Dieu, la Sainte Trinité, Soeur
Marie Lataste mystique catholique
Dumnezeu,
Sfanta Treime, Sora Marie Lataste misticã catolicã
Je me tenais
un jour attachée d’esprit et de cœur à Jésus dans le sacrement adorable de
l’autel; j'étais heureuse si près de mon Dieu et j’attendais qu'il me fit
entendre sa parole, toujours pleine de douceur pour mon âme.
Bientôt j’entendis la voix de Jésus, elle me dit : « Prends un livre, ouvre-le et lis ce qui se présentera sous
tes yeux. »
Je pris mon
livre et je lus ce verset du psaume : « Le Seigneur est
infiniment élevé, il regarde cependant les humbles avec complaisance et ne voit
que de loin les orgueilleux. »
« Je veux vous expliquer aujourd'hui ces paroles. Écoutez-moi, ma fille :
« Le Seigneur est infiniment
élevé; car il est éternel, immuable,
immense, tout-puissant, souverainement sage et juste; il connaît tout, il sait
tout, il commande à tout, il est maître de tout. Toute grandeur devant sa
grandeur est bassesse; toute puissance, faiblesse devant sa puissance; tout
savoir, ignorance devant son savoir. Il est la seule bonté véritable et réunit
seul toutes les perfections. Il a tout créé par sa volonté, et il a conservé le
souverain domaine de toutes choses pour lui seul.
« Au commencement, il créa
le ciel et la terre; puis il créa l'homme. Après avoir formé son corps de
terre, il souffla sur lui et l’anima. Ce souffle de vie est l'âme de l'homme. Dieu doua l’âme de nobles facultés : la raison, l’entendement, la volonté
et la mémoire. Par ces facultés, il rendit l'âme
capable de le connaître et de connaître ses devoirs envers son créateur et
bienfaiteur. Il établit la volonté reine et maîtresse de toutes les autres facultés et de
l'homme tout entier. Il donna à la volonté la raison pour guide et pour compagne. L’entendement fut donné à l'homme comme un
flambeau, comme une lumière pour diriger ses pas et lui montrer la voie qu'il
devait suivre. Enfin, pour sa gloire et aussi pour celle de l'homme, Dieu ne
voulut point que l'homme lui fût soumis par force. Aussi, avec les facultés qui
lui faisaient connaître ses devoirs envers son auteur, Dieu lui donna-t-il la
liberté de les lui rendre ou de les lui refuser, voulant que l’accomplissement
de ses devoirs devint pour l'homme un sujet de mérites, tandis qu'il n’aurait dû
être qu’une obligation de stricte justice. Quelle ne fut pas
l’ingratitude et l'audace de l'homme lorsque, par son péché, il se révolta
contre Dieu et tourna contre lui, en l’offensant, les dons et les bienfaits
qu'il en avait reçus! La justice divine criait
vengeance, mais Dieu ne pouvait se résoudre à détruire le plus noble ouvrage de
ses mains et à perdre cette âme sortie de lui et faite à son image. Dans ce
combat de la justice et de la miséricorde, celle-ci l’emporta. Dieu, dont la
bonté est infinie, envoya son Fils pour sauver l'homme, et le Fils, par sa mort
et ses mérites vint satisfaire à la justice éternelle et donner la réparation
que l'homme ne pouvait donner.
« Dieu regarde cependant les
humbles avec complaisance. »
À l’occasion de ces paroles,
le Sauveur Jésus me traça le portrait de
l'homme humble et m’indiqua les sentiments qui le caractérisent. « Voyez, me dit-il, voyez cet homme d’une humilité
parfaite, combien il est agréable à Dieu! Considérez ses sentiments envers son Créateur, envers son prochain, envers lui-même. Premièrement, envers son
Créateur. Il reconnaît ses infinies
perfections, il le proclame auteur et souverain maître de toutes choses, son
Dieu, son conservateur et bienfaiteur perpétuel. Il s’abaisse profondément
devant lui, il lui offre et lui consacre l’être qu'il tient de lui seul, et lui
rend hommage en lui témoignant sa reconnaissance pour toutes les grâces, tous
les dons, tous les biens, tous les talents, toutes les qualités, toutes les
perfections du corps et de l’âme qu'il a reçus. Bien loin de se rien
approprier, il rend à Dieu grâces de tout, comme ayant reçu tout de lui,
remercie sa bonté et sa miséricorde, et désire que tous les hommes avec lui
offrent à Dieu toute sorte d’actions de grâces.
Deuxièmement, envers lui-même. Il reconnaît ce qu'il est par lui-même, néant et péché.
