L’Eglise
Orthodoxe Roumaine après 1918, De 1918 à 1948, Après 1948, pages 56-64, L’Eglise
Orthodoxe Roumaine, Monographie-Album, Bucarest, 1987
( a ) De 1918 à 1948
Le parachèvement
de l’Etat national unitaire roumain, par l’Acte de l’Union de la Transylvanie
et des autres provinces avec la Roumanie, en 1918, entraîna une série de changements
dans la vie de l’Eglise également.
Après 1918, l’Etat assuma – spécialement en Transylvanie
– les attributions incombant jusque là à l’Eglise, surtout dans le domaine de
l’enseignement, le rôle de celle-ci se limitant, depuis lors, aux seuls
problèmes spirituels.
Les hiérarques
des provinces unies entrèrent dans la composition du Saint-Synode de Bucarest.
Le 18/31 décembre 1919, au siège du métropolite primat du
pays fut élu le Transylvain Miron Cristea, jusque là évêque de Caransebes, l’un
des grands artisans de l’Union.
Les travaux pour l’unification ecclésiastique, commencés
immédiatement après cela, aboutirent le 6 mai 1925, quand furent promulgués la Loi et le Statut pour
l’organisation de l’Eglise Orthodoxe Roumaine.
Le 4 février 1925, le Saint-Synode décida la création du Patriarcat Orthodoxe Roumain,
le métropolite primat étant élevé au rang de patriarche.
La Loi pour la création du Patriarcat fut donnée le 25 février 1925, pour que, le 1er
novembre 1925, eût lieu l’investiture et l’intronisation du premier patriarche, Miron Cristea ( 1925-1939 ).
Son successeur fut le patriarche Nicodim Munteanu ( 1939 – 1948 ),
auteur de nombreux ouvrages théologiques et traducteur de la littérature théologique étrangère.
Au temps de ces deux patriarches prirent naissance
quelques nouvelles éparchies ( Oradea, Cluj, Constanta, Maramures, Timisoara et
un Évêché missionnaire à l’intention des Roumains orthodoxes d’Amérique ).
Parmi les
hiérarques de cette période nous évoquons :
Nicolae Bãlan, le métropolite de Transylvanie ( 1920-1955 ), l’un des militants insignes pour la réalisation de l’Etat national
unitaire, pour l’organisation unitaire de l’Eglise roumaine réintégrée, pour
l’œcuménisme chrétien ; il réorganisa l’école théologique de Sibiu, promue
au rang d’Académie.
Irineu Mihãlcescu ( 1939-1947 ), en Moldavie, ancien professeur à la
Faculté de Théologie à Bucarest ( 1904-1939 ).
On lui doit des centaines d’ouvrages théologiques.
Le métropolite Nectarie Cotlarciuc ( 1924-1935 ) de Bucovine,
ancien professeur à la Faculté de Théologie de Cernãuti, participant à quelques
Congrès et réunions œcuméniques.
De la même
période, voilà quelques évêques :
Roman Ciorogariu à Oradea ( 1920-1936 ) et Nicolae Ivan de Cluj ( 1921-1936 ), tous
les deux militants pour l’émancipation
politique et sociale des Roumains transylvains ; Grigorie Comsa d’Arad ( 1925-1935 ), missionnaire
éprouvé, fécond auteur de sermons et de brochures à la défense de
l’orthodoxie ; Iacob Antonovici de Galati ( 1923-1924 ) et de Husi ( 1924-1931 ), auteur d’ouvrages
historiques.
Ils ont été,
tous, membres honoraires de l’Académie Roumaine.
Une situation spéciale connut l’Eglise roumaine
des territoires situés dans le Nord-Ouest du pays, lesquels – par l’effet du Diktat de Vienne du
30 août 1940 – furent rattachés à la Hongrie de Horthy
( 43.492 km. carrés avec 2.667.000 habitants, Roumains pour la plupart ).
