle enfante mille conséquences fâcheuses aux dépens du prochain, suivant
les caprices et la perversité de la
volonté sensitive.
Parfois c'est
une cruauté qu'elle
produit soit en particulier, soit en général.
N'est-ce pas
une cruauté du pécheur
envers tout le monde que de savoir lui ou les autres créatures en danger de
mort et de damnation, par la privation de la grâce, et d'être assez insensible pour ne pas secourir les autres ou lui-même par l'amour de la vertu et la haine du vice?
Mais sa cruauté
s'étend plus loin par ses propres oeuvres.
Il ne se
contente pas de ne pas donner l'exemple de la vertu; sa malice le porte [22]
encore à faire office de démon, en prenant plaisir à détourner les créatures de
la vertu pour les entraîner au vice.
Quelle cruauté
envers une âme, que de se faire l'instrument qui lui ôte la vie et lui donne la
mort !
Il use aussi de cruauté envers le corps par
cupidité.
Non seulement il
ne vient pas au secours de son prochain, mais il le dépouille, il vole le bien
des pauvres, tantôt par voie d'autorité, tantôt par ruse et par fraude, en
faisant acheter le bien du prochain, et souvent sa propre vie.
O cruauté
misérable, pour laquelle je serai sans miséricorde, si elle-même ne se
convertit en compassion et bienveillance pour le prochain!
Parfois cette même cruauté s'échappe en paroles
injurieuses, souvent suivies d'homicide.
Parfois elle corrompt
par l'impudicité la personne du prochain et le réduit à
l'état d'animal immonde.
Et ce n'est pas
un ou deux seulement qui sont pervertis, mais quiconque approche ce corrupteur,
quiconque a commerce avec lui en demeure infecté.
Qui donc aussi
est atteint par les effets de la superbe, sinon le prochain, uniquement le prochain
?
Par besoin de se
faire valoir, l'orgueilleux méprise les autres, il s'estime au-dessus d'eux, et
par là même il leur fait injure.
S'il détient le
pouvoir, il n'est point d'injustices ou de duretés qu'il ne se permette, jusqu'à
faire trafic de la chair des hommes.
O très chère
fille, afflige-toi de l'offense qui m'est faite et pleure sur ces morts, afin
que la prière [23] triomphe de leur mort.
Tu vois
maintenant que toujours et d'où qu'ils viennent, tous les péchés sont dirigés contre le prochain, ou se
commettent à l'égard du prochain.
En dehors de
là, il n'y aurait jamais aucun péché, ni secret, ni public.
Il y a péché
secret, quand on n'assiste pas le prochain comme on le doit: le péché est
public, quand il engendre les vices, dont je t'ai parlé.
Il est donc
bien vrai que toute offense qui M'est faite ne peut M'atteindre sans atteindre
le prochain [24].
Extrait du livre « Le Dialogue de Sainte Catherine de Sienne », Traduction nouvelle de l’italien, Par le R.P. J..
Hurtaud, O.P., maître en sacrée théologie, « Le Livre de
la Miséricorde, Doctrine Divine, Exposée en langue vulgaire par la séraphique
Vierge Sainte Catherine de Sienne [...] »
Sources :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/catherine/oeuvres/dialogue.htm
aici sunt si
Scrisori ( Lettres )
dialoguecatherine from
Discerninghearts.com Blog
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