Pour ne jamais aller en
maison de retraite, ces seniors ont créé leur coopérative d’habitants
Le 11 Février 2018. Image crédit : detours.canal.fr
Pour ne jamais
aller en maison de retraite, ces seniors ont créé leur coopérative d’habitants
Pour vieillir mieux et bien, vivons
groupés. C’est le pari d’un groupe de jeunes retraitéslyonnais
qui ont décidé de bâtir un habitat écologique et participatif. Après deux ans
de travaux, il a été inauguré l’été dernier.
Plutôt que de vivre dans une maison de
retraite ou de rester seul à la maison, une bande de seniors a décidé de prendre les choses en main
: ils font construire leur propre résidence régie par le principe de
coopérative.
« Le troisième âge est devenu un
véritable business où l’on propose à des investisseurs de placer leur argent à
6 % pour construire des parcs à vieux », s’insurge Patrick
Chrétien, un instituteur à la retraite. Plutôt que de payer « 2 000 euros par mois
pour se faire animer », lui et une vingtaine d’amis jeunes
retraités ont opté en 2009 pour une solution originale : construire
un habitat collectif, adapté au grand âge, convivial et écologique.
Un défi pour ces retraités, notamment
auprès des banques et des collectivités qu’ils ont réussi à convaincre afin
d’obtenir trois prêts à hauteur d’1,9 million d’euros et négociés… sur
cinquante ans. « Lorsque j’ai demandé cette somme à mon banquier, sa
première réaction a été de tousser », en rit encore Patrick. « Et puis il a réalisé
qu’il n’y avait pas plus de risque qu’avec n’importe quelle entreprise. Si l’un
de nous s’en va, un autre prendra sa place. »
Vue d’architecte du futur immeuble Chamarel-Les Barges. (Crédit : Chamarel)
IMMEUBLE EN PAILLE
Après quatre ans de conception et deux ans
de travaux, le bâtiment baptisé Chamarel – Les
Barges – du nom de
leur coopérative d’habitants – est enfin sorti de terre dans la commune de
Vaulx-en-Velin, en banlieue de Lyon. D’une hauteur de quatre étages, celui-ci
est isolé en paille et comporte quatorze T2 de 45 m2 et deux T3 de 63 m2.
En plus des appartements, l’immeuble contient de nombreux espaces
collectifs : trois chambres d’amis pour recevoir les enfants et petits-enfants,
une salle commune avec cuisine, un atelier bricolage, une buanderie, un bureau
pour l’association Chamarel,un local à vélo, un parking, des jardins… Et même
des ruches sur le toit !
VIVRE ENSEMBLE
CONTRE LES « PARCS À VIEUX »
« Contrairement à une résidence
classique pour séniors où chacun est enfermé chez soi, nous avons fait le choix
du vivre ensemble », explique Patrick Chrétien. Ici, pas de
chefs : les décisions sont prises au consensus parmi les futurs habitants
du projets. « C’est une mécanique un peu plus lente que le vote mais les
décisions sont beaucoup plus solides dans la durée », estime
Patrick.
Il n’y aura pas non plus de spéculation immobilière : pour vivre dans
ce petit immeuble écologique, chacun devra payer un loyer mensuel compris entre
600 et 800 euros. Plus une part sociale d’environ 30 000 euros, ajustée selon
les moyens de chacun et qui ira à la coopérative. Si l’un d’eux doit un jour
partir, cette somme lui sera remboursée au centime près, avec l’inflation mais
sans prendre en compte les variations du marché de l’immobilier.
UNE COOPÉRATIVE D’HABITANTS
( voir https://cooperativechamarel.wordpress.com/
)
Un montage juridique
complexe, pour lequel les retraités de Chamarel ont reçu l’aide d’une autre
association : Habicoop. « En
1971, l’Etat a aboli le statut des coopératives d’habitant et il nous a
donc fallu être créatifs en utilisant les statuts existants. D’où le choix
d’une SAS assujettie à la loi sur les coopératives de 1947 »,
explique Valérie Morel, sa coordinatrice. « Grâce à l’exemple de Chamarel mais aussi celui d’autres
collectifs comme les Babayagas ou le village vertical de Villeurbanne, l’Etat a
finalement admis nos revendications et réintroduit l’habitat participatif dans
la loi Alur de 2014. »
Une victoire qui devrait surement pouvoir
permettre la multiplication de ce genre d’initiative. « On a des demandes qui
émergent de partout en France », se réjouit Valérie Morel. « Mon téléphone n’arrête
pas de sonner ! ». Si le prix est bien sûr un facteur
clé, l’habitat groupé pour personnes âgées répond, selon elle, à un besoin
croissant « d’autogestion et de respect de la personne ».
Ça, et le plaisir de consommer son miel fait maison.
Sursa : https://www.sain-et-naturel.com/jamais-aller-en-maison-de-retraite.html
Voir / A se vedea : https://cooperativechamarel.wordpress.com/
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