La
Vie Chrétienne chez les Daco-Romains, IIe-VIe siècles, page 5-14, L’Eglise
Orthodoxe Roumaine, Monographie-Album, Bucarest, 1987
Aperçu
Historique
« Le
Saint Apôtre André a prêché l’Evangile du Christ en Scythie Mineure ( la
Dobroudja actuelle ) »
Après la descente
du Saint-Esprit et la fondation de l’Eglise chrétienne, à la Pentecôte, les
Saints Apôtres commencèrent, et leurs disciples continuèrent, l’œuvre de
propagation du nouvel enseignement chrétien, suivant que le Sauveur l’avait
ordonné avant Son Ascension aux Cieux ( Matthieu, 28, 19 ).
Selon certains témoignages historiques – parmi lesquels
une relation due au premier historien ecclésiastique, Eusèbe de Césarée en
Palestine (
340 ) – de même que selon la
tradition locale, sur le territoire de la Dobroudja
actuelle, qui à l’époque relevait de la province romaine de Mésie, prêcha l’un
des apôtres du Christ, à savoir Saint André.
Des toponymes de la Dobroudja et de la rive gauche du
Pruth, certaines créations folkloriques locales rendent compte eux aussi de la
présence et de la prédication de Saint André dans ces parages.
A la même période,
dans la péninsule des Balkans déployèrent leur activité le saint Apôtre Paul et
quelques-uns de ses disciples ( cf. Rom.15, 19 ; Tite 3, 2 ; Tim. 4,
10 ).
A partir de la Dobroudja et des territoires sud-danubiens
voisins, l’enseignement chrétien a pu être sporadiquement diffusé aussi au Nord
du Danube.
Comme on le sait,
suite à la conquête de la Dacie de Décébale, en 106, par l’armée romaine de
l’empereur Trajan, la plus grande partie du territoire de l’ancien Etat dace
fut transformée en province romaine.
D’importantes troupes ( environ 30.000 à 40.000 hommes,
soit un dixième du total des troupes romaines ), ainsi qu’un nombre
considérable de colons ( « des multitudes infinies de gens », d’après
le mot de l’historien Eutrope ) furent amenés dans la nouvelle province, de
toutes les parties de l’Empire ( « ex toto orbe romano » - selon le même historien ), mais surtout des provinces romaines sud-danubiennes
voisines et du Proche Orient, c’est-à-dire des territoires romanisés et
convertis au christianisme depuis déjà quelque temps.
La colonisation devait contribuer à l’affermissement de
la domination romaine en Dacie.
En effet, le caractère organisé et massif de la colonisation
fit que la population dace autochtone subît puissamment l’influence romaine.
Relativement dans peu de temps, les Daces se romanisèrent
en s’appropriant la culture, les us et les coutumes, certaines croyances
religieuses et la langue des conquérants.
C’est ainsi qu’à
l’époque où les légions et l’administration romaines se retirèrent au Sud du
Danube, aux années 271-275, le territoire Nord-Danubien était habité par une
population dacique romanisée, ou daco-romaine, parlant une langue latine
« populaire ».
Durant la
domination romaine en Dacie, 106-271, la religion chrétienne gagna de nouveaux
adeptes grâce au contact direct de la population autochtone avec les porteurs
de la nouvelle croyance : colons, militaires, marchands, dont un bon
nombre étaient venus du Sud du Danube ou du Proche Orient où avaient prêché les
Saints Apôtres Paul et Pierre ou d’autres encore, ainsi que leurs disciples.
Le
christianisme se heurta cependant à des difficultés nées de sa condition de
« religion illicite », jusqu’en 313, lorsque l’empereur Constantin le
Grand, par le bien connu « Edit de Mediolanum » ( Milan ), proclama
la liberté des cultes.
Après l’évacuation de l’administration et des légions
romaines de Dacie ( 271-275 ), des conditions favorables pour la diffusion du
christianisme dans l’espace carpato-danubien furent créées.
Le fait que la partie méridionale de la Roumanie actuelle
connut de nouveau la domination de l’Empire Romain y contribua lui aussi.
En effet, les
liaisons permanentes entre les habitants parlant la même langue sur les deux
rives du Danube contribuèrent amplement à la diffusion de l’enseignement
chrétien.
