Skiknaba
2014, Skikda, Annaba, Algeria, July 11-22, 2014
Du 11 au 22 juillet dernier, l'Université d'été Skiknaba
2014 a rassemblé une vingtaine d'étudiants catholiques de diverses universités
algériennes.
Anne Furst, journaliste résidant à Montpellier, a
participé à l'animation de la session.
Elle nous livre son regard sur cette expérience.
Une épreuve.
Pour ces jeunes venus de toute l'Afrique pour étudier à
Annaba, Oran ou Constantine, tenir au quotidien sur cette terre algérienne
tellement « autre » est une épreuve.
Trouver des soutiens affectifs et nourrir une vie
relationnelle riche sans pour autant se replier dans des bulles protectrices - connections web
avec la famille là-bas, communautés de compatriotes ici ou encore petites
bulles de l'entre-soi chrétien : le voici, l'enjeu.
Skiknaba, université d'été des étudiants catholiques
d'Algérie, ne trouve-t-elle pas là son sens le plus profond ?
Une boussole dans cette traversée périlleuse, une
nourriture pour se maintenir éveillés au Christ, Lui qui se présente en
personne sur ce chemin.
Être pleinement présents
Traduction la plus immédiate de cet enjeu : le travail
des participants au sein de quatre ateliers, à commencer par celui proposant un apprentissage de l'arabe (avec le père Théoneste) et celui offrant aux
participants de trouver «
Que répondre ? » dans les discussions sur la religion qu'ils engagent avec leurs compagnons
d'études musulmans (avec le père Bruno).
Être pleinement présents à une vie algérienne, nourrir le
désir de la relation, savoir quelle est notre foi et qui est Celui qui nous
appelle, se disposer toujours et encore au témoignage le plus humble qui soit,
témoignage de foi, d'espérance et de charité... : c'est dans cet éclairage
aussi que l'on peut envisager le travail des ateliers « Bible » avec le( père Bernard) ou « Vivre
avec le Web » (que j'ai animé).
Cuisiner, nager, prier, briquer, chanter, rire... : une
fraternité qui nourrit et envoie. Une partie de basket se termine dans la cour de la maison de Skikda.
On entend le muezzin qui appelle à la prière.
Un petit groupe répète les chants pour la messe du soir.
Dans la cuisine, des étudiants s'affairent pour nous
régaler, coachés par le père Roland et son acolyte constantinois Rami.
Une équipe nettoie les sanitaires et une autre ramasse
des branchages dans le jardin. Sous les palmiers, quelques uns rangent les
tentes où loge une partie du groupe.
Des maillots de bain sèchent à côté de la vigne
grimpante, signatures de la virée quotidienne à la plage...
Nous avons partagé les tâches du quotidien, nous nous sommes raconté un tas d'histoires autour
de la table, nous avons prié, célébré et chanté ensemble, nous avons débattu,
nous nous sommes écoutés, nous avons beaucoup ri !
Au milieu de nous, comme un cadeau, Yacine, habitant de
Skikda, et Rami, notre cuisinier, signes de l'hospitalité réciproque entre
chrétiens et musulmans.
Pour les étudiants, autant de provisions pour retrouver
ensuite la cité U et son quotidien souvent aride.
Et pour moi la joie de découvrir de nouveaux frères et
soeurs burundais, zimbabwéens, burkinabés, ghanéen, capverdien, rwandais ou
encore malgaches !
Vers une relation d'alliance
Chaque matin, une vidéo nous donne à voir quelques
visages parmi « Sept milliards d'autres », et notre prière s'ouvre sur
le monde.
Au fil de la session, nous recevons le témoignage de ceux
qui, sur la terre algérienne, suivent le Christ livré au monde : Paul, le père
évêque, ou encore les Petites Soeurs des pauvres que nous avons rencontrées
dans la maison de retraite qu'elles font vivre à Annaba.
A Hippone toujours, nous avons contemplé les racines,
profondes, qui lient les chrétiens à l'Afrique du Nord, racines dont nous avons plus que besoin
pour vivre en vérité avec nos frères et soeurs musulmans.
Une solidarité sans confusions : c'est le sens de la
proposition qui a été faite aux étudiants de vivre une journée entière de
Ramadhan.
Nous y avons lu une lettre de Pierre Claverie, évêque
d'Oran assassiné en 1996.
Il nous dit que s'associer au jeûne des musulmans est une
façon « d'entrer, comme Jésus et avec lui, dans une relation d'alliance avec
une humanité concrète », mais sans « mimétisme », sans « nous
associer totalement à ce que vivent les autres dans un autre esprit» (in Lettres
et Messages d'Algérie, lettre n°36).
Renoncer à toute domination culturelle
Parmi notre vingtaine d'étudiants, seulement deux étudiantes.
