Événements
juste avant l’Ascension et la Pentecôte…extraits des écrits de Sainte Anne
Catherine Emmerich (religieuse-mystique) ; Myriamir, le 9 mai 2016
Mai et Juin 1821.
Dans les
premiers jours du mois de mai, Anne Catherine, empêchée par une foule de dérangements
extérieurs, ne put donner que les brèves indications qui suivent sur les
derniers jours que le Seigneur passa sur la terre.
Dans les derniers jours
Jésus se montra fréquemment aux apôtres, et ses rapports avec eux furent ceux
d’un homme ordinaire. Il a mangé et prié avec eux, et il les a enseignés. Il
les a accompagnés sur plusieurs chemins, et il leur a répété toutes les
instructions qu’il leur avait déjà données. Ce n’était que la nuit qu’il se
montrait, à leur insu dans divers endroits.
Jésus est venu à Béthanie
par le côté du levant, en compagnie d’environ cinq disciples. Marie y alla de
Jérusalem avec les autres saintes femmes. Ils se rencontrèrent chez Lazare où
se trouvaient aussi Marthe et Madeleine. Beaucoup de gens sont rassemblés autour
de la maison : ils ont entendu dire que le Seigneur va les quitter, ils veulent
le voir encore et prendre congé de lui. Il y a là une grande cour : lorsque le
Seigneur fut dans la maison, on laissa entrer les gens et on ferma la cour.
Pourquoi
donc Lazare vit-il si retiré ? Depuis sa
résurrection, il ne vient jamais à Jérusalem, il ne va pas avec les disciples,
il reste chez lui, presque toujours renfermé dans une pièce souterraine, comme
dans un caveau, et il ne se montre maintenant que quand toutes les portes Sont
fermées. Ils ont pris ensemble un peu
de nourriture, mais sans s’asseoir. Comme les disciples pleuraient
amèrement : » Pourquoi pleurez-vous ainsi, chers frères ?
Regardez cette femme, elle ne pleure pas » ! Il adresse ces paroles à ces
disciples qui sont si affligés et qui pleurent parce qu’il veut les quitter et il montre
sa mère qui ne pleure point. Qu’il
est touchant de voir des hommes de cet âge pleurer ainsi : ils
pleurent si amèrement !
«
(….)Ils ne pouvaient pas
se persuader qu’il fût au moment de les quitter. Ils se disaient entre eux :
« n’a-t-il pas déjà plus d’une fois disparu à nos yeux? »
Voilà
qu’il indique du doigt divers points de l’horizon en disant : » Quand
tous ces endroits croiront à la suite de votre enseignement, quand des
étrangers en chasseront les habitants et que tout ici sera dévasté, ce sera un
temps bien triste ». (Ici
elle se tut quelques moments.) Il dit encore : « Vous ne me comprenez pas maintenant : vous
comprendrez mieux quand ce soir vous aurez soupé avec moi pour la dernière
fois ». Marie se
rend à Jérusalem par le chemin direct elle va dans une grande maison qui est en
face du mur d’enceinte, à peu de distance du Temple. Nicodème et Joseph
d’Arimathie préparent là un repas et elle les aide.
(….)Lors de la
consécration du calice, je vis ses paroles y couler sous la forme d’un jet de
lumière couleur de sang. Dans
les derniers jours déjà, Madeleine, Marthe et Marie de Cléophas avaient reçu
aussi la sainte Eucharistie.
Au point du jour ils
récitèrent les matines sous la lampe, mais avec plus de solennité qu’à
l’ordinaire. Jésus donna encore une fois à Pierre autorité sur les autres, il
le revêtit encore une fois du manteau et répéta ce qu’il leur avait dit lors de
son apparition près du lac de Tibériade et sur la montagne. Il leur donna aussi
des instructions touchant le baptême et la bénédiction de l’eau. Le matin je
vis, outre les apôtres, dix-sept des disciples les plus intimes assister à la
prière et à l’instruction : ils se tenaient debout dans la salle, derrière la
sainte Vierge.
Avant de
quitter le cénacle, le Seigneur leur présenta la sainte Vierge comme leur
centre et celle qui devait intercéder pour eux : Pierre et les autres s’inclinèrent et elle les bénit.
Au moment où cela as ait
[avait ?] lieu, je vis Marie comme revêtue surnaturellement
d’un grand manteau bleu céleste ; une couronne planait au-dessus de sa tête et
elle fut comme élevée sur un trône. C’était une image symbolique de sa
dignité qui m’était ainsi montrée. Dans des visions antérieures, j’ai vu dans des
occasions importantes, par exemple avant le baptême qui eut lieu le premier et
le second jour de la Pentecôte, les apôtres recevoir de Marie une bénédiction
semblable.
(….)Le matin, au point du
jour, Jésus quitta le cénacle avec les onze apôtres. La sainte Vierge marchait
derrière eux et la troupe des disciples suivait à peu de distance. Ils
passèrent par les rues de Jérusalem où tout était encore dans le silence et
livré au sommeil. Il y eut dans les dis cours et dans tous les actes du
Seigneur une solennité et en même temps une promptitude qui allaient toujours
croissant. La veille au soir il m’avait paru beaucoup plus affectueux dans ses
paroles. Je reconnus le chemin qu’ils suivaient : c’était
celui du dimanche des Rameaux, et j’eus le sentiment intérieur que
Jésus parcourait avec eux tous les lieux témoins de sa Passion, pour vivifier
en eux par ses enseignements et ses exhortations l’accomplissement de la
promesse.