Cette assertion
est confirmée par les pièces d’archéologie paléochrétienne découvertes jusqu’à
ce jour dans les territoires ayant appartenu à l’ancienne
province de la Dacie Trajane :
- la
plaque votive ( donarium ) de Biertan
( département de Sibiu ), portant l’inscription latine « Ego Zenovius
votum posui »* ;
- la gemme
de Potaissa** ( actuellement Turda ), marquée d’une série de
symboles chrétiens ;
- un
fragment de disque découvert à Moigrad
( l’ancien Porolissum, dans le
département de Sãlaj ) ;
- deux
gemmes de Romula ( aujourd’hui Resca ) département de l’Olt ),
portant le signe de la croix ;
- plusieurs
lampes de la même période, etc.,
estimés datant du IVe siècle.
- *(dessin
) plaque votive ( donarium ) en
bronze, formée d’une tabella ansata
à l’inscription ajourée : Ego Zenovius votum posui ( Moi, Zenovius, j’ai tenu promesse )
et d’un disque portant le monogramme du
Christ ;
Biertan, département de Sibiu ( IVe s.) ;
- **
(dessin ) gemme ( intaglio ) en onyx, à l’inscription IXQYC, trouvée à Potaissa ( IIIe-IVe s.).
C’est là l’indice que des groupes de chrétiens existaient
dans les localités respectives dès la fin du IIIe siècle ou le début du siècle
suivant.
Un puissant argument parlant de l’ancienneté du christianisme chez les Roumains nous est fourni par les nombreux mots à sens religieux appartenant au fond lexical essentiel de
la langue roumaine et étant d’origine latine ( Dumnezeu =
Dieu, crestin = chrétien, bisericé = église, sãrbãtoare = fête, pãresimi =
quadragésime, duminicã = dimanche, Crãciun = Noël, Florii = Pâques fleuries,
Rusalii = Pentecôte, înger = ange, altar = autel, cruce = croix, a boteza =
baptiser, a cununa = marier, a cumineca = communier, a se închina = se signer,
lege = loi, pãcat = péché, pãrinte = prêtre, pãgân = païen, etc. ).
Ainsi, par
exemple, 90 pour cent ( 90% ) des mots de la prière « Notre Père »
sont d’origine latine, ce qui signifie qu’elle était déjà connue dès l’époque
de la domination romaine en Dacie.
Il en est de même
du Symbole de Nicée-Constantinople.
On peut donc conclure que le processus de romanisation
était indissolublement lié à celui de christianisation de la population
autochtone et des colons romains.
La langue latine
et la foi chrétienne, ce sont là les facteurs ayant contribué à l’unification
des autochtones et des nouveaux venus en Dacie, ressortissant d’ethnies et de
croyances diverses.
Les Martyrologes font état, pour la Dobroudja actuelle
( et surtout aux années 293 et 303-304 ), d’un nombre significatif de victimes
tombées durant la persécution déclenchée par
l’empereur Dioclétien ( 284-305 ) contre le christianisme qui devait tenir tête à la
religion officielle.
En voilà :
- à Durostorum, les soldats Pasicrat,
Valentin, Marcian et Nicandre, le vétéran Iulius ; il s’y ajoute le
militaire Emilianus, martyrisé
au temps de Julien l’Apostat, en 362 ;
- dans le
village d’Ozobia - Quintilien,
Maximus et Dadas ;
- à Halmyris – le prêtre Epictète et Astion ;
- à Tomis – les évêques Ephrem et
Tite, ainsi que quelques 60 autres
martyrs.
Les fouilles archéologiques de 1971 à Niculitel ( dans le
département de Tulcea ), non loin de l’ancien Noviodunum ( Isaccea actuelle ),
ont livré une crypte renfermant les reliques de deux autres martyrs dont les
noms restent inconnus.
Leur martyre à
tous est supposé avoir eu lieu en 303 ou 304.
De la seconde moitié du IVe siècle on connaît le nom de
quelques chrétiens ( Nichita, Sava et autres ) martyrisés au Nord du
Danube, sur l’ordre de chefs goths.
Le processus
d’organisation ecclésiastique des communautés chrétiennes commence comme une
conséquence de la multiplication du nombre des adeptes et de l’accroissement de
l’influence exercée par la nouvelle croyance dans les rangs des masses.
C’est un
phénomène qui peut être saisi aussi sur le territoire de la Roumanie
d’aujourd’hui.
Les actes des premiers Conciles œcuméniques, d’autres
sources encore nous font voir qu’au début du IVe siècle – peut-être même plus
avant cela – dans les provinces romaines
sud-danubiennes il y avait plus de quarante sièges diocésains.