Il reconnaît qu'il a tout reçu de Dieu, qu'il est indigne de paraître devant
lui à cause de sa misère, de son peu de fidélité à correspondre aux grâces d’en
haut, de sa négligence à accomplir la volonté de son Père qui règne au ciel, et
surtout de ses défauts et de ses péchés. Voyant néanmoins que Dieu ne cesse pas
de l’aimer et de le combler de ses bienfaits, et ne sachant comment lui
témoigner assez sa reconnaissance, il s’abandonne tout entier à lui avec tout
ce qu'il est, avec tout ce qu'il a. Se reconnaissant indigne et incapable de
tout bien, digne au contraire et capable de tout mal, il met sa confiance en
Dieu, et attend de sa bonté tous les secours qui lui sont nécessaires pour
vaincre ses ennemis, éviter le péché et pratiquer le bien. Quand il se verrait
comblé de tous les dons du ciel, il ne perdrait jamais de vue qu'il ne peut
rien par lui-même et que, sans le secours perpétuel de Dieu, il tomberait à
chaque instant dans le péché. C'est pour cela qu'il se tient toujours
étroitement uni à Dieu, implorant sans cesse sa grâce et son secours.
Troisièmement, envers le prochain. L'homme humble se regarde comme le dernier des hommes et les place tous au-dessus de lui. Il voit Dieu en chacun de ses semblables et lui rend en leur personne l’honneur qui lui est dû. Il ne s’arrête pas à ce qu'il y a de matériel en eux, mais reconnaissant l’image de Dieu dans son prochain, il est pour lui plein d’égards et lui rend tous les honneurs et services qui sont en son pouvoir. Pour lui, se reconnaissant indigne de toute prévenance et de tout honneur, il croit mériter au contraire, avec l’oubli de tous, toute sorte d’affronts, d’outrage, de souffrances et d’afflictions, l’abandon de toute créature, la mort même, à cause de son néant et de ses péchés; il croit mériter, en un mot, que la création entière s’élève contre lui, parce qu'il s'est élevé contre le Créateur. Aussi, éprouvé par Dieu ou par les hommes, sachant qu'il mérite plus encore, demeure-t-il soumis, conserve-t-il la joie dans son âme et remet-il entre les mains de Dieu, tout ce qui le concerne. Combien cet homme est agréable à Dieu, combien il lui rend gloire, combien il lui plaît, en remplissant ses devoirs avec des sentiments si convenables et si saints!
« Dieu ne voit que de loin les
orgueilleux. Il y a deux sortes
d’orgueilleux : l’orgueilleux
impie qui s’élève contre Dieu, se révolte contre lui, lui
refuse l’honneur et l’hommage qui lui sont dus, et ne reconnaît d’autre Dieu
que son plaisir, d’autre loi que sa satisfaction. Cet orgueilleux, Dieu ne le voit que de loin, mais pour la ruine de l’orgueilleux, car cette
vue sera sa condamnation. L’autre orgueilleux, c'est celui qui, sous le voile de la
vertu, cache un cœur gâté par l’orgueil.
« Un homme est dans la bonne
voie, il veille sur soi, il s’observe sur tout et déteste le péché. Voici
comment de juste il peut devenir coupable, et de fils de Dieu, fils de Satan. L’ennemi de son salut ne lui proposera pas, dès le
commencement, des fautes graves, il ne lui inspirera pas de mauvaises pensées,
il sait qu’agir ainsi serait s’exposer à une défaite. Non, le Démon laisse cet
homme en repos pendant quelque temps, il le soutient même dans sa dévotion,
bien loin de l’en détourner; il lui inspire dans l’oraison
des pensées sublimes, qui sont pour lui pleines de consolations, et auxquelles
il s’attache aux dépens de la gloire de Dieu, qu'il devrait uniquement
chercher. Alors le Démon suggère à cet homme
une vaine complaisance pour lui-même, lui persuade qu'il est quelque chose et
même plus que les autres, et cet homme, au lieu de repousser ces pensées pour
tourner ses regards vers Dieu et lui rapporter tout ce qu'il a, écoute la voix
du séducteur, reçoit avec calme ses malignes inspirations, et, par une criminelle
injustice, ravit à Dieu, en se l’appropriant, un bien qu'il tenait de sa
miséricorde. Ainsi, cet homme pratique la vertu
non en vue de Dieu, mais pour sa propre satisfaction, croyant être aussi bon
qu'il se le persuade à cause de la paix et des consolations qu'il éprouve. Le
Démon profite de cela pour endormir sa vigilance, il l’amuse par de vaines
imaginations, lui persuade qu'il jouit de Dieu et lui fait négliger la garde de
son cœur. Dès lors il rallume les passions
dans le cœur de ce malheureux, qui, aveuglé par son amour-propre, ne s’en
aperçoit pas. Voyez pourtant comme l’abîme s’entr’ouvre sous ses pas. S’il
reçoit la moindre injure, lui qui se croit un saint, il la supporte avec grande
peine et ne peut guère l’oublier ni la pardonner. Il ne peut souffrir ni un
reproche ni une représentation quelconque, parce qu'il se croit plus sage et
plus éclairé que nul autre; tout l’offense, un mot, une parole, un rien. Il finit par n’avoir plus qu’un désir, celui d’être loué
et honoré par tout le monde. »
Soeur Marie
Lataste, mystique catholique, Livre 1, chapitre 11, Dieu, la Sainte Trinité
La Très Sainte et Majestueuse Trinité –
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