Ils suivirent toute la
voie douloureuse : il
s’arrêta quelques instants à chacun des endroits où avait eu lieu quelque
incident particulier ; il commenta quelques passages des prophètes dont il leur
montra l’accomplissement et il leur expliqua la signification des lieux. Dans
certains endroits, comme par exemple ceux où
il était tombé sous le poids de la croix, les Juifs avaient tout bouleversé : ils avaient creusé des fossés,
amoncelé des pierres et accumulé des obstacles de toute espèce pour empêcher de
les visiter et de les honorer. Mais Jésus ordonna au groupe qui le suivait de
prendre les devants pour frayer et débarrasser la voie : ce qu’ils firent en
peu de temps ; après quoi ils le laissèrent passer devant eux.
Ils arrivèrent à la porte
qui conduit au Calvaire. Ils quittèrent là le chemin pour gagner une jolie
pelouse qu’ombrageaient des arbres touffus : c’était un endroit où l’on venait
se récréer ou prier, comme il s’en trouvait plusieurs autour de Jérusalem.
Jésus s’y assit avec eux, les enseigna et les consola.
Pendant ce temps, le jour
s’était fait et leurs coeurs étaient un peu allégés : il leur semblait qu’il
allait encore rester avec eux.
Toutes les troupes qui la
veille s’étaient séparées de lui devant la ville vinrent le rejoindre là. Je
vis aussi beaucoup de gens qui venaient d’un autre côté à travers la campagne ;
mais il n’y avait pas de femmes parmi eux. Lorsque le soleil fut levé, Jésus
reprit le chemin qui mène au Calvaire et au saint Sépulcre. Toutefois il n’alla
pas tout à fait jusque-là, mais il se détourna et longea les murs de la ville jusqu’à
la montagne des Oliviers. Sur ce chemin aussi, les Juifs avaient dévasté et
entouré de barrières divers endroits où Jésus avait coutume de prier et
d’enseigner, et ces dégâts furent réparés par les disciples à l’aide d’outils
qu’ils trouvèrent dans les jardins d’alentour : je me rappelle entre autres
certaines pelles rondes semblables à celles qu’on emploie chez nous pour
enfourner le pain.
Le soleil
s’élevait déjà : mais je
ne sais pas si je dis bien, car dans ce pays le soleil ne me paraît pas s’élever
autant qu’ici : il paraît toujours plus rapproché. Je ne le vois pas se lever
comme ici sous la forme d’un petit globe : il m’apparaît bien autrement
resplendissant, et la plupart du temps ses rayons ne me semblent pas si délies,
mais semblables à de larges bandes de lumière. J’ai commis une erreur en me
servant du terme » s’élever » ; j’aime mieux dire que le soleil
partant de l’horizon s’était avancé davantage dans le ciel. Ils s’étaient bien arrêtés ici
une heure.
Maintenant aussi le
mouvement de la vie avait recommencé à Jérusalem et beaucoup de gens s’étaient
rassemblés autour de la montagne des Oliviers et se livraient à des entretiens
animés. Plusieurs groupes sortant de la ville se dirigeaient aussi de ce côté.
On voyait déjà dans le lointain une certaine agitation tumultueuse et les
chemins les plus étroits étaient encombrés: cependant il restait un espace vide
autour de Jésus et des siens.
Le Seigneur se dirigea alors vers Gethsémani : il gravit
la montagne à l’endroit où se trouve le jardin des Oliviers, sans passer par le
chemin où l’on s’était saisi de lui.
(….)
Après le repas, l’Ancien
et quelques docteurs allèrent avec Jésus et les siens se promener du côté des
aqueducs, lesquels venaient du côté de l’ouest. La ville n’a que de mauvaise
eau. C’étaient des constructions surprenantes, semblables à d’immenses ponts
avec une quantité de grands réservoirs comme des citernes. Chaque quartier de
la ville avait son réservoir et ses abreuvoirs. Il y en avait où il fallait
pomper, d’autres où l’on puisait l’eau. Les réservoirs des Juifs étaient à
part.
Ils les montrèrent à
Jésus, se plaignirent de leur insuffisance et de leur mauvais état, et
témoignèrent le désir qu’il remédiât à cela. Il parla d’un nouveau réservoir à
établir qui était en préparation et où il voulait faire baptiser : il dit
quelque chose des dispositions à prendre.
De là ils
revinrent à la synagogue, car le sabbat allait commencer. La salle était très
grande et très belle : elle
était éclairée avec des lampes et pleine de monde : il y avait à l’extérieur
des terrasses et des escaliers, en sorte que d’en haut on pouvait voir et
entendre ce qui s’y passait. Tous ces endroits étaient occupés par une foule de
païens : il y en avait même qui s’étaient introduits dans l’intérieur et se
tenaient pacifiquement parmi les Juifs.
On lut des passages du Lévitique sur les sacrifices et sur
diverses prescriptions, et aussi quelque chose du prophète Ézéchiel. Au commencement, des docteurs firent tour à tour la
lecture, puis Jésus l’expliqua, et son enseignement fut si Admirable, que
l’émotion fut générale. Il parla, en outre, de sa mission et de son
accomplissement prochain. Ils le regardaient comme un prophète, mais ils
croyaient pourtant qu’il devait être quelque chose de plus, qu’il était sans
doute celui qui devait venir avant le Messie. Jésus leur expliqua que le
Précurseur avait été Jean : il parla de tous les signes auxquels ils devaient
reconnaître le Messie, sans dire pourtant expressément que c’était lui-même. Mais
ils le comprirent et ils sortirent de là pleins de vénération et d’une pieuse
crainte.
