Une page
sur ma vie en Algérie, Jésus qui m’a brûlé le cœur
« Jésus qui m’a brûlé le coeur », car Il a « forcé mes
pas à l’aventure »
« Il « m’a brûlé le
coeur au carrefour des Ecritures » et Il a « tourné mes sens à l’intérieur ».
Quand on m’a demandé d’écrire ce témoignage, cet hymne du
temps pascal que j’aime bien m’est revenu à l’esprit : « Jésus
qui m’a brûlé le coeur »,
car Il a « forcé mes pas à
l’aventure » de venir en Algérie sans savoir à quoi j’aurais à faire
face.
Il m’a soutenu dans mes difficultés à m’adapter pendant
les deux premières années par la présence de mes compatriotes et des autres
étudiants, par la présence de quelques amis algériens qui m’ont accepté parmi
eux malgré nos différences, et plus tard par la communauté paroissiale.
De ma relation avec Jésus
Au début, je me suis posé beaucoup de questions sur le
salut par les propos de mes amis musulmans sur le fait qu’on n’irait pas en
paradis parce qu’on a falsifié l’Evangile et qu’il fallait être musulman pour
être sauvé… alors que je pensais la même chose d’eux – en sens inverse -.
Et comme réponse de sa part, il y avait cette
récollection à Ben Smen sur «
Nourrir sa foi chrétienne en terre d’Islam », pendant laquelle on avait un partage avec le P.
Christian qui nous a éclairés sur cette question et dans un temps de prière, on avait à méditer
sur l’Evangile qui parle de la femme syro-cananéenne.
Alors, j’ai pu comprendre que Dieu veut sauver tous les
hommes par Jésus la Voie, la Vérité et la Vie, et que la foi de cette femme l’a
fait changer d’avis sur sa mission, au début pour les Juifs, pour devenir pour
l’humanité entière.
Même si en ce moment, je ne le savais pas, Il « m’a
brûlé le coeur au carrefour des Ecritures » et Il a « tourné mes sens à
l’intérieur ».
Après cette récollection, j’allais plus souvent à la
paroisse.
Avant, je ne m’y sentais pas vraiment à l’aise à cause de
la messe en français, des chants que je ne connaissais pas, et surtout le petit
nombre et qu’on célébrait la messe du dimanche le jeudi !
Mais il me fallait rejoindre la paroisse parce que je ne
cessais pas de me poser des questions sur moi-même, sur le fait d’être
chrétien, sur l’Islam, etc. et aussi sur le petit nombre qu’il y avait, les
anciens commençaient à partir.
Puis j’ai découvert qu’il y avait pas mal d’activités,
surtout l’été, en plus des JDE. Parmi les plus marquantes, on avait des JDE en mars 2010, sur « Faire un choix » qui m’a éclairé sur pas mal de
points ; la session pour les familles chrétiennes algériennes pendant laquelle la prière du petit Saber était toute action de
grâce, et à Taizé-Tlemcen où j’ai découvert la beauté du
silence et l’importance de dire à quelqu’un ce qui nous pèse dans le coeur, en
confession ou pas.
En 2012, le diocèse a envoyé une équipe pour se
former sur la transmission des récitatifs bibliques (gestuation) en France.
Pendant la session, j’ai été touché par ce geste du
disciple, qui écoute et « fait » la Parole de Dieu.
Et Marie, qui en était la première, a tellement obéi à la
Parole qui a pris corps en elle, et l’a mise au monde : Jésus.
Je l’ai pris comme une invitation à mon tour, de « mettre
au monde » cette Parole. Et lors de notre passage à Taizé, la méditation de fr
Aloïs portait sur l’engagement pour toute la vie.
Au retour, j’en ai parlé à P. Paul qui m’a encouragé à
chercher cette forme d’engagement.
Pour l’instant, c’est par la transmission des récitatifs
bibliques que je le vis.
Là encore, Jésus
m’a brûlé encore une fois et une autre aventure commence.
De mes relations avec les Algériens dans mes études
Dès le début, il y avait deux groupes : ceux qui sont
ouverts et qui sont devenus des amis, ceux qui, après avoir essayé de me
convertir, se sont retirés et ne me parlaient presque plus.
Je n’hésitais pas à me faire des amis et de temps en
temps, quoique ce soit rare, ils m’invitaient chez eux.
On parlait beaucoup de religion, des études, de l’avenir
: se marier, travailler ou continuer, partir ou rester…
Au début, je n’osais pas parler du christianisme parce qu’ils ont des préjugés sur les
chrétiens et ont peu de connaissance sur le sujet, et surtout qu’ils ne
tolèrent pas qu’on parle différemment de ce qu’ils pensent.
Mais au fur et à mesure, certains me posaient des
questions et je leur répondais avec le peu que je connais et avec mes
convictions personnelles.
Ça n’a pas plu à tout le monde : mon meilleur ami me
disait, un jour, qu’on ne pouvait plus être amis, à cause de ce que disent les
chrétiens sur Dieu ; le Noël d’après, il disait à tout le monde que c’était haram
de souhaiter
joyeux Noël,
d’après ce qu’il avait entendu à la mosquée !
J’en étais profondément déçu et me suis renfermé sur
moi-même, je ne parlais plus qu’avec ceux qui me sont vraiment proches, et
eux-mêmes n’avaient pas compris les agissements de cet ami.
Puis l’internat est arrivé, pendant lequel je côtoyais
davantage les Algériens étudiants et patients.
Le fait que je parle un peu arabe me facilitait beaucoup
la communication.
Et on faisait tous face à la difficulté de cette année où
on travaillait beaucoup jour et quelques nuits par semaine ; face à la
souffrance des gens, on se sentait tout petits et impuissants.
Cette année me rapprochait encore plus des Algériens, en
plus du fait que c’était le résumé de mes années d’apprentissage du métier de
médecin.
Une page de ma vie en Algérie comme étudiant s’est
tournée, où j’ai vécu de bons moments et d’autres moins bons, mais tout ça m’a
permis de voir plus clair sur ma route.
Un grand merci à tous, à ma paroisse qui était ma famille
ici, les religieux(ses), les prêtres et les évêques pour
leur simplicité et leur proximité, les amis étudiants de toute l’Afrique et de ce pays, et surtout à
l’Algérie !
Nestor
RAZAFINDRATSIMABOZAKA
Pages 24, 25 Une page sur ma vie en Algérie,
par Nestor Razafindratsimabozaka, L’Écho du Diocèse de Constantine et d’Hippone
15 Octobre 2014, 94ème année no 4,
http://www.eglise-catholique-algerie.org/articles.php?lng=fr&pg=812
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