Quinze environ de ceux-ci se trouvaient sur la rive droite du Danube, dans la
Yougoslavie et la Bulgarie actuelles, à savoir :
- Sirmium
( aujourd’hui Mitrovitsa ),
- Sigidunum
( Belgrade ),
- Viminacium
( Costolats ),
- Aquae (
Negotin ),
- Ratiaria
( Arcer ),
- Œscus (
Gigen ),
- Novæ (
Svistov ) ;
- Sexanta
Prista ( Russe ),
- Appiaria
( Riahovo ),
- Durostorum
( Silistra ),
- Abrittus
( Razgrad ),
- Nicopolis
( Nikiup ),
- Marcianopolis
( Devnja ),
- Odessos
( Varna ).
Il est à supposer que les évêques respectifs organisaient
des « missions » au Nord du Danube aussi, en contribuant à la
propagation de l’enseignement chrétien par les prêtres, mais surtout par les
ainsi nommés « horévêques ».
- (dessin
) : Inscription funéraire chrétienne, Dobroudja, IVe-VIe.
- (dessin
) : Le cercueil avec les reliques des quatre martyrs et l’inscription
de leurs noms : Zoticos,
Attalos, Kamasis et Filippos, découverts à Niculitel, département de
Tulcea, IVe-Ve s.
Dans la Scythie
Mineure – la Dobroudja de nos jours, province créée à la suite de la réforme
administrative de l’empereur Dioclétien ( 297 ), il y avait un siège diocésain
à Tomis ( Constanta ).
Les actes martyrologiques font état ici des évêques
Evangelicus, Ephrem et Tite, au début du IV siècle.
Un évêque de
Tomis aurait probablement pris part au premier Concile œcuménique de Nicée , en
325.
Le premier évêque attesté de façon certaine à Tomis est Vetranion ou Bretanion à l’année 369.
Les successeurs de celui-ci connus par leur noms
sont :
- Gherontie ( Terentius ), participant au second
Concile œcuménique de 381,
- Teotim Ier ( 392, 403 ),
- Timothée, participant au IIIe Concile
œcuménique de 431,
- Jean, Alexandre ( 449, 451 ),
- Teotim II ( 458 ),
- Paternus appelé « episcopus
metropolitanus » ( début du VIe siècle ),
- Valentinien ( 549, 553 ).
Ceux-ci tous, hommes très cultivés, auteurs d’écrits
théologiques, ont pris part aux disputes dogmatiques de l’époque ou aux travaux
des cinq premiers Conciles œcuméniques, ou bien des Conciles locaux, à
Constantinople.
Au VI siècle, la Scythie Mineure était une « province métropolitaine », son titulaire était devenu métropolite, ayant sous sa juridiction 14 évêchés suffragants dans
les villes principales de la province :
- Axiopolis,
- Capidava,
- Carsium,
- Troesmis,
- Noviodunum,
- Ægysus,
- Salsovia,
- Halmyris,
- Tropæum
Traiani,
- Zaldapa,
- Dyonisopolis,
- Callatis,
- Histria,
et
- Constantiana.
Ceux-ci, ainsi que Tomis et les évêchés de la rive droite
du Danube, étaient tous en liaison directe avec le patriarche de Constantinople ( c’était là la nouvelle capitale de
l’Empire ) conformément au principe établi par un Arrêté du
quatrième Concile œcuménique de Chalcédoine ( 451 ).
Parmi les quelques théologiens de prestige originaires de
la Scythie Mineure nous citons :
- Saint Jean Cassien ( env. 360 – env. 435 ), auteur de certains ouvrages, fondateur de deux couvents à Massilia, aujourd’hui Marseille – France, et
- Denys le Petit ( env.460 – 545 ) lequel jeta les bases du système chronologique actuel, où les années sont
comptées à partir de la naissance du Christ ( « l’ère
chrétienne » ou « notre ère » ).
La diffusion massive du christianisme dans le territoire
compris entre le Danube et la Mer Noire est également confirmée par les quelque
30 basiliques des IVe-VIe siècles découvertes ici, dont quatre à Tomis, cinq à
Tropæum Traiani ( Adamclisi ), cinq
à Histria, d’autres à Beroe ( aujourd’hui Piatra Frecãtei ), Trœsmis (
actuellement Iglita-Turcoaia ), Dinogetia ( Garvãn ), Axiopolis ( Hinog, près
de Cernavodã ), Constantiana ( aujourd’hui Capul Dolojman ), Callatis ( Mangalia ), Ulmetum ( Pantelimon ), Ibida ( Slava Rusã ),
Niculitel, etc.