Il alla ensuite de
nouveau chez l’Ancien avec ses disciples : ils mangèrent un peu de pain et
quelques herbes, après quoi ils retournèrent à leur logis. J’ai
oublié en Partie ce qui se passa le soir.
En
général. Jésus est accueilli ici avec une sympathie extraordinaire. Tout le
monde accourt à lui et veut lui rendre honneur. Il n’y a
pas ici de sectes, pas de contestations. Il a guéri plusieurs malades dans les
maisons. Juifs et païens vivent ici dans des rapports intimes, quoi que dans
des quartiers séparés. Les Juifs occupent deux rues. La maison des fils de
Cyrinus est un grand bâtiment carré : ils font le commerce et possèdent des
navires. Il
y a ici un genre d’architecture particulier.
J’ai vu beaucoup
d’édifices surmontés de tourelles et de clochetons, garnis de grillages et de
fenêtres grillées, et ornes de têtes de doguins. (Elle appelle ainsi les
mascarons, les têtes de lions et autres ornements de ce genre en usage chez les
païens.) Les habitants ont apporté à Jésus et à ses
disciples, aussitôt après leur arrivée, des présents, des chaussures et des
vêtements neufs. Jésus ne les porta que jusqu’à ce que les siens fussent battus
et nettoyés, car ensuite il les donna aux pauvres.
3 mai.—
Aujourd’hui encore, Anne- Catherine raconta
qu’elle s’était trouvée dans l’île de Chypre, à la suite d’un long voyage où
elle avait beaucoup travaillé. Elle avait parcouru hier une partie des côtes de
l’Italie, aujourd’hui la partie opposée. – De là elle était allée d’abord en
Judée, puis à Chypre : elle avait deux fois passé la mer. De ce qu’elle avait
fait pendant ce voyage, elle se rappelait seulement qu’elle avait eu de longs
entretiens avec des ecclésiastiques en longues robes, avec des ceintures et des
bonnets d’une forme particulière. Ils étaient allés dans la campagne en
récitant des prières : ils avaient l’air d’inspecter les lieux comme des gens
qui cherchent à s’établir quelque part. Elle était chargée de les adresser à
diverses personnes considérables, de leur donner des directions, et de leur
préparer les voies dans certains coeurs. Elle pense que ce sont peut être des
Jésuites.
Jésus se leva au point du
jour, suivant sa coutume, et il pria longtemps seul. Les disciples firent de
même. Là où cela est possible, Jésus va d’ordinaire en plein air, dans quelque
bouquet de bois solitaire, où il se tient un peu appuyé contre un rocher ou un
tertre de gazon. Le plus
souvent il lève les mains au ciel et s’entretient avec Dieu auquel il adresse de vives et ferventes
prières. J’ai vu souvent, par son exemple, combien cette prière matinale est
bonne et digne d’être imitée.
J’ai vu de
nouveau aujourd’hui l’hôpital dans lequel Jésus a guéri hier. C’est un
bâtiment rond qui s’étend autour d’une cour plantée au milieu de laquelle est
un réservoir d’eau. On y prend l’eau qui sert pour les bains mais avant de
boire cette eau, ou de l’employer à la cuisson des aliments ; on a soin de la
purifier en jetant certains fruits dans de grands vases qui la contiennent.
Dans le jardin, qui entoure cette fontaine, croissent des plantes médicinales à
l’usage de la maison. Un tiers de cette enceinte est occupé par des femmes
malades et séparé du reste par deux portes fermées. A l’extérieur, le bâtiment
est environné d’un fossé couvert contenant une eau bourbeuse qu’on porte dans
les champs comme engrais. Hier,Jésus ne
guérit ici que quelques hommes qui se levèrent aussitôt, le suivirent dans la
maison et en sortirent avec lui.
Ce matin,
Jésus alla à la synagogue : elle était
déjà pleine de Juifs et entourée de païens. Il parla si éloquemment du temps de
grâce et de l’accomplissement des prophéties, que beaucoup de gens versèrent
des larmes. Il exhorta en même temps à la pénitence et au baptême. Il y eut, en
outre, lecture et explication de quelques passages du Lévitique et de la
Prophétie d’Ézéchiel. L’instruction dura bien trois ou quatre heures.
Après
cela, Jésus, accompagné de quelques docteurs, de ses
disciples, de Cyrinus et de ses deux fils, se rendit à la maison de Cyrinus, où
ils avaient été invités à prendre leur repas. Cette
maison est située entre la ville juive et la ville païenne. A l’extrémité de
cette dernière, Salamine a huit rues dont deux habitées par les Juifs. Ils ne
passèrent pas par celles-ci, mais prirent un chemin qui passa t entre le
quartier juif et le quartier paien, sur le derrière des maisons. Devant les
grandes portes de la ville. Près de ces portes, beaucoup de païens, hommes,
femmes et enfants, se tenaient rassemblés dans une attitude respectueuse.Ils saluèrent timidement de loin Jésus et les
siens. Plusieurs
d’entre eux l’avaient entendu enseigner dans l’école et ils avaient ensuite
amené leurs familles aux portes de la ville.
A l’extrémité de la rue
se trouve la maison de Cyrinus, à moitié bâtie dans les murs de la ville
païenne : c’est un grand édifice avec des cours et des bâtiments de service.
