*Le respect humain
mène en Enfer*-Saint curé d’Ars., Myriamir le 3 Juin 2016
Ces chrétiens qui ne sont
chrétiens que de nom ; qui font
leur devoir de chrétiens d’une manière si misérable, qu’ils vous feraient
mourir de compassion. Voyez-en un, pendant sa prière faite avec ennui,
dissipation, sans respect. Voyez-les à l’église, sans dévotion : l’office commence toujours
trop tôt, et finit toujours trop tard ; le prêtre n’est pas encore descendu de
l’autel, qu’ils sont déjà dehors.
Pour la fréquentation des
Sacrements, il ne faut pas leur en parler : s’ils s’en approchent quelquefois, c’est
avec une certaine indifférence qui annonce qu’ils ne connaissent nullement ce
qu’ils font. Tout ce qui a rapport au service de Dieu est fait avec un dégoût
épouvantable.Mon Dieu ! que d’âmes perdues pour l’éternité ! Ô mon Dieu ! que le nombre de
ceux qui entreront dans le royaume des cieux est petit, puisqu’il y en a si peu
qui font ce qu’ils doivent pour le mériter ?
Mais, me direz-vous
maintenant : Qui sont donc ceux qui se rendent coupables
de respect humain ? écoutez-moi
un instant, et vous allez le savoir. D’abord, je vous dirai avecsaint Bernard que,
de quelque côté que nous considérions le respect humain, qui est la honte de
remplir ses devoirs de religion à cause du monde, tout nous démontre en lui le
mépris de Dieu et de ses grâces et l’aveuglement de l’âme. Je dis en premier lieu, que la honte de faire le bien, de
crainte d’être méprisé ou raillé de la part de quelques malheureux impies, ou
de quelques ignorants, est un mépris affreux que nous faisons de la présence du bon Dieu
devant lequel nous sommes et qui pourrait à l’heure même nous jeter en enfer.
Pourquoi est-ce que ces mauvais chrétiens
vous raillent et tournent en ridicule votre dévotion ? Hélas ! en voici la véritable raison : c’est que n’ayant pas la force de faire ce
que vous faites, ils
vous en veulent de ce que vous réveillez les remords de leur conscience ; mais, soyez bien sûrs
que dans le cœur ils ne vous méprisent pas, au contraire, ils vous estiment
beaucoup. S’ils ont un bon conseil à prendre, ou à demander une grâce auprès du
bon Dieu, ce n’est pas à ceux qui font comme eux qu’ils auront recours, mais à
ceux qu’ils ont raillés, du moins en paroles.
Vous avez honte, mon ami, de servir le bon Dieu,
par crainte d’être méprisé ?Mais, mon ami, regardez donc Celui qui est mort
sur cette croix ; demandez-lui donc s’il a eu honte d’être méprisé, et de
mourir de la manière la plus honteuse sur cette croix infâme. Ah ! ingrats que nous sommes envers Dieu,
qui semble trouver sa gloire à faire publier de siècle en siècle qu’il nous
choisit pour ses enfants.
Ô mon Dieu ! que l’homme est aveugle et
méprisable de craindre un misérable qu’en-dira-t-on, et de ne pas craindre
d’offenser un Dieu si bon. Je dis encore que le respect humain nous fait
mépriser toutes les grâces que le bon Dieu nous a méritées par sa mort et sa
passion. Oui, par le respect humain, nous anéantissons toutes les grâces que le
bon Dieu nous avait destinées pour nous sauver. Oh ! maudit respect humain, que tu
entraînes d’âmes en enfer !
En deuxième lieu, je dis que le respect
humain renferme l’aveuglement le plus déplorable. Hélas ! nous ne faisons pas attention à ce
que nous perdons. Ah ! quel malheur pour nous ! nous perdons notre Dieu, que
nul ne pourra jamais remplacer. Nous
perdons le ciel avec tous ses biens et ses plaisirs ! Mais un autre malheur,
c’est que nous prenons le démon pour notre père, et l’enfer avec tous ses
tourments pour notre héritage et notre récompense. Nous changeons nos douceurs et nos
joies éternelles contre des souffrances et des larmes. Ah ! mon ami, à
quoi pensez-vous ? Quels seront vos regrets pendant toute l’éternité !
Ah ! mon Dieu ! peut-on bien y penser et
vivre encore esclave du monde ?
Il est vrai, me direz-vous, que celui
qui craint le monde pour remplir ses devoirs de religion est bien malheureux,
puisque le bon Dieu nous a dit que celui qui aura honte de le servir devant les
hommes, il ne voudra pas le reconnaître devant son Père au jour du jugement. Mais mon Dieu ! craindre le monde, pourquoi
donc ? puisque nous savons qu’il
faut absolument être méprisé du monde pour plaire à Dieu. Si vous craigniez le monde, il ne
fallait pas vous faire chrétien. Vous saviez bien que sur les fonts sacrés du
baptême, vous prêtiez serment en présence de Jésus-Christ même ; que vous
renonciez au démon et au monde ; que vous vous engagiez à suivre Jésus-Christ
portant sa croix, chargé d’opprobres et de mépris. Si vous craignez le monde,
eh bien ! renoncez à votre baptême et donnez-vous à ce monde à qui vous
craignez tant de déplaire.