Outre les plus de
15.000 Roumains tués, maltraités et torturés, les plus de 280.000 expulsés et
d’autres enfermés dans des camps de concentration ou envoyés en Allemagne dans
des formations de travail forcé, les occupants ont encore fermé toutes les
écoles roumaines, supprimé les journaux et revues roumains, interdit l’emploi
de la langue roumaine, magyarisé les noms des Roumains.
La répression déclenchée par les autorités horthystes
n’ont [ n’a ] nullement épargné l’Eglise Orthodoxe Roumaine et ses desservants.
L’évêché du
Maramures fut supprimé, ses biens furent confisqués, les églises fermées,
l’évêque Vasile Stan du quitter la ville de Sighet ; l’évêque Nicolae
Popoviciu d’Oradea, aux côtés de quelques centaines d’intellectuels roumains,
dans des wagons à marchandises furent expulsés au-delà de la frontière.
Quelques
desservants de l’Autel ont été sauvagement assassinés, tels que l’archiprêtre
Aurel Munteanu de Huedin, les prêtres Traian Costea de Treznea, département de
Sãlaj, Andrei Bujor de Muresenii-de-Câmpie, département de Cluj ( avec sa
femme, leurs trois filles, d’autres personnes ), Grigorie Danci de Lona,
département de Cluj ( tué lors du retrait des troupes horthystes, à l’automne
1944 ), ainsi que tant de Roumains de tous les âges et de toutes les catégories
sociales.
Des églises
ont été détruites jusqu’aux fondations – 17 dans l’Archevêché de Sibiu ( dans
les départements actuels de Covasna et de Harghita ) -, d’autres ont été
profanées et dévastées.
Beaucoup de
fidèles roumains ont dû passer de force à d’autres confessions, de règle aux
catholiques et aux réformés, cette action poursuivant la magyarisation de
l’élément roumain.
Le gouvernement
horthyste avait même en vue de créer une métropole orthodoxe magyare afin de
magyariser des fidèles roumains, serbes et ruthènes.
Cette situation
dramatique prit fin par la défaite de l’Allemagne nazie et de la Hongrie
horthyste, lorsque les territoires temporairement occupés réintégrèrent le pays
en rentrant entre les frontières normales de celui-ci.
L’enseignement
théologique s’est développé.
Il y avait des
Facultés de théologie à Bucarest ( 1881 ), Cernauti ( 1875 ) et Chisinau ( 1927
), des Académies théologiques à Sibiu, Arad, Caransebes, Cluj et Oradea, ainsi
que des séminaires à huit années d’études.
Un certain nombre des professeurs de ces institutions
sont devenus des théologiens réputés et ont publié des ouvrages spécialisés de
valeur particulière.
De leur côté, les prêtres étaient présents dans la vie
culturelle du pays.
De nouveaux périodiques ecclésiastiques, des bulletins
pour chaque éparchie vinrent s’ajouter à ceux qui existaient déjà : Biserica Ortodoxa Românã et Studii Teologice à Bucarest, Candela à Cernauti, Revista Teologica à Sibiu.
L’art religieux s’est développé sous tous ses aspects,
particulièrement l’architecture et la peinture tant sollicitées pour les
églises monumentales qui furent élevées dans une série de villes.
Quelques
monastères, surtout en Transylvanie, ont été refaits ou bien nouvellement
bâtis.
Quelques mots
sur l’activité œcuménique extérieure de l’Eglise Orthodoxe Roumaine.
Celle-ci a participé, par des délégations,
- aux conférences panorthodoxes de Constantinople (
1923 ),
- du monastère Vatoped au Mont Athos (
1930 ),
- à la première conférence des professeurs de
théologie des Balkans, en Roumanie, à Sinaia ( 1924 ),
- au premier Congrès des professeurs de théologie
orthodoxe d’Athènes ( 1936 ).
Le patriarche Miron Cristea a visité quelques hiérarques
orthodoxes étrangers et en a reçu à son tour des visites à Bucarest.
L’Eglise
Orthodoxe Roumaine a également participé à certains congrès des trois grandes
branches du mouvement œcuménique de l’entre-deux-guerres :
- Christianisme pratique ( Stockholm
1925, Berne 1926 ),
- Foi et organisation (
Lausanne 1927 ), et
- L’Alliance mondiale pour la
Fraternisation des Peuples à travers l’Eglise ( Prague 1928, Faris Bad
Larvik – Norvège 1938 ).