Lorsqu’on l’aperçut à
quelque distance, on vit aussi s’avancer la femme, les enfants et les
serviteurs de Cyrinus, qui vinrent saluer Jésus et les siens. Il avait
cinq filles, des nièces et d’autres parents : tous ces enfants portaient des présents qu’ils
déposèrent sur des tapis aux pieds de Jésus, après s’être inclinés profondément
devant lui. Il s’y trouvait des raretés de toute espèce : j’y vis des
objets de formes diverses : il y avait de l’ambre, un arbrisseau rouge sur un
socle, et quelque chose que j’ai vu récemment dans la mer Rouge. Chacun
de ces enfants semblait vouloir porter à Jésus ce qu’il avait de plus précieux,
et comme tous ne pouvaient pas lui remettre leurs cadeaux en main propre, ils
les présentaient à ses compagnons.
La maison
de Cyrinus est très spacieuse : elle est
bâtie à la mode païenne, avec des vestibules et des escaliers à l’extérieur.
Sur le toit se trouve un véritable jardin, où sont rangées dans des pots des
plantes de toute espèce. Tout était orné comme pour une fête : la table, plus
haute que les tables ordinaires, était recouverte d’un drap rouge, par dessus
lequel était une autre couverture à jour : je ne sais si elle était en soie ou
en paille très fine. Les lits qui entouraient la table étaient aussi à la mode
païenne : ils étaient moins longs que chez les Juifs. Outre les disciples il
n’y avait qu’une vingtaine de convives : les femmes mangeaient à part.
Après le repas, on fit la
promenade habituelle du jour du sabbat dans la direction des aqueducs. Jésus
et ses disciples furent alors conduits par le nouveau disciple Jonas à la
maison de son père qui est située au milieu d’un jardin, en dehors du quartier
des Juifs. C’est une espèce de grande ferme avec plusieurs
séparations qui la font ressembler un peu à un couvent. Le maître de la maison
est un vieil Essénien. Plusieurs femmes d’un certain âge occupent une partie
séparée de l’habitation : ce sont, à ce qu’il semble, des veuves de ses
parentes, ses nièces ou ses filles.
Elles ont un costume qui
a quelque chose de particulier : elles sont vêtues tout en blanc et voilées. Le
vieillard était très humble ; il témoignait une joie d’enfant et il se fit
conduire à la rencontre de Jésus. Il ne savait que lui offrir, car il n’avait
pas d’objets précieux ; mais il montrait du doigt tout ce qui l’entourait,
lui-même, son fils et ses filles, comme s’il eût dit : « Seigneur, tout ce
que nous possédons est à vous ; nous sommes à vous nous-mêmes et ce que j’ai de
plus cher, mon fils est à vous » ! Il invita Jésus et ses disciples à un
repas pour le lendemain.
De là Jésus alla de
nouveau près des aqueducs et il parla aux préposés de l’établissement d’une
fontaine où l’on pourra prendre des bains et qui est déjà préparée :
seulement il n’y a rien pour abriter les baigneurs et l’eau n’y vient pas
encore. Il faut l’obtenir des païens, soit gratuitement, soit à prix d’argent.
Elle vient de l’aqueduc, lequel, ici, dans la plaine, n’est élevé que d’un
étage ; il y a des réservoirs des deux côtés. L’eau vient des montagnes qui
sont au couchant. Le nouveau bassin, qui servira aussi pour donner le baptême,
a plus de quatre angles. On y descend par des marches : il est entouré
d’excavations circulaires qui se remplissent d’eau quand on presse ou qu’on met
en mouvement une manivelle placée dans la fontaine centrale. Le tout est
entouré d’un terrassement et il y a là aussi un emplacement où l’on pourra
enseigner, et au-dessus duquel sont tendues des toiles.
Beaucoup de Juifs et de
païens s’étaient rassemblés là, et Jésus
dit que le lendemain il y instruirait ceux qui voudraient recevoir le baptême. Il fit une
courte instruction. Les Juifs
qui l’accompagnaient parlaient beaucoup d’Élie et d’Élisée : je crois que ces
deux prophètes sont venus ici.
Des femmes
juives s’étaient placées sur le chemin avec des troupes d’enfants que Jésus
toucha ou qu’il attira à lui et qu’il bénit. Il y avait
aussi plusieurs maîtresses d’école ou mères païennes avec des voiles de couleur
jaune : elles se tenaient à part avec de belles filles sveltes et des petits
garçons : Jésus les bénit de loin en passant devant eux.
Tous se
rendirent avec Jésus à la synagogue pour la clôture du sabbat.
Il
enseigna encore sur les sacrifices, d’après le Lévitique et Ézéchiel. Son
langage eut quelque chose d’extraordinairement doux et pénétrant : il expliqua
les lois de Moïse en les rattachant toujours à l’accomplissement actuel de ce
qui était signifié par elles. Il parla du sacrifice d’un coeur pur, dit que les
sacrifices avec leurs formes innombrables ne pouvaient plus être d’aucune
utilité, qu’il fallait purifier son âme et offrir ses passions en sacrifice. Il
ne laissa de côté, comme s’il y eût rejeté quelque chose, aucune des prescriptions
de la loi ; il résolut toutes les questions, et par les explications qu’il
donna du contenu de la loi, il ne fit qu’exciter pour elle plus d’admiration et
de respect. En même temps il prépara au baptême et exhorta à la pénitence parce
que les temps étaient proches.