Mais, me direz-vous, quand est-ce que nous
agissons par respect humain ? Mon ami, écoutez-moi bien. C’est un jour que vous étiez à la foire,
ou dans une auberge où l’on mangeait de la viande un jour défendu et que l’on
vous pria d’en manger ; que, vous contentant de baisser les yeux et de rougir,
au lieu de dire que vous étiez chrétien, que votre religion vous le défendait,
vous en mangeâtes comme les autres, en disant : Si je ne fais pas comme les
autres, on se moquera de moi. – On vous raillera, mon ami ? Ah ! certes, c’est
bien dommage ! – Eh ! me direz-vous, je ferai bien plus de mal, en étant la
cause de toutes les mauvaises raisons que l’on dira contre la religion, que
j’en ferais en mangeant de la viande.
– Dites-moi,
mon ami, vous ferez plus de mal ?Si les martyrs avaient craint tous
ces blasphèmes, tous ces jurements, alors ils auraient donc tous renoncé à leur
religion ? C’est tant pis pour ceux qui font mal.
Hélas ! disons mieux : ce n’est pas assez que les autres malheureux
aient crucifié Jésus-Christ par leur mauvaise vie ; il faut encore vous unir à
eux pour faire souffrir Jésus-Christ davantage ? Vous craignez d’être raillé ?
Ah ! malheureux, regardez Jésus-Christ sur la
croix, et vous verrez ce qu’il a fait pour vous.
Vous ne savez pas quand vous avez renié
Jésus-Christ ? C’est un jour qu’étant avec deux ou trois
personnes, il semblait que vous n’aviez point de mains, ou que vous ne saviez pas faire le
signe de la croix, et que
vous regardiez si l’on avait les yeux sur vous, et que vous vous êtes contenté de dire votre Bénédicité ou vos grâces dans votre cœur, ou bien
que vous allâtes dans un coin pour les dire. C’est lorsque, passant vers une
croix, vous fîtes semblant de ne pas la voir, ou bien vous disiez que ce n’est
pas pour nous que le bon Dieu est mort.
Vous ne savez pas quand vous avez eu du
respect humain ? C’est un jour que vous trouvant dans une
société, où l’on disait de sales paroles contre la sainte vertu de pureté, ou
contre la religion, vous
n’osâtes pas reprendre ces personnes, et bien plus, dans la crainte que l’on
vous raille, vous en avez souri.– Mais, me direz-vous, l’on est bien forcé,
sans quoi l’on serait trop souvent raillé. – Vous
craignez, mon ami, d’être raillé ? Ce
fut bien aussi cette crainte qui porta saint Pierre à renier son divin Maître ;
mais cela n’empêcha pas qu’il commît un gros péché qu’il pleura toute sa vie.
Vous ne savez pas quand vous avez eu du
respect humain ? C’est un jour que le bon Dieu vous donna la
pensée d’aller vous confesser, vous sentiez que vous en aviez bien besoin, mais
vous pensâtes que l’on se moquerait de vous, que l’on vous traiterait de dévot.C’est une fois que vous aviez la pensée
d’aller à la sainte Messe dans la semaine, et que vous pouviez y aller ; vous
avez dit en vous-même que l’on se moquerait de vous et que l’on dirait : C’est
bon pour ceux qui n’ont rien à faire qui ont de quoi vivre de leurs rentes. Combien de fois ce maudit
respect humain vous a empêché d’assister au catéchisme, à la prière du soir !
Combien de fois, étant chez vous, et faisant quelques
prières ou quelques lectures de piété, vous êtes-vous caché voyant venir
quelqu’un ! Combien de fois le respect humain vous a fait
violer la loi du jeûne ou de l’abstinence, et n’oser pas dire que vous jeûniez,
ou que vous ne faisiez pas gras ! Combien de fois vous n’avez pas osé dire
votre Angelus devant le monde, ou vous vous êtes
contenté de le dire dans votre cœur, ou vous êtes sorti pour le dire dehors ! Combien de fois vous n’avez point
fait de prières le matin ou le soir, parce que vous vous êtes trouvé avec des
personnes qui n’en faisaient point ;
et tout cela, de crainte que l’on ne se moquât de vous !
Allez, pauvre esclave du monde, attendez
l’enfer où vous serez précipité ; vous aurez bien le temps de regretter le bien
que le monde vous a empêché de faire.Ah ! mon Dieu, quelle triste vie mène celui
qui veut plaire au monde et au bon Dieu ! Non, mon ami, vous vous trompez. Outre que vous vivrez
toujours malheureux, vous ne viendrez jamais à bout de plaire au monde et au bon Dieu ; cela est aussi impossible que de mettre fin à
l’éternité.
Voici le conseil que j’ai à vous donner, et vous serez
moins malheureux : ou donnez-vous tout au bon Dieu, ou tout au monde ; ne cherchez, et ne suivez
qu’un maître, et, une fois à sa suite, ne le quittez pas.
Saint curé d’Ars (1786 – 1859) – Sermon sur
le respect humain
source: http://www.chretiensmagazine.fr/2016/06/le-respect-humain-mene-en-enfer-saint.html
sursa :
https://myriamir.wordpress.com/2016/06/03/le-respect-humain-mene-en-enfer-saint-cure-dars/
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