A ces églises viennent s’ajouter environ 100 inscriptions
et de nombreux objets à caractère chrétien ( IVe-VIe siècles ), dont le plus
important est le disque en argent doré de l’évêque Paternus de Tomis, refait au
début du VIe siècle ( à présent au Musée de l’Ermitage à Leningrad ).
Quant au reste du territoire de la Roumanie, on a
découvert les traces d’une église paléochrétienne érigée sur les ruines de
l’ancien castrum romain de Slãveni dans le
département de l’Olt ( IVe siècle ), les fondations d’une église
paléochrétienne bâtie au-dessus des constructions de l’ancien municipium Porolissum ( aujourd’hui Moigrad, dép.
de Sãlaj ), ainsi que les fondations de deux basiliques, l’une à Sucidava ( aujourd’hui Celei-Corabia ),
présentant nombre d’objets chrétiens et d’inscriptions, et l’autre à Morisena ( actuellement Cenad, dép. de
Timis ), les deux datant des IVe-VIe siècle.
Bien que l’on ne
dispose pas d’informations quant à l’existence d’évêques au Nord du Danube,
c’est-à-dire dans la Dacie Carpatique, on ne saurait toutefois exclure la possibilité
d’une telle existence, peut-être à Sucidava ou à Morisena, importants centres chrétiens des IVe-VIe siècles où –
comme on l’a vu – ont été mis au jour des fondations de basiliques et des
objets paléochrétiens.
Cependant, au Nord
du Danube ont pu d’ailleurs déployer leur activité des horévêques ou évêques de village
( hcwra-aV = village ), qui se trouvent attestés aux IIIe-XIe siècles.
Ils habitaient dans des villages et
- (dessin
) : Lampe en terre cuite – le Christ et les douze apôtres, à
l’inscription Pacem meam vo vobis ;
- (dessin
) : Lampe en bronze découverte à Luciu, département de Ialomita et
datant du VIe siècle ;
- (dessin
) : Encensoir en bronze, Dinogetia, VIe siècle ;
- (dessin
) : Disque ( plateau ) partiellement doré, découvert par hasard en
1912. Côté intérieur, au centre, un grand chrisme flanqué des lettres A et W, inscrit dans un double cercle incisé qui porte gravée l’inscription latine : È Ex antiquis renovatum est per Paternum,
reverendissimum episc(opum) nostrum amen = « (Ce disque) a été refait de (pièces)
anciennes, par le soin de Paternus, notre très vénéré évêque, amen ».
Le disque est daté des années 491-518 ;
- Sucidava.
Miroir en plomb orné de croix en relief ; première moitié du Ve
siècle.
Leur activité se limitait aux missions confiées par des
évêques à éparchie, en l’occurence ceux de Tomis ou ceux des villes
susmentionnées de la Scythie Mineure.
Dans les territoires nord-danubiens ont pu également
œuvrer certains évêques missionnaires connus sous le nom de periodeuti.
Ceux-ci habitaient la cité du siège épiscopal et ne se
déplaçaient dans l’éparchie que lorsque leur évêque le leur demandait.
Au VI siècle, les
communautés chrétiennes de la rive gauche du Danube entretenaient des rapports avec
l’archevêché de Justiniana Prima, créé par l’empereur Justinian ( 527-565 ) en
535 ( sur l’emplacement actuel de la localité Tsaricin Grad en Yougoslavie ).
Comme on le voit, chez les Roumains on ne saurait parler
d’une christianisation du peuple à telle ou telle date, d’une conversion en
masse, sur l’ordre des dirigeants politiques ou consécutive à l’activité de
quelques missionnaires officiels, comme il en fut de certains autres peuples.
Chez les
Roumains, le processus de christianisation revêt des traits spécifiques, dans
ce sens qu’il a duré quelques siècles, étant le résultat du contact direct de
la population autochtone et des colons avec les propagateurs de la nouvelle
croyance religieuse, la romanisation et la
christianisation allant de pair, en tant que processus parallèles
indissolublement liés.
Il nous faut également retenir le fait que l’Eglise
protoroumaine – avec ses éparchies – ne s’est jamais trouvée « sous la
juridiction de Rome », tel qu’à tort on l’affirme encore et le font
jusqu’à des historiens.
Comme on le
sait, au cours des trois premiers siècles chaque Eglise locale avait son propre
évêque, était pleinement « autocéphale », ne relevant d’aucun autre
hiérarque.
Tel fut le cas, par exemple, de Tomis.
La nouvelle
organisation administrative du territoire dans l’Empire romain commencée sous
Dioclétien ( 297 ) entraîna des conséquences aussi pour l’organisation de
l’Eglise.