Sa parole et son accent
lurent ici, comme toujours, semblables à des rayons vivants, qui réchauffaient
et pénétraient profondément. Il parlait toujours avec un calme et une énergie
extraordinaires, jamais très vite, excepté dans certaines discussions avec les
Pharisiens ; alors ses paroles étaient comme des traits acérés et son accent
devenait plus sévère. Il a une voix de ténor très mélodieuse, très pure et à
laquelle aucune autre ne peut être comparée. On l’entend distinctement au milieu
du bruit par-dessus toutes les autres voix sans que jamais il l’élève.
Les leçons et les prières
sont psalmodiées à la synagogue d’une façon qui ressemble au plain-chant de la
messe et des offices chez les chrétiens ; les Juifs aussi chantent souvent à
deux choeurs. Jésus lut les leçons à leur
manière.
Après Jésus un vieux
docteur très pieux adressa la parole à l’assemblée. Il avait une longue barbe
blanche : il était maigre, mais sa physionomie respirait la bonté et la piété.
Il n’était pas de Salamine : c’était un pauvre vieux rabbin errant, qui allait
dans l’île d’un lieu à l’autre, visitant les malades, consolant les
prisonniers, recueillant des aumônes pour les pauvres, enseignant les ignorants
et les enfants, consolant les veuves et parlant en public dans les synagogues. Cet
homme fut comme inspire de l’Esprit Saint :
il adressa au peuple un discours pour rendre témoignage à Jésus, tel que je
n’ai jamais entendu de rabbin en tenir de semblable en public. Il
leur énuméra successivement tous les bienfaits du Dieu tout-puissant envers
leurs pères et envers eux-mêmes, et il les exhorta à lui rendre grâces de ce
qu’il les avait laissés vivre jusqu’à la venue d’un tel prophète et
d’un tel docteur, et de ce que celui-ci exerçait la
miséricorde envers eux jusqu’à venir les trouver hors de la Terre Sainte.Il
rappela les miséricordes de Dieu envers leur tribu (c’était celle d’Issachar),
et il les exhorta à se convertir et à faire pénitence.
Je me souviens qu’il
dit que Dieu maintenant ne serait pas aussi sévère que lorsqu’il avait frappé
de mort les adorateurs et fabricateurs du veau d’or. Je ne sais plus bien à quoi cela se
rattachait : peut-être que beaucoup d’hommes de la tribu d’Issachar avaient été
du nombre de ces idolâtres. Il parla aussi d’une manière surprenante touchant
Jésus : il
dit qu’il le regardait comme plus qu’un prophète, qu’il n’osait pas dire qui il
était, que l’accomplissement des promesses était proche, il « tous
devaient se proclamer bienheureux d’avoir entendu de tels enseignements d’une
telle bouche, et d’avoir assez vécu pour voir l’espérance et la consolation
d’Israël. Le peuple fut extrêmement touché. Beaucoup pleuraient de joie. Tout cela se passa en présence de Jésus, qui se tenait tranquillement
à l’écart avec ses disciples.
Ensuite Jésus alla avec
les siens prendre le repas du soir chez l’ancien. La conversation fut très
animée. Ils prièrent Jésus de rester avec eux. Ils parlèrent des prédictions de
quelques prophètes qu’on appliquait au Messie et où il était parlé de persécutions
et de souffrances : toutefois ils espéraient qu’il n’avait rien de semblable à
craindre. Ils lui demandèrent s’il était le précurseur du Messie ; mais il
leur parla de Jean-Baptiste, il leur dit aussi qu’il ne pouvait pas rester
parmi eux. Un des assistants, qui avait voyagé en Palestine, en vint à parler
de la haine des Pharisiens pour Jésus et il s’éleva fortement contre ceux-ci. Mais
Jésus lui reprocha sa sévérité et il parla pour excuser et atténuer leurs
torts.
Je me souviens ici
qu’hier, ayant entendu ma Barde dire du mal du prochain, je l’avais reprise
avec trop peu de douceur. Je pensai aux discours de Jésus : hélas ! Cela me touche directement. Aujourd’hui encore une fois je
me trouvai moi-même faire partie du tableau qui me fut montré. Je vis qu’en
certains lieux on commençait à couper le blé ; mais le moment de la moisson
n’était pas encore venu et je me dis : Ce sont des coupeurs affamés, comme on
appelle chez nous les gens qui coupent avant les autres.
Mais je
vis ça et là de belles fleurs de camomille bien plus grosses que celles qui
sont dans nos champs et je me dis : Je voudrais bien que ma
petite nièce, Marie-Catherinette, pût en cueillir pour mes maux d’yeux avant
qu’elles ne soient coupées par ces gens ! Une chose aussi me parut singulière,
c’est qu’on fût là au mois de mai, tandis que je pensais être au mois
d’octobre, vivant comme je le fais dans ma chambre, à Dulmen. Dans ce pays, le
froment est épais et touffu comme le roseau : on ne coupe la paille que deux
largeurs de main au-dessous de l’épi.
La Soeur parle aussi
d’une plante touffue et grimpante comme les pois, dont elle décrit les longues
cosses avec les fèves qu’elle renferme : elle décrit de même plusieurs autres
plantes, mais dans le patois de son pays et en termes trop vagues pour pouvoir
être reproduits. Les pentes des montagnes sont couvertes de vignes, il y a
aussi de longues rangées d’oliviers et de figuiers, des arbustes et des arbres
qui donnent du coton et beaucoup d’autres fruits et légumes. Elle décrit encore
des herbes tinctoriales et aromatiques et des baies de toute espèce. Je vois
dans le lointain, dit-elle, des animaux en grandes troupes : ce sont, je crois,
des montons. Il doit y avoir dans ce pays beaucoup de cuivre et d’autre métal
du même genre, car on y a une quantité de chaudrons de couleur jaune.
Je me
souviens confusément qu’au temps où Madeleine vivait dans sa grotte en France, Lazare
s’était réfugié ici, forcé de quitter Marseille à la suite d’un soulèvement.
Je vois la patrie de
Barnabé à trois lieues environ d’ici, dans l’intérieur des terres, près d’une
forêt : je crois qu’on y fait le commerce de bois et qu’on y prépare des pièces
pour la construction des navires. Il me semble que les parents de Mnason
demeurent plus loin.
Devant Salamine, je vois
tresser des cordes d’une longueur extraordinaire qui servent pour les navires
et pour faire des filets. On doit aussi fabriquer là des couvertures et des
draps ; il y a de longs tréteaux où des étoffes de toute espèce sont suspendues
et flottent au vent.
J’ai
oublié de dire que près de la maison de Cyrinus il y a de grandes caves où se
trouvent des vases de toute espèce contenant des épices et des herbes
aromatiques. Il en a beaucoup cueilli sur le Thabor. On prépare là des parfums
de toute espèce ; c’est une odeur comme celle d’une pharmacie. Cyrinus fait le commerce des épices.
4 mai. — Je vis de très grand matin Jésus se retirer à l’écart pour prier. Le plus souvent il est déjà sorti quand les autres dorment encore.
Je sentis à cette occasion combien la prière matinale est agréable à Dieu.
Jésus alla ensuite à l’hospice avec les disciples. Il guérit plusieurs malades
et les prépara au baptême dans la cour, près de la fontaine.Plusieurs allèrent avec lui dans des coins retires
et confessèrent leurs fautes. Il fit aussi mettre à part de l’eau destinée aux baptêmes dans des
baignoires où plus tard ces gens furent baptisés par les disciples.
Après cela, je vis Jésus
aller à la nouvelle fontaine baptismale où plusieurs personnes étaient occupées
à faire divers arrangements pour lesquels il leur donna des conseils.
Cependant une foule nombreuse se rassembla autour du tertre qui était près de
là, car il était venu beaucoup de gens des environs et on avait dressé quelques
tentes et élevé quelques cabanes de feuillage près des aqueducs.
Ils
étaient arrivés hier soir après le sabbat, soit pour entendre Jésus, soit pour
leurs affaires et leurs travaux. Il y avait
parmi eux des faucheurs à cause de la moisson qui était proche, et aussi des
marchands et des vendeurs de bestiaux qui campaient près de l’aqueduc avec leur
bétail. Beaucoup de païens de Salamine s’étaient joints à eux ainsi que
beaucoup de Juifs du quartier israélite. Jésus enseigna jusque vers dix heures, abrité par
une toile tendue au-dessus de lui : les assistants, à cause du soleil, se
tenaient sous des cabanes de feuillages, des tentes et des pavillons. Il parla
de sa mission, de la pénitence, de la réconciliation et du baptême : il dit
aussi quelque chose de la prière et de l’oraison dominicale.
Sur ces entrefaites, un
païen qui avait l’air d’un soldat ou d’un employé de tribunal, vint trouver les
préposés et leur dit que le gouverneur romain de Salamine désirait parler au
nouveau docteur et l’engageait à se rendre auprès de lui. Il dit cela d’un ton
assez sévère, comme s’il eût trouvé mauvais qu’ils ne lui eussent pas amené
Jésus dès son arrivée. Ils firent prévenir Jésus par ses disciples pendant
une pause : il répondit qu’il irait et continua à enseigner. Lorsqu’il
eut fini, il suivit avec ses disciples et les anciens le messager du
gouverneur. Ils
avaient bien une demi lieue à faire sur le chemin par où Jésus était venu du
port, avant d’arriver à la principale porte de Salamine qui était une grande et
belle arcade avec des colonnes.
Sur le chemin, comme ils
passaient devant des jardins et de grandes constructions, je vis çà et là des
ouvriers païens et d’autres personnes les observer et regarder Jésus :
plusieurs toutefois intimidés à son approche
se cachaient derrière des buissons et des murs. Entrés à
Salamine, ils marchèrent bien encore une demi-heure et arrivèrent à une grande
place. Beaucoup de gens se tenaient ça et là sur les galeries qui environnaient
les cours, derrière des grilles et devant les portes. A quelques coins de rue
et sous des arcades se tenaient des femmes païennes avec des troupes d’enfants,
toujours rangés trois par trois, les uns à la suite des autres. Les
femmes couvertes de leurs voiles s’inclinaient devant Jésus :
parfois des enfants ou même des femmes s’avançaient et offraient à Jésus ou à
ses compagnons de menus présents : c’étaient des paquets d’aromates, des
parfums dans de petites boîtes, de petits gâteaux de couleur brune et des
figures d’une odeur agréable, représentant des étoiles ou d’autres objets. Ce doit être un usage du pays, une
manière respectueuse de souhaiter la bienvenue.
Jésus
s’arrêtait un instant près de ces groupes, il les regardait d’un air grave et
bienveillant, et les bénissait de la main sans les toucher.
Je vis ça et là des
idoles : ce n’étaient pas comme en Grèce et à Rome, de belles figures sans
vêtements : elles ressemblaient à celles de Tyr, de Sidon et de Joppé. Je vis
des figures dont la partie inférieure était recouverte comme d’ailes ou
d’écailles : le milieu du corps était plus mince et entouré d’une ceinture :
elles avaient une poitrine de femme, et plus haut des bras et des rayons, ou
plusieurs ailes grandes et petites. J’en vis aussi quelques-unes qui étaient
emmaillotées comme de petits enfants.
A mesure qu’on avançait
dans la ville, un nombre toujours croissant de personnes faisait cortège à
Jésus et la foule arrivait de tous les côtés sur la place. Au
centre de cette place se trouve une belle fontaine : on y descend par des
degrés et l’eau bouillonne dans le milieu du bassin. Il y a au-dessus un toit
supporté par des colonnes, et tout autour règne des galeries ouvertes avec de
jolis arbustes et des fleurs. La porte qui conduit à la fontaine est fermée. Ce
n’est que par privilège qu’on obtient de son eau, parce qu’elle est la
meilleure de la ville et qu’elle passe pour très salubre.
Vis-à-vis
de cette fontaine s’élève le palais du gouverneur, qui est
orné de colonnes Sur une terrasse en saillie, sous un toit soutenu par des
colonnes, se tenait le gouverneur romain, assis sur un siège de pierre d’où il
voyait venir Jésus. C’était un homme de guerre : il portait un vêtement blanc,
avec quelques raies rouges, serré autour de la taille. Son justaucorps
descendait jusqu’aux reins et se terminait par des lanières ou des franges. Ses
jambes étaient lacées. Il avait en outre un manteau court de couleur rouge et
sur la tête un chapeau qui ressemblait un peu à un plat à barbe. Je vis
derrière lui quelques soldats romains sur les degrés de la terrasse.
Tous les païens furent
surpris des marques de respect qu’il donna à Jésus : car
à son arrivée, il descendit au bas de la terrasse, prit la main de Jésus avec
une espèce de mouchoir qu’il avait dans la sienne et la pressa avec l’autre
main, où était l’autre extrémité du mouchoir. Il
fit en même temps une légère inclination, et aussitôt il monta sur la terrasse
avec Jésus. Il lui parla de la manière la plus amicale et
l’interrogea avec curiosité sur beaucoup de choses. Il lui dit qu’il avait
entendu parler de lui comme d’un docteur plein de sagesse, ajoutant que, quant
à lui, il était plein de respect pour la loi des Juifs.
Était-il
vrai que Jésus fit tous les prodiges que la renommée lui attribuait ?D’où lui
venait ce pouvoir ? Était-il le consolateur promis, le Messie des Juifs ? Les
Juifs attendaient un roi. Était-il ce roi? Avec quelles forces alors voulait-il
prendre possession de son royaume ? Avait-il une armée quelque part ? Ne
venait-il pas dans l’île de Chypre pour recruter des partisans parmi les juifs
qui s’y trouvaient ?
Tarderait-il longtemps encore
à se montrer dans toute sa puissance ? Le gouverneur lui fit beaucoup de
questions de ce genre avec une gravité bienveillante et avec un respect et une
émotion visibles.
Jésus répondit toujours
en termes vagues, généraux, ce qu’il faisait, du reste, ordinairement avec les
magistrats qui l’interrogeaient de la sorte, disant, par exemple : » Vous
le dites ; on le croit ; le temps où la promesse doit s’accomplir est proche,
les prophètes l’ont dit ainsi « .
A la question touchant
son royaume et son armée, il
répondit que son royaume n’était pas de ce monde, que
les rois de la terre avaient besoin de soldats, mais que lui, il recrutait les
âmes pour le royaume du Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. Il
entremêla ses ‘ réponses d’enseignements pleins de profondeur, et ses paroles,
comme sa personne, firent une vive impression sur le gouverneur.
Cependant, le gouverneur
avait ordonné de porter des rafraîchissements près de la fontaine,sur la place, et il invita Jésus et les
siens à le suivre jusque-là.- ils considérèrent la fontaine et
prirent un peu de nourriture : la collation avait été déposée sur un banc de
pierre recouvert d’un tapis. Il y avait des écuelles brunes contenant un
liquide de même couleur dans lequel ils trempèrent des gâteaux : ils mangèrent
aussi des bâtons de la longueur du bras et de deux pouces d’épaisseur:
c’étaient, je crois, des conserves ou des fromages ; il y avait aussi des
fruits et des pâtisseries en forme d’étoiles ou de fleurs. Il y avait de
petites urnes pleines de vin.
D’autres urnes, d’une
matière veinée de diverses couleurs, ayant la même forme que les urnes de Cana,
seulement plus petites, étaient remplies d’eau de la fontaine. Le gouverneur
parla de Pilate, des violences exercées par lui dans le Temple et en général de
toute sa conduite avec une désapprobation marquée : il dit aussi quelque chose
de la chute de l’aqueduc de Siloë.
Jésus, au bord de la
fontaine, eut avec lui un entretien sur l’eau, sur les diverses sources
troubles, limpides, amères, salées et douces, sur leur efficacité très
différente, sur la manière dont elles étaient maintenues dans des puits ou
distribuées dans des canaux, il en vint ensuite à parler de la doctrine des
Juifs et de celle des païens, de l’eau du baptême, de la régénération des
hommes par la pénitence et la foi, qui devait faire d’eux tous des enfants de
Dieu. Ce fut une instruction merveilleuse, qui avait quelque chose de
l’entretien avec la Samaritaine près du puits de Jacob. Ses paroles firent une
grande impression sur le gouverneur, qui as ait déjà beaucoup de penchant pour
les Juifs.