L'une d'elles interpelle le père évêque : pourquoi pas
une session islamo-chrétienne ?
A condition, répond Paul Desfarges, que l'organisation
soit partagée par des catholiques et des musulmans.
Renoncer à toute forme de domination culturelle, jusque
dans l'organisation même du dialogue ?
Une invitation à la conversion qui pourrait s'adresser à
nous, qui vivons en France, en ces temps où notre Église traverse la tentation
de l'entre-soi, voire du repli sur une «
chrétienté » à reconstruire (lire à ce sujet la communication de Mgr Dagens,
évêque d’Angoulême, à l’Assemblée des évêques de France, le 8 avril 2014).
Au fil de cette traversée que vivent les étudiants
catholiques d'Algérie, l'Esprit oeuvre dans les coeurs.
Et l'Église travaille à lui faire place, cette Église de
Constantine qui m'a accueillie et dont j'ai découvert avec bonheur les choix et
les engagements.
Une Église pauvre et servante, qui apporte un témoignage
brûlant d'actualité pour les temps que nous vivons.
Anne Furst
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog
skiknaba2014.wordpress.com
Ten
days at Skiknaba
Kudzy, étudiant du Zimbabwe, raconte avec enthousiasme
les dix jours de session de juillet dernier à Skikda. Nous avons laissé le
texte tel qu'il l'a rédigé : en anglais avec la finale en français.
Summer in Algeria is not
easy for students. It will be hot, boring because of no activities, but thank
the Almighty God we had a wonderful, blessed time in Skikda.
Firstly it
was not easy to get along because of different nationalities, languages; but
where there is the love of God everything is possible. The first day there was
no activity, we only had a mass and introduction of oneself, allocation of
rooms and duties.
Skiknaba,
what I can say is that it was a blessing to all because after the first day we
were a one big family. We went to the beach early in the morning and almost
everyone was feeling sleepy but since for most of us it was the first time, it
did not matter. We had an undescrible fun that the time seemed to be very short
although I can say it was.
Furthermore,
it came to the core business. We had a service every morning and evening and
this created a close relationship with us and God. We studied the Bible from
Genesis to Revelation and thanks to Fr Bernard who made it possible. The questions that worried and caused confusion
about our Bible and the questions from our Muslim brothers were made easier by
Fr Bruno in Que répondre.
More so, we
had very interesting class such as Arabic with Fr Théo and Vivre avec
le web with Anne. Fr Théo made it possible for all of us to know the basic
Arabic and through his intellectual tactics and Arabic songs it was made easier
and interesting. Our minds were then evidenced by Anne through her knowledge of
the internet and her love as a mother. We learned that our influence as
Christians is needed on the internet because it is a way to experience the call
to discover the beauty of faith and the beauty of encountering Christ.
Moreover, for
a human being, to be happy, his/her stomach should be happy and this we thank
Ramy and Fr Roland with their magic hands in the kitchen. The food was out of
this world and each day we had a new and delicious recipe. This made the day
and everyone and even in Annaba
their influence was there and only the places changed but the food the sauce
five star meals. The harmony that was there fulfills the Shona proverb that
"ukama igasva unozadziswa nekudya" which means that a relationship
can be strengthened by food.
There was
also free time to play basketball , ping-pong, cards, theatre. This made the
circle of life to be complete not to forget the beach which was loved by many.
Thanks to the fathers, everyone now
knows how to swim. This time made us cry in tears of joy with the jokes of
people like Fr Bernard and Amilton. We managed to learn more than one language
Kirundi phrases : "Tiri kuridya nyama", Portuguese and Shona and this
was a lot of fun for a lifetime.
The visit to
the basilique of St Agostine of Annaba
was beneficial spiritually and also historically. We learned on who was
Agostine, his parents, lifestyle and how he served God in such an adorable way.
We had tours at the museum nearby and at the basilique. We visited the old at
the basilique and this strengthened the greatest commandment of love.
It is at this
juncture of significance through the above that one can safely postulate that
our time in Skikda was blessing and fun. Je remercie Dieu pour tous ces moments qu'on a passés
ensemble et pour toutes les grâces que nous avons reçues. Je remercie aussi les
pères, Anne, Yacine et Ramy pour leurs témoignages et interventions. Je
remercie aussi mes camarades étudiant(e)s pour leur présence, leurs
interventions et témoignages. Que Dieu nous bénisse et ne cesse d'être proche
de nous. Amen !
That's my
story
Elijah
Anderson a.k.a. Kudzy
Étudiant
zimbabwéen à Constantine
Pages 19–21 Skiknaba, L’Écho du
Diocèse de Constantine et d’Hippone 15 Octobre 2014, 94ème
année no 4,
http://www.eglise-catholique-algerie.org/articles.php?lng=fr&pg=812
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu