La
spiritualité de Padre Pio, Spiritualitatea lui Padre Pio ( livres-mystiques.com
)
LA SPIRITUALITE DE PADRE PIO
(extraits du livre de C.Mortimer.Carty : PADRE
PIO le stigmatisé)
On cherche Dieu à travers les livres; par la méditation
on le trouve.
La vie du chrétien n'est
qu'un effort perpétuel contre soi. L'âme ne s'épanouit qu'au prix de la
douleur.
A quelqu'un qui craignait de
s'être trompé, Padre Pio disait : " Tant que vous avez peur, vous ne
pécherez pas. " Cette personne ajouta - " Peut-être, mon Père, mais
je souffre tellement' " Certes, on souffre : mais il faut distinguer entre
la crainte de Dieu et la peur de Judas. Trop de crainte nous fait agir sans
amour; trop de confiance nous empêche de pallier, avec une intelligente
attention, au danger que nous devons dominer. Elles doivent s'aider l'une
l'autre, comme deux soeurs...
Si vous réussissez à vaincre
la tentation, c'est comme si vous laviez votre linge sale.
Celui qui ne médite pas -
disait-il un jour - m'a tout l'air d'un homme qui ne se regarderait pas dans la
glace avant de sortir, peu soucieux de sa tenue, et paraîtrait en négligé, sans
le savoir.
La personne qui médite et
tourne son esprit vers Dieu, qui est le miroir de son âme, dépiste ses fautes,
les corrige de son mieux, modère ses impulsions et met sa conscience en ordre.
Quelqu'un demanda un jour au
Père : " Comment peut-on distinguer la tentation du péché ? Comment être
sûr de ne pas être tombé dans le péché ? " Le Père sourit et répondit : " Comment distinguez-vous un âne d'un être raisonnable ? - L'âne se
laisse guider, tandis que l'être raisonnable tient les rênes. - Parfait, reprit le Père. - Mais pourquoi la tentation,
une fois passée, laisse-t-elle une sensation de souffrance? " Alors le
Père donna un exemple : " Avez-vous jamais
ressenti les effets d'un tremblement de terre ? Tout était sens dessus dessous,
vous aussi, mais vous n'avez pas été enseveli sous les gravats. "
Par notre calme et notre
persévérance nous trouverons, non seulement nous mais nos âmes, et Dieu Lui même.
Un homme vint un jour prier
le Padre de guérir sa mère, lui en montra la photo et dit " Si je le
mérite, bénis-la. " Père Pio répliqua : " Ma che merito ! En ce monde, nul de nous ne mérite
rien. C'est le Seigneur qui est assez aimable, dans son infinie bonté, pour
nous combler de ses grâces, parce qu'il pardonne tout. "
Padre Pio abhorre la maxime :
" Chacun pour soi; Dieu pour tous " C'est trop égoïste, trop de ce
monde pour lui. Il lui oppose celle-ci, de son cru " Dieu pour tous : mais
personne pour soi seul. "
Un jour, " interviewé
" sur la pénitence et la mortification, le Père s'exprima en ces termes :
" Notre corps, c'est comme un âne qu'il faut battre, mais pas trop : parce
que, s'il tombe, qui nous portera ? "
Le démon n'a qu'une porte
pour entrer dans notre âme : la volonté; il n'y a pas d'issues secrètes. Aucun
péché n'est un péché sans le consentement. Quand il n'y a pas participation du
libre arbitre, il n'y a pas péché, mais faiblesse humaine.
Quelqu'un se lamentait
d'être torturé par le souvenir de ses fautes : " Ça c'est de l'orgueil,
trancha le Père; c'est le démon qui vous inspire ce sentiment, ce n'est pas une
vraie tristesse. - Mais comment délimiterai-je ce qui vient du coeur, ce qui
est inspiré par Notre Seigneur et ce qui, au contraire, ressortit au diable ? -
A ce signe, sans hésiter : l'esprit de Dieu est un esprit de paix... L'esprit
du démon excite, exaspère, nous injecte une sorte d'angoisse contre nous-même,
alors que notre première charité nous concerne d'abord; donc, si certaines
pensées vous agitent... tenez pour assuré qu'elles viennent du diable.
A quelqu'un qui avait charge
d'âme et lui demandait comment agir envers ceux qui sont sourds aux appels de
la vérité et de la bonté, le Padre répondit : " Essayez de les attirer par l'amour et la charité, donnant
sans compter, et si vous échouez, grondez-les. Le Christ, notre modèle, a fait
le Paradis, mais aussi l'enfer. " Une bonne réprimande est parfois plus
nécessaire qu'un aimable rappel à j'ordre.
En certaines circonstances
le Padre dit à ses enfants spirituels : " Du pain et des coups aident
souvent à faire de beaux garçons."
Un jeune homme lui avoua qu'il
craignait de l'aimer plus que Dieu. Ce à quoi le Padre répliqua : " Vous
devez aimer Dieu d'un amour infini à travers moi. Vous m'aimez parce que je
vous guide vers Dieu qui est le bien suprême. Je ne suis qu'un moyen. Si je
vous guidais vers le mal, vous cesseriez de m'aimer. "
Signorina Maria Pennisi, un
jour, se plaignit de ne pouvoir demeurer loin de Padre Pio tant sa présence la
rendait heureuse. Il observa : " Pour les enfants de Dieu il n'y a pas de
distance. " Comme elle ne paraissait pas convaincue, Père Pio sortit sa
montre : " Dites-moi, que voyez-vous au milieu, là ? - Le pivot, mon Père.
- Exactement. Le pivot est comme Dieu, inamovible, et les aiguilles courent,
reliées au centre, et les aiguilles mesurent le temps. L'espace entre les
chiffres et le centre est négligeable, en somme... Dieu est le centre, les
chiffres les âmes, mais il y a aussi un Padre Pio qui fait le pont... "
La prudence a les yeux,
l'amour les jambes. L'amour qui a les jambes voudrait courir à Dieu, mais son
élan est aveugle et l'on trébucherait s'il n'était conduit par la prudence, qui
a les yeux...
Une jeune et jolie femme,
mariée à un membre du parlement qui mourut très jeune, écrasée de chagrin,
souhaitait se retirer du monde et fonder un Ordre. Elle consulta Padre Pio :
" Madame, avant de sanctifier les autres songez à vous sanctifier
vous-même."
*. Cette dame est aujourd'hui Carmélite.
A un franc-maçon converti, Padre
Pio dit : " Tous les sentiments, quelle que soit leur source, ont du bon
et du mauvais. A vous de n'assimiler que le bon pour l'offrir à Dieu. "
Une dame voulut bien
reconnaître qu'elle avait quelque penchant à la vanité, le Père commenta ainsi
sa réflexion : " Avez-vous jamais vu un champ de blé en pleine maturité ?
Vous remarquez que certains épis se tiennent bien droit; d'autres ploient vers
le sol. Essayez les plus fiers, vous vous
apercevrez qu'ils sont vides, mais les fléchissants, les humbles, sont lourds
de grain... "
Une dame demanda au Padre
quelle prière Dieu appréciait le plus. Le Père répondit : " Toute prière
est bonne quand elle est sincère et continue. "
On lui répéta des phrases qui
lui étaient attribuées. Alors : " On déforme souvent mes dires. " Et
quand on lui demandait des prières : " Je prierai pour vous. Mais vous,
priez pour moi. Priez et priez encore, pour ne pas vous rouiller, pour rie pas
me refroidir à votre endroit... Je vous paierai de la même monnaie. "
L'homme, dit le Padre, est
tellement orgueilleux que lorsqu'il est heureux et puissant, il se croit l'égal
de Dieu. Mais, dans le malheur, abandonné à lui-même, il se souvient de
l'existence de I'Etre suprême.
Dieu enrichit l'âme qui a fait le vide en elle.
11, Dans la vie spirituelle
on doit toujours foncer, jamais -reculer; sinon il arrive ce qui arrive quand
un bateau perd son gouvernail, il est refoulé par les vents.
Ce n'est pas manquer de
patience qu'implorer de Jésus la fin de nos maux quand ils excèdent nos forces;
il nous restera toujours le mérite d'avoir offert notre souffrance...
Le mensonge est la progéniture de Satan.La manie des " Pourquoi ? " a été calamiteuse pour le monde.
L'humilité est vérité. La vérité est humilité.
Une bonne action quel qu'on soit le motif, a pour mère la Providence.
La prière... est la clef qui ouvre le coeur de Dieu.
N'oubliez pas : l'axe de la
perfection, c'est l'amour. Celui qui est centré sur l'amour vit en Dieu, car
Dieu est amour., comme dit l'Apôtre.
En mars 1923 une pénitente
demandait au Père ce qu'elle devait faire pour se sanctifier. " Dénouez vos liens d'avec le monde. " Une amie,
sachant la vie retirée qu'elle menait, fit un geste de surprise. Le saint se
tourna vers elle et lui dit assez roidement : " Écoutez, on
peut se noyer en haute mer, on peut aussi s'étrangler jusqu'à étouffement avec
un verre d'eau. Où est la différence ? N'est-ce pas la mort des deux façons ?
"
" Souvenez-vous, dit le
Padre à un de ses pénitents, que la mère commence à faire marcher son enfant en
le soutenant; mais, plus tard, l'enfant doit marcher seul. Vous devez apprendre à raisonner sans aide. "
A une zélatrice qui
manifestait son regret de ne rien pouvoir faire pour lui : " Le général
est seul à savoir quand et comment employer un soldat. Guettez votre tour.
"
" Pécher contre la charité,
c'est comme si l'on trouait la pupille à Dieu ", et il ajouta : "
Qu'y a-t-il de plus délicat que la pupille de l’oeil ? Péché contre la charité
cela équivaut à un crime contre nature. "
L'amour et la crainte
doivent être connexes : la crainte sans amour devient couardise; l'amour sans
la crainte devient présomption. L'on ne sait plus où l'on va.
Sans obéissance, pas de vertu;
sans vertu pas de bien. Sans bien pas d'amour. Sans amour pas de Dieu. Et sans
Dieu, pas de Paradis.
Sur une image pieuse
représentant la croix le Père écrivit un jour ces mots : " Le bois ne vous
écrasera pas; et si vous chancelez sous le faix, sa Puissance vous redressera.
"
Pour M. Andrea Lo Guercio,
un visiteur venu d'Amérique, sur une reproduction du Sacré-Coeur "
Humilité, pureté sont les ailes qui nous enlèvent vers Dieu et nous divinisent,
presque. N'oubliez pas : " Un malfaiteur qui rougit de son ouvrage est
plus près de Dieu qu'un homme'de bien qui rougit de mettre la main à la pâte.
"
O pèlerin, je t'ai acheté au prix de mon sang!
Un instituteur sicilien,
très intelligent, qui enseignait depuis plusieurs années dans un joli bourg non
loin de Bologne avait entendu parler de Padre Pio. Mais, rationaliste par principe
et réaliste par éducation, rien ne l'attirait au Monte Gargano; il lui semblait
que tous ces racontars relevaient d'une mentalité " mystico-prélogique ". Soyons juste, sa répugnance ne
visait pas l'homme. Un jour, quelqu'un lui prêta Dal Dubbio alla Fede (Du doute à la
foi) d'Alberto del Fante. Le
soir du 27 août 1940, après en avoir terminé la lecture, il s'endormit tout
plein de son sujet.
Vers trois heures du matin, le
sentiment d'une présence le réveilla : en face de
lui un Capucin, identique à celui de la couverture du livre, montait la garde.
Il se frotta les yeux, pas très rassuré. " Seriez-vous
par hasard Padre Pio ? demanda-t-il timidement. - Oui, répondit le moine en
s'asseyant sur le bord du lit, parfaitement! Ne vous étonnez pas, ma mission consiste
à consoler les affligés, spécialement les affligés en esprit. Je vois que vous
cherchez loyalement le bonheur et la vérité, en d'autres termes, Dieu. Pour le bonheur, il faut attendre un peu, cette terre
est une vallée de larmes où nous devons porter notre croix. Le bonheur en fait
n'est pas de ce monde. Mais Dieu, vous le trouverez si vous voulez. Vous vous
êtes trompé de route : la connaissance qui n'a pas pour objet CELUI QUI EST, à
quoi bon? Pauvre chose que la science, mon fils, moins que rien comparée au
mystère formidable de la Divinité! Suivez un autre sentier. Purifiez votre
coeur de toute passion humaine. Humiliez-vous, priez, vous obtiendrez, je vous
le certifie, la paix en ce monde et la béatitude éternelle. J'AI PARLÉ. Je dois partir, car d'autres malheureux languissent; auparavant, je bénis cette demeure où règnent la bonne
volonté et la probité. LOUÉ SOIT JÉSUS-CHRIST! "
Dès que l'évocation eut disparu,
l'instituteur sauta de son lit et nota tout ce qui lui avait été dit, tremblant
d'oublier. Il lui sembla que l'on guidait sa main quand il n'était pas sûr du
mot exact. Le matin, il se mit à feuilleter la
Bible, et constata que, les prophètes emploient justement la formule CELUI QUI
EST, formule à lui jusque-là inconnue, pour désigner Dieu. Il montra ces
feuillets à del Fante qui lui confirma l'emploi fréquent de ce coupant "
J'AI PARLÉ " quand un pénitent du Padre lui cherchait de mauvaises
raisons. Les derniers mots de l'entretien " LOUÉ SOIT JÉSUS CHRIST "
servent généralement de conclusions aux homélies franciscaines.
A signor Natal Selvatici, de
Bologne, Arcovegio 1084 " N'oubliez pas que l'homme a un esprit, qu'il a un cerveau pour raisonner,
un coeur pour sentir, qu'il a une âme. Le coeur peut être commandé par la tête,
mais pas l'âme. Ainsi doit-il exister un Etre suprême qui la dirige... "
Dans la vie de l'esprit,
plus on court moins on s'essouffle; comme un prélude à l'éternelle paix, la
joie décuple l'ardeur du fort autant que son ascèse l'épanouit.
A un pénitent qui avait
précédemment vécu dans le vice, et qui lui demandait si, en changeant de vie,
il obtiendrait son pardon et mourrait dans la foi, il répondit : " Les
portes du paradis sont ouvertes là toute créature. Souviens toi de
Marie-Madeleine. "
A Signorina Carmencita Borgognos,
secrétaire Je l'Action catholique à la paroisse de Cartegna, Espagne, avait
écrit à Padre Pio; il lui fit savoir qu'elle n'avait qu'à frapper à la porte du
tabernacle, suppliant Jésus de l'aider en sa tâche d'apostolat et conclut :
" La charité est l'étalon auquel Notre Seigneur mesure toutes choses.
"
Le temps qu'on perd en l'honneur
de Dieu à récupérer des âmes n'est jamais bêtement perdu.
Enfouissez au fin "
fond de votre esprit les, paroles de Notre Seigneur " A force de
patience, vous posséderez votre âme. " Appelez-en à Dieu quand votre croix
vous meurtrit... Vous imitez ainsi le Fils qui, à Gethsémani, implora quelque
allégement. Mais, comme lui, soyez prêt à dire : Fiat!
Jésus vous guide vers le
ciel par champs ou par déserts, quelle importance ?... Arrangez-vous avec les
épreuves qu'il Lui plait de vous envoyer comme si elles devaient être les
compagnes de toute votre vie... Au moment où vous vous y. attendrez le moins,
les voilà résolues...
Les grands coeurs ignorent les griefs mesquins.
L'attrait de la paix
éternelle est légitime et saint, mais doit être modéré par une totale
résignation aux desseins du Très-Haut : mieux vaut accomplir la Volonté divine
sur la terre que se réjouir au Paradis. " Souffrir et ne pas mourir "
était le leit-motiv de sainte Thérèse. Le Purgatoire est un lieu de délices
quand on le subit par choix d'amour.
Le démon est comme un chien
à la chaîne; gardez vos distances, vous ne serez pas mordu...
Tentations, tracas, soucis,
sont les armes de notre ennemi. N’oubliez pas : s'il fait tant de bruit, c'est
signe qu'il est dehors et pas dedans. Ce qui doit nous effrayer, c'est que la
paix et l'harmonie règnent entre notre âme et le démon.
Les tentations émanent de
l'ignoble et des ténèbres; les souffrances du sein de Dieu : les mères arrivent
de Babylone, les filles de Jérusalem. Méprisez les tentations, recevez les
vicissitudes à bras ouverts. - Non. enfant, non! Laisse le vent souffler : tu
confondais le friselis des feuilles avec L'écho de la bataille.
Golgotha. Un sommet dont
l'escalade nous réserve une vision béatifique de notre cher Sauveur.
Si Jésus se manifeste à
vous, remerciez; s'il se dérobe, remerciez. C'est tout le jeu d'amour pour nous
attirer suavement à son Père. Persévérez jusqu'à la mort, jusqu'à la mort avec
le Christ sur la Croix.
Non seulement la divine
Sollicitude ne repousse pas les âmes repentantes, mais elle part à la recherche
des plus endurcis.
Le don sacré de la prière
est dans la droite du Verbe, notre Sauveur; selon que vous videz votre Moi de
vous même, c'est-à-dire de l'attachement des sens et de votre volonté propre,
vous enracinant en la sainte humilité, le Seigneur parle à votre coeur.
Pratiquez avec persévérance
la méditation, à pas menus, en attendant que vous ayez de bonnes jambes, ou
plutôt des ailes... Ainsi de l’oeuf pondu dans la ruche, qui deviendra tôt une
abeille adulte, industrieuse de miel.
Le coeur de notre divin
Maître ne connaît que la loi d'amour, de douceur, d'humilité. Mettez votre
confiance en la divine bonté de Dieu, et soyez assuré que la terre et le ciel
manqueront plutôt que la protection de votre Sauveur.
Cheminez simplement dans les
voies du Seigneur, ne vous torturez pas l'esprit... Vous devez haïr vos péchés,
mais avec une calme assurance, non pas avec une inquiétude lancinante...
Reposez comme la Vierge au
pied de la Croix et vous serez consolés. Même là, Marie n'était pas abandonnée.
Au contraire, son Fils l'aima plus encore pour ses souffrances.
*
QUELQUES EXTRAITS DE LETTRES
(antérieures à 1924)
(antérieures à 1924)
Je vous supplie au nom du
Christ... de ne pas vous refroidir pour le bien et de vous en tenir à mes
suggestions : pour l'amour du ciel ne sclérosez pas
les grâces, qui vous ont été abondamment départies par les sacrements...
Prospérez en charité, dilatez votre coeur, pleins de confiance en
l'Esprit-Saint, si libéral d'inspirations... Nous avons
déjà semé un bon peu - pas assez si nous souhaitons nous frotter les mains au
temps de la moisson...
* * *
... Ce qu'est l'amour de Dieu?
Avant de répondre, distinguons l'amour en
substance et l'amour en accidents subdivisé en accidents des sens et
accidents de l'esprit.
En substance, l'amour de
Dieu est un octroi de notre volonté à Dieu, qui le place au-dessus de tout, en
raison de son infinie bonté... S'accompagne-t-il d'effusions? Alors c'est toute
la gamme des ravissements, ce que j'appelle " accidents ", spirituels
ou sensitifs... Je ne donnerais pas cher-de l'âme qui s'y attacherait,
négligeant la dévotion en substance... Pour pallier à cet écueil Notre Seigneur
se hâte... dès qu'il juge notre âme assez virile... assez vouée à son
Service... de lui retirer les douceurs de naguère... Il va même jusqu'à lui
retirer la faculté de prier, de méditer, l'abîme dans les ténèbres et la
sécheresse.
Ce, retournement terrifie;
l'âme, sans doute, a commis un grave délit, pour s'être attiré une telle
disgrâce ?... Elle fouille sa conscience, passe au crible ses moindres actes,
et ne décelant rien qui justifie son infortune conclut qu'elle est abandonnée…
Quelle erreur! Ce que l'âme
prend pour un abandon est une faveur insigne. C'est la transition du concevable
à la durée contemplative... où l'on n'accède que purifié... Si l'homme Pouvait
comprendre que son impossibilité à fixer son imagination sur un point est due
au retrait de la lumière surnaturelle!... Mais bientôt une lumière nouvelle
anime la méditation et la rend efficace. Oh! si l'âme, dis-je, pouvait
seulement savoir que Dieu en s'écartant infuse, à la fois, une clarté plus pure
à l'intellect... par quoi elle est rendue apte aux choses divines, par delà le
discursif, dans la vision directe, et toute exquise, délicate, ineffable. On
m'objectera que si cette lumière est tellement meilleure, l'âme devrait, ses
pouvoirs décuplés, saisir son objet... Mais n'allons pas si vite. Ceux qui se
repaissent volontiers de viandes grossières, si vous leur proposez des mets
plus raffinés affectent le dégoût... De même, pour apprécier l'état d'oraison,
il faut avoir rompu tout attachement... Mon Dieu! Dans cette obscurité je vois
une radiance... Souvenez-vous, l'amour de Dieu n'a jamais son content.
* * *
... Par les coups réitérés
de son marteau... l'Artiste divin taille les Pierres qui doivent servir à
l'érection de l'Eternel Edifice. Chaque âme destinée à la gloire éternelle peut
se dire en toute justice qu'elle est une de ces pierres, indispensables. Quand
un entrepreneur veut construire une maison, il doit au préalable nettoyer et
niveler le terrain; le Père céleste agit ainsi avec l'âme élue qui a été
conçue, de toute éternité, pour le but qu'il se propose; c'est pourquoi il lui
faut employer le marteau et le ciseau. Ces coups de ciseau sont les ombres, les
peurs, les tentations, les afflictions, les craintes spirituelles, et aussi les
maladies corporelles. Remerciez donc le Père céleste pour tout ce qu'il inflige
à votre âme. Abandonnez-vous à Lui totalement. Il vous traite comme il a traité
Jésus au Calvaire.
C'est par une soumission
complète et aveugle que vous vous sentirez guidés à travers les ombres, les
perplexités et les combats de la vie. " L'homme obéissant chantera
victoire. ", nous dit l'Ecriture. Si Jésus se manifeste à vous,
remerciez-le, s'il se cache à votre vue, remerciez-le encore. Tout cela compose
le joug d'amour.
N'écoutez pas ce que votre
imagination vous dit. Par exemple, que la vie que vous menez est incapable de
vous conduire au bien. La grâce de Jésus est là qui, veille et vous fera agir
pour ce bien. Soyez sûrs que plus une âme aime Dieu, moins elle le sent. La
chose semble étrange et impossible si 'on la considère du point de vue de la
créature déchue, mais dans le royaume de J'amour de Dieu tout est différent.
"
* * *
... Soyez toujours humbles et
aimants devant Dieu et devant les hommes, parce que Dieu parle à ceux qui
gardent réellement le coeur humble devant Lui afin d'être enrichis de ses dons.
Soyez vigilants quand vous
méditez. Généralement ceux qui se livrent à la méditation le font avec une
sorte d'arrogance, tant ils sont anxieux de trouver le sujet susceptible de
consoler leur esprit, et cela suffit à les empêcher de trouver ce qu'ils
cherchent.
Si votre esprit ne se
concentre pas, votre coeur est vide d'amour. Quand on recherche quoi que ce
soit avec hâte et avidité, on peut le toucher des centaines de fois sans même
s'en apercevoir. L'anxiété vaine et inutile vous fatiguera spirituellement, et
votre esprit ne pourra dominer son sujet. Il faut se libérer de toute anxiété,
parce qu'elle est la pire ennemie de la dévotion sincère et véritable. Et cela
principalement quand on prie. Souvenez-vous que la grâce et le goût de la
prière ne viennent pas de la terre, mais du ciel, et qu'il est inutile de se
servir d'une force qui ne pourrait que vous nuire.
Efforcez-vous de prier, mais
dans l'humilité et la sérénité; ouvrez votre coeur à la face des cieux pour que
la bienfaisante rosée en descende.
*****
Sursa :
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