Après midi, Jésus alla
avec ses compagnons dans la maison de l’Essénien, et le gouverneur lui témoigna
le désir de l’entendre souvent. Il n’y a,
ait pas ici une si grande séparation qu’ailleurs entre les Juifs et les païens
: les Juifs les plus intelligents, spécialement les adhérents de Jésus,
même en Palestine, acceptaient à manger et à boire de la part des gens de
distinction ;
seulement, ici comme ailleurs, toujours dans des vases différents. Quand
Jésus s’en retourna, beaucoup de païens le saluèrent avec encore plus de
déférence, portés à cela par la manière d’agir du gouverneur.
Il y a
dans ce pays une incroyable quantité de fleurs : mais on y fait aussi de très jolies fleurs artificielles
avec de la laine de couleur, de la soie et des plumes. Je vis les
enfants païens que Jésus bénissait, parés pour la
plupart de fleurs de cette espèce. Les petites filles,
comme les garçons, avaient des vêtements très courts et très légers : les plus
petits et les plus pauvres étaient tout à fait nus, à l’exception d’une pièce
d’étoffe roulée autour des reins. Les jeunes filles appartenant à la classe
aisée portaient par dessus un petit jupon une petite robe d’étoffe jaune, très
légère et presque transparente, qui n’allait pas tout à fait aux genoux et qui,
à la ceinture, aux extrémités et ailleurs encore, était richement brochée de
fleurs de laine bariolée, comme celles dont j’ai parlé.
Elles portaient sur les
épaules une pièce d’étoffe légère qui se croisait sur la poitrine ; autour des
bras et sur la tête, elles avaient le plus souvent des guirlandes de ces fleurs
artificielles. On doit se livrer ici à la culture de la soie : car je vois des
arbres étalés avec soin contre les murs et sur lesquels rampent beaucoup de
vers qui, plus tard, filent leurs cocons ; je ne sais pourtant pas si ce sont
de vrais vers à soie.
Jésus vint
vers deux heures dans la maison de l’Essénien, père de
Jonas. Il n’y avait avec lui que ses disciples et quelques docteurs ; on lui
lava les pieds à son entrée. Tout y
était beaucoup plus simple et plus rustique que là où il avait été reçu
précédemment.
C’est une famille
considérable appartenant à la classe des Esséniens qui se marient, mais sans
cesser de mener une vie simple, pieuse et très tempérante. Les femmes étaient
des veuves avec des enfants déjà adultes ; c’étaient les filles du vieillard et
elles vivaient réunies à lui. Jonas, le disciple, était un fils que le
vieillard avait eu plus tard et dont la mère était morte en le mettant au
monde. Il l’aimait d’autant plus qu’il était son fils unique : il avait eu de
grandes inquiétudes à son sujet, car il y avait déjà plus d’un an qu’il était
absent.
Il croyait ne plus le
revoir jamais, lorsqu’il eut de ses nouvelles par Cyrinus, dont les fils
l’avaient rencontré à la fête et à Dabrath, près du Thabor. Jonas avait voyagé
comme font souvent les jeunes étudiants ; il avait visité les lieux les plus
remarquables de la Terre Sainte, était allé chez les Esséniens de Judée, avait
visité le tombeau de Jacob, près d’Hébron, et celui de Sara, entre Jérusalem et
Bethlehem (celui-ci était alors au bord du chemin, maintenant il en est un peu
écarté). Il avait vu Bethlehem ; il était monté sur le Carmel et sur le Thabor.
Ayant
entendu parler de Jésus, il avait assisté à une instruction faite sur la
montagne avant que Jésus allât dans le pays des Gergéséniens : puis,
après les fêtes de Pâques, il était allé de Dabrath, avec les fils de Cyrinus,
entendre le dernier sermon prêché près de Gabara ;
C’était là qu’il avait
été accepté par Jésus comme disciple, après quoi il était revenu dans sa
patrie.
Le repas eut lieu dans
une espèce de jardin avec de longues et épaisses charmilles; la table était un
petit tertre de gazon avec des couvertures posées sur des planches ; sur l’un
des côtés de cette table étroite qui formait un petit terrassement s’étendaient
les couches des convives, lesquelles étaient aussi taillées dans le gazon et
recouvertes de nattes Le repas était très frugal : c’étaient des gâteaux, une
sauce dans laquelle on trempait des herbes, de la viande d’agneau et des fruits
; il y avait de petites cruches sur la table.
Les femmes étaient à
part, toutefois plus en rapport avec les convives que je ne les ai vues
ailleurs ; elles apportèrent les mets la tête couverte de leur voile ; ensuite
elles s’assirent à quelque distance pour écouter les discours de Jésus. Il y
avait sur les côtés du jardin des rangées de cabinets de verdure très touffus
et séparés les uns des autres ; je crois que c’est un second jardin servant
d’oratoire.
Cette famille forme une
toute petite communauté essénienne ; ils vivent des produits de leurs champs et
de l’élève des bestiaux ; il y a aussi parmi eux des fileuses et des
tisserands.
Le vieillard eut avec
Jésus un entretien où il fut question du meurtre de Jean-Baptiste et des
prophéties. J’ai oublié le reste.
À SUIVRE…Ascension et Pentecôte
Sursa
https://myriamir.wordpress.com/2016/05/09/evenements-juste-avant-lascension-et-la-pentecoteextraits-des-ecrits-de-sainte-anne-catherine-emmerich-religieuse-mystique/
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