Cette dernière a tenu plusieurs conférences régionales,
dont quelques-unes en Roumanie ( Sinaia 1924,
Bucarest 1933, Ramnicu-Valcea 1936 ).
Des relations étroites furent établies avec l’Eglise
Anglicane, surtout après la reconnaissance des ordinations anglicanes, par le
Saint-Synode de Bucarest, en 1935.
( b ) Après 1948
Le 6 Juin 1948, l’Eglise Orthodoxe Roumaine
élit à sa tête le patriarche Justinian Marina ( n.1901,
26 mars 1977 ),
auquel succéda le patriarche Dr.Iustin Moisescu, élu le 13 Juin 1977 ;
après la mort de celui-ci, fut élu – le 9 novembre 1986 – le patriarche Teoctist Arãpasu.
Au cours des
quatre dernières décennies, la vie ecclésiastique connut des événements majeurs,
dont nous rappelons :
-
La nouvelles organisation et la
nouvelle législation ecclésiastique,
-
La réintégration de l’Eglise
roumaine de Transylvanie par le retour à l’orthodoxie des anciens prêtres et
fidèles uniates ( catholiques de rite grec ) en 1948,
-
La réorganisation de l’enseignement théologique,
-
La canonisation de certains saints roumains ( 1955 ),
-
La réorganisation de la vie
monacale,
-
La publication d’ouvrages théologiques et de revues religieuses,
-
La restauration des vieux monuments ecclésiastiques et
-
L’édification de nouvelles églises,
-
L’organisation de communautés orthodoxes roumaine à l’étranger,
-
L’adhésion de l’Eglise Orthodoxe Roumaine à l’activité du Conseil Œcuménique des Eglises ( New Delhi, 1961 ),
-
Sa participation à toutes les rencontres interchrétiennes et interorthodoxes,
-
L’établissement et l’entretien de relations avec d’autres Eglises
chrétiennes, ainsi qu’avec les autres cultes du pays, au sein de lœcuménisme
contemporain, etc.
Dans les trois derniers chapitres de cet ouvrage il en
sera traité plus amplement, ainsi que d’autres aspects de notre vie
ecclésiastique contemporaine.
Ce qu’il faut souligner, c’est le fait que toutes les Constitutions du pays en vigueur après le 23 Août 1944
garantissent la liberté de conscience, ainsi que la libre organisation et le
libre fonctionnement des 14 cultes reconnus en Roumanie, tout en précisant
leurs rapports avec l’Etat ( par l’intermédiaire du Département des Cultes ).
La Loi pour le régime général des Cultes, du 4 août 1948, stipule la pleine et entière
liberté de conscience, l’égalité des cultes religieux et l’autonomie de
ceux-ci.
En Roumanie quatorze cultes sont reconnus aujourd’hui par
l’Etat :
- orthodoxe,
- catholique
romain,
- arménien-grégorien,
- chrétien
de rite ancien ( lipovean ),
- réformé
( calviniste ),
- évangélique-luthérien
C.A.,
- évangélique
synodo-presbitérien,
- unitarien,
- mosaïque,
- musulman,
- baptiste,
- adventiste
du septième jour,
- pentecostal
et
- chrétien
selon l’Evangile,
tous ayant leur
organisation spécifique respective, des institutions pour la préparation du personnel
de culte, des sièges de culte, etc.
Un véritable
« œcuménisme local » s’est instauré entre tous ces cultes, ce qui
constitue une contribution importante aux efforts du monde actuel visant au
rapprochement et à la fraternisation entre les humains et entre les peuples.
Extrait du livre : L’Eglise Orthodoxe Roumaine Monographie-Album,
pages 56-64,
publié(e) avec la Bénédiction de Sa Béatitude TEOCTIST Le Patriarche de
l’Eglise Orthodoxe Roumaine, Editions de l’Institut Biblique et de Mission de
l’Eglise Orthodoxe Roumaine, Bucarest- 1987.
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