L’Empire fut alors divisé en quatre préfectures ( Orient,
Illyricum, Italia, Gallia ), placées sous l’autorité des préfets, chaque
préfecture en diocèses, 12 au total, à la tête desquels se trouvaient des
vicaires ( ou exarques ) et chaque diocèse en provinces ( ou éparchies ) au
nombre de 101.
L’empereur Constantin le Grand inaugura, en l’an 330, la
nouvelle capitale appelée, selon son propre nom, Constantinople.
A la même occasion, le nombre des diocèses passa à 14 et
celui des provinces, à 117.
L’Empire romain, dirigé parfois par deux empereurs, dont
l’un en Occident ( à Rome ) et l’autre en Orient ( Constantinople ou Sirmium ),
était pour autant considéré comme un Etat unitaire.
Ce n’est qu’en
395, après la mort de Théodose le Grand, que l’Empire fut effectivement
partagé :
- celui d’Orient, ayant pour capitale Constantinople,
dont devait se développer « L’Empire byzantin », et
- celui d’Occident, avec la capitale à Rome ou à Ravenne,
qui sera conquis en 476 par les Hérules.
De la sorte, les
provinces dites de « la romanité
danubienne » entrèrent dans la composition de l’Empire d’Orient ( en 427-437 même les provinces Pannonia et Noricum, relevant
jusqu’ici de l’Empire d’Occident, passèrent à celui d’Orient ).
Cette division administrative-territoriale de l’Etat ne
manqua pas, comme nous l’avons déjà dit, d’influencer l’organisation
ecclésiastique.
En effet, les Eglises locales se sont orientées, sous ce
rapport, d’après l’organisation politique.
C’est ainsi que les évêchés
des provinces se sont groupés autour de l’évêque se trouvant dans la capitale
du diocèse et
qui devint, de cette façon, métropolite ( de metropolis ).
Avec le temps, les métropolites eux-mêmes se placent sous
l’autorité d’un exarque dont le siège était dans la capitale du diocèse
administratif.
Une fois créée la
nouvelle capitale, Constantinople ( 330 ), il fallut que le dirigeant
ecclésiastique de l’endroit reçût lui aussi un titre correspondant.
C’est pourquoi,
par le troisième Canon du Concile œcuménique de 381, on accorda à l’évêque de
Constantinople le primat d’honneur dans l’Orient.
Toutes les provinces de l’Empire d’Orient entrèrent ainsi
sous la juridiction du titulaire au siège de Constantinople.
Un Décret de
l’empereur Théodose II, datant de l’an 421, établissait par écrit le fait que
toutes les provinces de la préfecture d’Illyricum ( faisant partie de l’Empire
d’Orient ) passaient sous la dépendance de Constantinople, ce qui serait
consacré aussi par le Code Théodosien de
438.
Le quatrième
Concile œcuménique reconnut officiellement la dignité de patriarche dans
l’Eglise et établit en même temps l’ordre canonique ( Rome, Constantinople,
Alexandrie, Antioche et Jérusalem ).
Par le Canon 28 du même Concile, le siège de Constantinople, « la nouvelle Rome », obtenait la juridiction sur :
- le Pont,
- l’Asie,
- la Thrace et
- « les provinces
danubiennes ».
C’est ainsi que l’Eglise de nos ancêtres fut placée sous la juridiction du
Patriarcat de Constantinople.
L’Eglise
roumaine, avec ses fidèles – qui sont pourtant d’origine latine, a toujours été
attachée par les liens canoniques, d’organisation et de culte au Patriarcat de
Constantinople, c’est-à-dire autant avant, qu’après 1054, l’année de la
scission entre « l’Eglise d’Occident » et « l’Eglise
d’Orient ».
De cette façon, les Roumains sont
restés jusqu’à ce jour, dans le monde entier, le seul peuple d’origine latine,
mais de rite orthodoxe.
Autrement
dit, le peuple roumain ne relève de Rome que par son origine et par sa langue, alors que du point de vue de la
foi, il a été toujours relié seulement au Sud-Est européen, ce qui revient à
dire – à l’Orthodoxie.
Extrait du livre : L’Eglise Orthodoxe Roumaine Monographie-Album,
pages 5-14,
publié(e) avec la Bénédiction de Sa Béatitude TEOCTIST Le Patriarche de l’Eglise Orthodoxe Roumaine, Editions
de l’Institut Biblique et de Mission de l’Eglise Orthodoxe Roumaine, Bucarest- 1987.
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